Confession d'Augsbourg: 489 ans
“Le juste vivra par la foi”
(Romains 1: 17)
Après le sixième concile œcuménique (VIIe siècle).
Depuis leur entreprise de justifier le culte des images
(conciliabule de Nicée, en 787), à quoi les Églises franques
s'étaient d'ailleurs opposées (notamment lors des synodes de
Francfort, en 794 et de Paris, en 829, etc.), les membres de
l'antique pentarchie (Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche, et
Jérusalem) ne firent plus que se déchirer, à l'instar du Royaume
dont Roboam avait hérité du fait de l'idolâtrie de son père,
Salomon. Après des années de confusions et de querelles,
d'incapacité à s'entendre sur un nouveau concile, ce fut le schisme
de 1054, jamais résolu.
Resté seul patriarcat en Occident, Rome, dont le prestige
éblouissait les âmes, ajouta à tous ses crimes celui de priver les
âmes, par les fausses doctrines qu'elle forgeait, de l'assurance et
de la paix que procure le saint Évangile.
Au XVIe siècle, Rome en était venu à enseigner que les péchés
commis après le baptême constituaient un naufrage tel qu'il
nécessitait une “seconde planche de salut”, soit un “baptême
laborieux”: le fidèle échappait à la damnation éternelle par
l'absolution du prêtre (auquel il devait confesser chaque péché
mortel), mais devait encore purger une peine temporelle qui se
poursuivait, après la mort, dans les horribles flammes du
purgatoire. En quête de “bons points” pour entrer au Ciel, le
fidèle multipliait les dévotions superstitieuses, les messes
(considérées comme des sacrifices pour se racheter), des actes de
dolorisme, et espérait en l'Indulgence dispensée par le pape
(Indulgence qui, à l'époque, était en plus monnayée).
Déjà choquantes dans la théorie, ces doctrines se traduisaient,
en pratique, par le pélagianisme le plus crasse: les hommes essayant
simplement d'entrer au Ciel par leurs mérites, encouragés par le
prédicateur des Indulgences (Jean Tetzel), qui annonçait ce nouvel
(et faux) évangile de Rome:
“Sitôt que sonne votre obole,
du purgatoire l'âme s'envole”.
Les évangéliques, entraînés par Martin Luther, ne pouvaient
que dénoncer ces erreurs, en soulignant que: “tout cela est
contraire à l'article capital d'après lequel seul le Christ - et
aucune oeuvre des hommes - secourra les âmes” (Luther, Articles de
Smalkalde, II: 2).
Dans le fond, la dispute qui s'élevait concernait l'article de la
rémission des péchés, qui est confessé dans le Credo (cf.
Confession d'Augsbourg, article 20).
Pour les évangéliques, s'il y avait “un seul baptême pour la
rémission des péchés”, c'était au sens où l’Évangile,
récapitulé à chacun dans le baptême, était “la puissance de
Dieu pour le salut de quiconque croit” (Romains 1. 16), l'homme
étant ainsi sauvé par la seule foi (confiance) suscitée au moyen
de cet Évangile, efficace pour toute la vie. Ceci excluait toute
“seconde planche de salut”.
Les bonnes œuvres étaient bien sûr nécessaires, mais comme
conséquence et non comme cause du salut. Mais ce merveilleux
message: “crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé” (Actes
16: 30) libérait trop les consciences pour que Rome puisse le
tolérer.
La diète d'Augsbourg
La diète d'Augsbourg, convoquée par l'empereur Charles Quint,
s'est ainsi tenue du mois de juin au mois de novembre 1530.
L'assemblée avait pour but de résoudre les querelles
théologiques entre les évangéliques et les partisans de la
papauté, et permettre ainsi à l'Empire de faire face à la menace
turque. A cette fin, le parti évangélique composa un document pour être lu devant l'empereur - document qui prendrait bientôt le nom de "Confession d'Augsbourg".
Alors que le texte ne devait être initialement qu'une apologie expliquant le bienfondé des réformes établies (mariage des prêtres, utraquisme, etc.) il fut décidé d'y ajouter une première partie doctrinale, inspirée des articles de Schwabach, pour réaffirmer publiquement l'orthodoxie des protestants et leur intention de persévérer dans la foi de toujours.
Malgré son irénisme extrême (Luther, approuvant la
confession, fit néanmoins remarquer qu'il n'aurait “pas pu
(s)'exprimer d'une façon aussi douce et discrète”), la
Confession, présentée le 25 juin, fut sèchement rejetée et
condamnée par les courtisans du pape de Rome, qui lui opposèrent
immédiatement une grotesque “Confutatio” et, plus tard, les
décrets fantaisistes du conciliabule de Trente.
Comme l'a fort bien écrit l'historien Pierre Chaunu: “Du côté
protestant, on peut dire que le (...) concile s'est tenu à Augsbourg
et qu'il a abouti le 25 juin 1530 à une définition claire des
éléments dogmatiques de la foi chrétienne” (L'aventure de la
Réforme, Hermé, Paris, 1986).
En effet, la
Confession (qui commence par dire son accord total avec le Symbole de
Nicée - article 1) fut graduellement reçue par l'ensemble du protestantisme, d'autant que le cœur
de son message consiste dans la doctrine de la Justification
par la foi seule (sola fide), que suscite l'Esprit de Dieu dans la
créature déchue, au moyen de l’Évangile du Christ, que le baptême et la
Cène récapitulent à chacun. Il en procède une vie nouvelle, marquée par
la liberté chrétienne, dans l'attente de la vie éternelle.
Rome et l’œcuménisme
Il faut noter que, malgré des diversions œcuméniques récentes,
les hérésies tridentines restent la doctrine officielle de Rome,
selon qui:
“Si quelqu'un dit que les hommes sont justifiés ou bien par la
seule imputation de la justice du Christ, ou bien par la seule
rémission des péchés, à l'exclusion de la grâce et de la charité
qui est répandue dans leurs cœurs par l'Esprit saint et habite en
eux, ou encore que la grâce par laquelle nous sommes justifiés est
seulement la faveur de Dieu : qu'il soit anathème” (Canon sur la
Justification, 11).
“Si quelqu'un dit que la foi qui justifie n'est rien d'autre que
la confiance en la miséricorde divine, qui remet les péchés à
cause du Christ, ou que c'est par cette seule confiance que nous
sommes justifiés : qu'il soit anathème.” (concile de Trente,
canons sur la Justification, 12).
Et encore: “Si quelqu'un dit que tous les péchés commis après
le baptême sont remis ou rendus véniels par le seul souvenir et par
la foi du baptême qui a été reçu : qu'il soit anathème.”
(Canons sur le baptême, 10).
Au lendemain de la signature de la très
médiatique “Déclaration conjointe” sur la Justification (en
1999), les “protestants” séduits par la Rome actuelle purent
faire l'amère expérience de la tromperie, le pape Jean Paul II
délivrant sous leur nez des Indulgences, à l'occasion du Jubilé de
l'an 2000.
Malheureusement, beaucoup cautionnent encore cette tromperie (qui met les âmes en péril) en faisant semblant de croire que la doctrine de la justification (si essentielle!) ne sépare plus les communautés romaine et évangéliques...
TEXTE DE LA CONFESSION D'AUGSBOURG, version latine.
TEXTE DE LA CONFESSION D'AUGSBOURG, version latine.
Bucerian
Commentaires
Quant à XIV, il me semble tout à fait justifié pour le maintien de la discipline (étant entendu que cet article pose une règle de principe, et que le propre d'un principe, c'est d'être confirmé par des exceptions ^^ ).
Les quatre articulations du Symbole de Nicée-Constantinople.
J'ai, naguère, fait état du problème de l'un et du multiple que constituaient les quatre notes du Credo: Un seul Dieu, un seul Seigneur, une seule Église et un seul baptême. Or, loin d'être un artifice rhétorique pour justifier la confession d'Augsbourg, comme précision adéquate de l'article baptismal (un baptême pour le pardon = salut par la foi seule), il faut remarquer que toute la démarche des six premiers conciles œcuméniques (325-681) n'a pas eu d'autre objet.
En effet, les conciles de Nicée et de Constantinople ont précisé
l'unité de Dieu, en rapportant le Fils et le Saint-Esprit au seul Dieu: le Père, dont les deux autres personnes divines tirent leur pleine déité. Ensuite, les quatre conciles subséquents n'ont eu de cesse que la question de l'unique et même Seigneur soit résolue, comme en fait foi la célèbre "définition" de Chalcédoine. De sorte que, la démarche de la confession d'Augsbourg est pleinement catholique, parce qu'inscrite dogmatiquement ET historiquement au sein du Credo, seule Tradition conforme aux Écritures. Il n'y a, donc, jamais eu de réforme mais précision confessante de la Foi catholique, par les "Évangéliques", et schisme tridentin des papistes.