Remarques sur le baptisme (1)

 


 
Introduction

Au XVIe siècle, certains hommes prirent la responsabilité de dénoncer l'une des plus anciennes et innocentes pratiques de l’Église - le baptême des enfants - en la qualifiant de "première et pire abomination du pape" (Confession de Schleitheim, article 1).
Au XVIIe siècle, la funeste rumeur connut un nouveau souffle : John Smyth, prêtre anglican réfugié aux Pays-Bas, parvint en effet à la conclusion que le baptême reçu dans l'enfance était nul. Il se rebaptisa donc lui-même (se méritant ainsi le titre de Se-Baptist) avant de rebaptiser ses fidèles. De retour en Angleterre, son camarade Thomas Helwys fonda la première Église baptiste et rompit avec le Se-Baptist, qui se rapprochait du mennonisme...
Smyth et Helwys étaient arminiens (baptistes généraux). Toutefois, plusieurs de leurs héritiers ont depuis adopté un schéma de la grâce augustinien (baptistes particuliers, souscrivant aux Confessions de Londres). Dans tous les cas, leurs champions revendiquent le droit de rejeter la pratique traditionnelle et de nier la validité des baptêmes reçus dans l'enfance, tant que nous ne leur apportons pas des preuves bibliques (et surtout des preuves directes) de notre bon droit.
 
Arrêtons-nous un instant ici, et posons-nous sérieusement cette question : qu'adviendra-t-il si n'importe quel homme ballotté à tout vent de doctrine est en mesure de paralyser la vie normale de l’Église rien qu'en énumérant ses doutes, et en diffusant des théories aussi paranoïaques qu'anachroniques (1) ? D'ailleurs, quelle société normalement constituée accepterait un tel principe ?...
Il convient donc de souligner ici que le fardeau de la preuve incombe à l'accusation, et non à la défense. Que ce n'est pas d'abord à l’Église de justifier ou de prouver sa pratique, mais que c'est à ses détracteurs de prouver leurs allégations. Et au regard de la gravité du sujet (2) nous n'attendons pas des "preuves" d'un poids égal à celles qu'on nous reproche de fournir (c'est-à-dire: un faisceau d'indices) mais des arguments directement péremptoires. Par exemple, nous voulons voir un texte où le Seigneur parlerait du baptême dans les termes qu'il a su employer pour ordonner les conditions du dénombrement d'Israël (cf. Nombres 1: 3).
Sans une telle démonstration capable de ruiner tout doute raisonnable, les accusations et autres opinions baptistes/anabaptistes doivent être considérées comme aussi illégitimes (et condamnables) que toutes les discussions folles et ruineuses, dénoncées par l'apôtre Paul.

Les baptistes n'ayant aucun argument décisif à nous opposer (3), la discussion pourrait s'arrêter ici. Néanmoins, comme les armées victorieuses poursuivent souvent les vaincus, je souhaite consacrer cette série à quelques remarques supplémentaires. Il ne sera pas question de répéter tout ce qui a déjà été dit sur le sujet mais de montrer, par quelques observations, que ce sont les positions baptistes, plutôt que les nôtres, que l’Écriture foudroie en plusieurs passages.



Bucerian


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(1) Dans notre cas, l'anabaptisme a vu dans le baptême des enfants une création du pape. Dans le cas de l'adventisme, le complot viserait surtout l'abolition du sabbat, et serait l’œuvre de l'empereur Constantin...
(2) Certains essayent de minimiser l'importance de la question, sans doute pour échapper au poids épouvantable des conséquences de leur attentat (cf. Galates 5: 19-21). Ils soutiennent que, justement, le baptême n'est pas un article important. Mais dans ce cas, comment justifient-ils l'existence de leurs Églises baptistes ?
(3)  L'empêchement devrait naturellement se trouver dans les paroles d'institution du baptême (Matthieu 28: 19 / Marc 16: 16). Or, le texte de Marc ne dit pas "celui qui aura cru et qui aura ensuite été baptisé...", mais : "celui qui aura cru et qui aura été baptisé sera sauvé".
En Matthieu,  Christ commande de faire disciples les nations, et de baptiser ces disciples. Tout ce qui constitue une nation (les personnes nées) est donc intégrable dans l’Église, par le baptême.

Commentaires

Anonyme a dit…
Au demeurant, la question du baptisme est celle de la continuité de la Foi chrétienne. Autrement dit, l'invocation trinitaire est-elle le résumé correct et minimal de la Révélation divine en Jésus-Christ, telle qu'exposée par le Symbole de Nicée-Constantinople, conformément à l'attestation des Écritures et à son interprétation par la Tradition, à partir de Mt.28/19, la "didachè" et les diverses versions du proto-symbole apostolique? Car, ce qui différencie le baptême d'un bain, ce n'est pas l'élément, matière ou temps, mais la forme, la parole sacramentelle, qui le constitue. De sorte que, le baptême demeure baptême, peu importe l'âge du candidat qui le reçoit ou la quantité d'eau qui l'accompagne.

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