La papauté romaine et les conciles de l'Eglise (1/7)
Comme je l'ai déjà signalé, les récents propos de Jorge Bergoglio (alias "François"), concernant les unions civiles, devraient poser de graves questions aux adeptes de l'idéologie ultramontaine. Et quand bien même ils seraient résolus à ignorer cette affaire - en voulant voir dans cette parole papale le résultat d'un astucieux montage - encore devraient-ils expliquer l'opiniâtre syncrétisme religieux de leur chef, qui est allé jusqu'à embrasser goulûment un monument de l'anti-christianisme :
Ils devraient également expliquer depuis quand un chrétien est censé garder un respectueux silence lorsqu'un évêque, fut-il romain, trahit si publiquement l'Évangile. Enfin, ils devraient expliquer depuis quand les disciples du Christ adhèrent aux casuistiques censées moduler le poids et le sens de leurs propos (cf. Matthieu 5. 37). Autrement dit : "Le pape n'a pas dit ça ex cathedra" risque d'être un sophisme bien léger pour s'excuser de la damnation des âmes. Entre l'attitude de saint Hilaire de Poitiers jetant l'anathème sur le versatile Libère, et celle des dévots modernes, il faut donc choisir.
Or, la dénomination romaine prétend aujourd'hui les choses suivantes : que le Pontife romain a sur l’Église, en vertu de sa charge de Vicaire du Christ et de Pasteur de toute l’Église, un pouvoir plénier, suprême et universel qu’il peut toujours librement exercer (Catéchisme de l’Église catholique, § 882), que son assentiment est nécessaire à l'existence d'un véritable concile (ibid, § 884) et que cela a toujours été un dogme pour l’Église.
Bien que l'histoire particulière de l'Église romaine témoigne elle-même de la nouveauté des prétentions de nos nouveaux guelfes (cf. Décret Haec Sancta du brigandage de Constance, en 1417), l'histoire plus générale de l’Église - à savoir celle des conciles œcuméniques, ou universels - est encore plus accablante pour leurs prétentions. Ce sont les conclusions de ces illustres assemblées, dont nul ne nie la légitimité, que je passerai en revue au cours de cette semaine.
Le concile de Nicée, en l'an 325
A) Non seulement l'évêque de Rome n'a pas convoqué le premier
concile, mais il ne l'a pas présidé non plus - ses représentants n'y
occupant que la quatrième place (Cassiodore, Histoire tripartite,
II, 1).
Si le pape de Rome avait été reconnu comme le chef de l’Église au sens où l'entend aujourd'hui le Vatican, il y aurait ici une anomalie bien difficile à expliquer.
B) Parmi les vingt canons adoptés par ce concile, le sixième est sans
doute l'un des plus connus. Il dispose ceci :
Que l'ancienne coutume en usage en Égypte, dans la
Libye et la Pentapole soit maintenue, c'est-à-dire que
l'évêque d'Alexandrie conserve juridiction sur toutes (ces
provinces), car il y a le même rapport que pour l'évêque
de Rome. On doit de même conserver aux Églises
d'Antioche et des autres éparchies (provinces) leurs
anciens droits.
Il ressort de cela que le concile validait une coutume utile au
maintien du bon ordre, sans lui reconnaître aucun fondement
dogmatique ou scripturaire, et que cette coutume envisageait les
droits de l'évêque d'Alexandrie comme équivalents à ceux de
l'évêque de Rome.
Or, comme le notait, en 1537, Philippe Melanchthon (Traité de la
primauté du pape, I: B): Si l'évêque de Rome avait eu de droit
divin une supériorité, il n'aurait pas été licite à un synode de lui
retirer quelque chose de ce droit et de le transférer à celui
d'Alexandrie.
A suivre...
Bucerian
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