La papauté romaine et les conciles de l'Eglise (5/7)

J'ai parlé, en introduction du troisième concile, de la pertinence (ou plutôt, de l'absence de pertinence) du dogme papal : à quoi aurait-il servi d'établir un pape infaillible, alors que le Credo de l’Église allait être établi et défendu sans en appeler à cette autorité, pendant 1870 ans?... J'avais conclu que l'utilité d'un tel dogme ne pouvait consister qu'à établir et défendre un nouveau credo, une nouvelle religion. Et de fait, c'est à cela que Rome travaille, principalement depuis le concile Vatican II.
Mais les dogmes papaux sont encore et surtout dépourvus de légitimité théologique. Car qu'est-ce qu'un dogme, sinon une vérité de foi sans laquelle il n'y a ni chrétien ni salut ?... C'est pourquoi le dogme touche à la nature, à la personne et à l’œuvre de Jésus-Christ (Matthieu 16. 15-16), dont témoigne le Saint-Esprit (Jean 15. 26), par le moyen des Écritures inspirées (Luc 24. 27 ; Jean 5.39), à la gloire du Père (Jean 5. 23). C'est cela que nous trouvons dans le Credo commun à tous les chrétiens (Symbole de Nicée-Constantinople) et que les conciles subséquents, n'ayant rien à ajouter à la foi (Jude 3) ne firent que réaffirmer, préciser et défendre.
C'est pourquoi, lorsque le pape de Rome se met à parler pour se rendre témoignage, se glorifier de pouvoirs quasiment divins et nous enjoindre de mettre notre foi en lui pour notre salut, c'est à juste titre que nous y voyons une tentative d'usurper la place de Jésus-Christ, seul sauveur et seul chef de l'Église universelle.

Du reste, l'histoire montre que les chrétiens ont toujours ignoré les injonctions des individus qui prenaient leur adresse postale pour un contreseing divin.


Le deuxième concile de Constantinople, en 553

Le cinquième concile universel constitue probablement l'épisode le plus vexatoire pour la papauté romaine. Ce concile fut convoqué par l'empereur Justinien, dans le but de faire condamner la mémoire autant que les écrits de ceux qui, comme Théodore de Mopsueste, s'étaient compromis avec l'hérésie nestorienne. Bien que le pape de Rome de l'époque, Vigile, ait été d'accord pour réprouver les écrits coupables, il refusa néanmoins d'aller jusqu'à condamner la mémoire des hommes qui étaient morts dans la paix de l’Église. Refusant de participer au concile, il écrivit même un texte, le Constitutum (24 mai 553) dans lequel, bien qu'il condamnait les textes incriminés des hérétiques, il interdisait qu'on condamne leurs auteurs. En guise de réponse, l'empereur ordonna que l'on raye le nom de Vigile des diptyques de l'église de Constantinople et fit poursuivre le concile, qui condamna les écrits visés ainsi que... la mémoire de leurs auteurs. Six mois plus tard, peu avant sa mort, Vigile se ravisa par écrit : admettant avoir eu tort, il recevait maintenant les conclusions du cinquième concile. 

Plusieurs années après, l'un des plus illustres successeurs de Vigile, Grégoire le Grand, devait ainsi écrire : Je vénère de même le cinquième concile où est condamnée la lettre dite d'Ibas comme pleine d'erreurs (...). Toutes les personnes que les vénérables conciles susdits rejettent, je les rejette, ceux qu'ils vénèrent, je les reconnais ; car puisqu'ils sont fondés sur un consensus universel, c'est lui-même et non pas ceux-là que détruit quiconque a l'audace soit de délier ceux qu'ils lient, soit de lier ceux qu'ils délient. 

A suivre...

 

Bucerian

Commentaires

Anonyme a dit…


Chez les catholiques confessants, ou pro-testants, voilà les trois critères théologiques:

1- Juxta scriptura: rien de ce qui contredit la Bible ne peut être admis dans l’Eglise.

2- Canon lérinien: tout ce qui a été CRUpartout, toujours et par tous =

A- Symbole de Nicée-Constantinople (381)

a) Les six premiers conciles œcuméniques (325-681)

b) Le Canon scripturaire

3- Principe scolastique: cohérence de la foi (ss. Augustin et Anselme)

***

De ces trois critères provient notre acceptation de la Confession d’Augsbourg (1530) et du petit catéchisme de Luther (1529) = sola fide

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