Trois méditations sur le Dieu de la Bible (3/3)
Dans mon premier billet, j'ai fait remarquer combien la structure même de la Bible, dans laquelle se révèle le vrai Dieu, portait la marque du vrai Dieu - le Dieu trinité.
J'ai ensuite tenu à écarter les subtilités derrières lesquelles les hommes ont coutume de dissimuler leur incrédulité - que dis-je? leur hostilité à l'endroit de la Personne du Fils de Dieu.
Dans le dernier article de cette modeste réflexion, je m'appuierai sur la première épître de saint Jean (4: 16) : Et nous avons connu l'amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est amour; et celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui.
Ce texte nous souligne trois choses.
1) Connaître et croire l'amour que Dieu a pour nous, et y croire.
Cela ne peut se faire que dans et par l’Évangile (Jean 3: 16), où le prix de l'amour de Dieu (le sacrifice de la croix) n'est pas payé par un autre que par Dieu lui-même. Oui, lorsque Dieu aime, il aime véritablement, jusqu'au don de lui-même (cf. Romains 5: 7-8; Galates 2: 20; 2Corinthiens 5: 19, etc.)
Si quelqu'un ne se fie pas à cet amour de Dieu exprimé dans le Christ, si quelqu'un ne compte pas exclusivement sur cet amour pour son salut, inutile d'aller plus loin: jamais les œuvres de ce quelqu'un ne seront "bonnes", parce qu'elles seront toujours celles, intéressées, d'un mercenaire aspirant à racheter sa conscience, plutôt que celles, désintéressées, d'un enfant de Dieu. Ce seul point démontre au passage le dogme évangélique du Salut par la foi seule.
2) Dieu est amour.
De l'amour dont Dieu témoigne "à l'extérieur de lui-même", pour des créatures contingentes (Dieu aurait pu décider de ne jamais rien créer), nous nous élevons à l'amour qui est, de toute éternité, dans le Dieu immuable. Or, nous l'avons vu (premier article de la série), l'amour véritable consiste, pour une personne, à tendre vers une autre personne et à lui être unie. C'est ainsi que le Fils de Dieu, dévoilé dans l’Évangile, nous manifeste le mystère trinitaire - on pensera ici au baptême du Christ (Matthieu 3:16-17) autant qu'au baptême institué par le Christ (Matthieu 28: 19).
De toute éternité, Dieu est Père qui aime le Fils (Jean 3: 35) et Fils qui aime le Père (Jean 14: 31) dans l'unité de l'Esprit saint. En dehors de cette trinité, il n'y a point de Dieu; ainsi, quiconque nie le Fils n'a pas non plus le Père, etc.
Pour cette raison, on ne saurait admettre les projets de "syndicat des religions monothéistes" à quoi semble destiné le "dialogue interreligieux", spécialement dans ses volets soi-disant "abrahamiques".
3) Celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui.
La foi n'est pas seulement l'adhésion intellectuelle à la vérité de Jésus-Christ. Elle est le lien vivant avec celui-ci et, de là, avec le Dieu vivant.
La jouissance de Dieu est notre félicité même (Gen 15.1). De vraies bonnes œuvres (celles qui sont exercées sans esprit mercenaire, c'est-à-dire par une conscience gracieusement et préalablement purifiée par la seule foi), doivent donc être pratiquées par le chrétien. Le but de ces œuvres n'est pas seulement de "faire son devoir" ou de rassurer sa conscience devant de possibles accusations d'hypocrisie, mais d'apprendre à y goûter le bonheur (cf. Actes 20: 35) et d'y savourer quelque chose de notre éternelle félicité. "Après" avoir goûté à l'amour de Dieu pour nous, nous goûtons à son amour agissant en nous.
Que veut dire, alors, le commandement divin: "tu aimeras ton prochain comme toi-même" ? On sait que Calvin avait repoussé une conception philosophique controuvée de cette parole. S'il n'est pas question de se prodiguer d'abord soi-même l'amour avant d'en partager les restes avec le prochain (la charité n'est pas d'abord un mouvement du cœur tourné sur lui-même), le commandement semble donc bien vouloir dire, plutôt: aime ton prochain de la façon dont tu souhaites être aimé de lui (cf. Matthieu 7: 12). Est ainsi signée et scellée la situation de l'homme créé à l'image de Dieu pour vivre dans une société bénie.
Bucerian
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