Traité de la puissance et de la primauté du pape

 

Traduit du Latin, depuis le texte du Livre de Concorde publié par Carl August von Hase
(2e édition, Leipzig, 1827).



Introduction

1 Le Pontife romain s'arroge la supériorité de droit divin sur tous les évêques et pasteurs.

2 Il ajoute aussi qu'il détient, de droit divin, les deux glaives - c'est-à-dire l'autorité de conférer et transférer des royaumes.

3 Et troisièmement, il dit qu'il est nécessaire au Salut de croire tout cela. Et pour ces raisons, l'évêque romain s'appelle le Vicaire du Christ sur la terre.

4 Nous pensons que ces trois articles sont faux, impies, tyranniques et pernicieux pour l'Église.

5 Mais pour que notre affirmation soit comprise, il faut d'abord définir ce qu'entendent nos adversaires quand ils déclarent que le pape est, de droit divin,  au-dessus de tout. Ils comprennent qu'il est un évêque universel, et, comme ils disent eux-mêmes "œcuménique";  c'est-à-dire qu'il est celui à qui tous les évêques et pasteurs du monde devraient demander l'ordination et la confirmation, et qui a le droit d'élire, d'ordonner, de confirmer et de déposer tous les évêques.

6 Avec ces choses le pape s'arroge le pouvoir d'établir des lois sur le culte, sur le changement des sacrements, sur la doctrine, et il veut que ses articles, ses décrets et ses lois soient considérés comme égaux aux lois divines; c'est-à-dire qu'il pense que les consciences des hommes sont tellement liées par les lois pontificales, que ceux qui les négligent pèchent mortellement, même s'ils ne causent aucun scandale. Et ce qui est plus terrible, c'est qu'il ajoute qu'il faut croire toutes ces choses pour être sauvé.

Réfutation des erreurs papales

A partir de l'Evangile

7 Montrons donc d'abord à partir des évangiles que l'évêque romain n'est pas de droit divin au-dessus des autres évêques et pasteurs.

8 Luc 22: 25. Le Christ interdit expressément la domination parmi les apôtres. Car c'était la question même, après que le Christ ait parlé de sa Passion: ils débattaient de qui serait responsable, et qui serait le Vicaire du Christ une ce fois celui-ci absent. Là, le Christ réprimande cette erreur des apôtres et enseigne qu'il n'y aura pas de domination ou de supériorité entre eux, mais que les apôtres doivent être envoyés comme égaux au ministère commun de l'Évangile.
C'est pourquoi il a dit: Les rois des nations les maîtrisent, et ceux qui exercent leur autorité sur elles sont nommés bienfaiteurs.  Mais vous, ne faites point ainsi; et que le plus grand parmi vous, soit comme le plus petit; et celui qui gouverne, comme celui qui sert. Ici, il montre par le contraste, que la domination est rejetée. La similitude est frappante lorsque le Christ, dans la même discussion sur le Royaume, place l'enfant au milieu, signifiant qu'il n'y aura pas de prééminence parmi les ministres, tout comme l'enfant ne prend ni ne désire aucune prééminence pour lui-même.

9 Jean 20: 21. Le Christ envoie aussi les apôtres sans distinction, lorsqu'il dit : Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie. De la même manière, il dit qu'il envoie chacun comme il a lui-même été envoyé : il ne donne donc aucune prérogative ou domination sur les autres.

10 Galates 2: 2, ss. Paul affirme clairement qu'il n'a été ni ordonné ni confirmé par Pierre, et il ne reconnaît pas Pierre comme celui dont la confirmation doive être recherchée. Et il lutte spécifiquement sur le fait que sa vocation ne dépend pas de l'autorité de Pierre. Or il aurait dû reconnaître Pierre comme supérieur, si Pierre avait été supérieur de droit divin! C'est pourquoi Paul dit qu'il a immédiatement enseigné l'Evangile sans préalablement consulter Pierre.
Encore : Quant à ceux qui sont comptés pour quelque chose, (il ne m'importe point quels ils ont été autrefois, car Dieu ne fait point acception de personne). Aussi: les plus considérés, ils ne m'ont rien communiqué. Paul témoigne donc clairement qu'il n'a même pas voulu chercher la confirmation de Pierre, même lorsqu'il est venu à lui: il enseigne que l'autorité du Ministère dépend de la Parole de Dieu, que Pierre n'était pas supérieur aux autres apôtres, et que l'ordination et la confirmation du seul Pierre n'était pas requise.

11 1Corinthiens 3: 6. Paul assimile les ministres et enseigne que l'Église est au-dessus de ceux-ci. C'est pourquoi il n'est pas donné à Pierre la supériorité ou la domination sur l'Église, ou sur le reste des ministres. Car il  dit : Tout est à vous, soit Paul, soit Apollos, soit Céphas. C'est-à-dire : que ni les autres ministres, ni Pierre, n'assument la domination ou la supériorité sur l'Église! Qu' ils ne chargent pas l'Église de traditions! Que l'autorité de personne ne soit placée au-dessus de la Parole! Que l'autorité de Céphas ne soit pas opposée à l'autorité des autres apôtres - comme ils disaient à cette époque : Céphas observe cela; or il est l'apôtre supérieur, donc Paul et les autres doivent observer cela. Paul enlève ce prétexte à Pierre, et nie que son autorité soit préférée à celle des autres, ou de l'Église.
 

A partir de l'histoire

12 Le synode de Nicée a ordonné que l'évêque d'Alexandrie s'occupe des Eglises de l'Est et que l'évêque romain s'occupe des Eglises suburbaines, c'est-à-dire de celles qui se trouvaient dans les provinces romaines de l'Ouest. Ainsi, pour la première fois, par la loi humaine, c'est-à-dire par l'organisation du synode, l'autorité de l'évêque romain grandit. Or, si l'évêque romain avait eu la supériorité de droit divin, il n'aurait pas été permis au synode de le priver d'un droit et de le transférer à l'évêque alexandrin; en effet, tous les évêques d'Orient auraient dû sans cesse demander l'ordination et la confirmation du romain.

13 De plus, le synode de Nicée a établi que les évêques devaient être élus par leurs Eglises, avec un ou plusieurs évêques voisins présents.

14 La même chose a été observée aussi en Occident et dans les Églises latines, comme en témoigne Cyprien et Augustin. Car Cyprien dit dans sa quatrième lettre à Cornelius : Aussi, faut-il garder soigneusement la Tradition divine, la pratique apostolique, et observer ce qui s'observe chez nous et dans presque toutes les provinces. Il faut que là où l'on doit ordonner un chef pour le peuple fidèle, les évêques de la province se rassemblent et que l'élection de l'évêque se fasse en présence du peuple, qui connaît la vie et a pu apprécier la conduite de chacun en vivant près de lui. Nous voyons que les choses se sont ainsi passées chez vous pour l'ordination de Sabinus, notre collègue. C'est par le suffrage de toute la communauté des frères, et des évêques, qui ou étaient présents, ou avaient écrit, que l'épiscopat lui a été déféré, et que les mains lui ont été imposées.

15 Cyprien appelle cette coutume tradition divine et observance apostolique, et affirme qu'elle est observée dans presque toutes les provinces. Puisque, par conséquent, ni ordination ni confirmation n'ont été demandées à un évêque de Rome dans la plus grande partie du monde - que ce soit dans les Eglises latines ou grecques, il est suffisamment évident que les Eglises n'accordaient pas alors la supériorité et la domination à l'évêque de Rome.

16 Cette supériorité est d'ailleurs impossible. Car il est impossible qu'un seul évêque soit l'inspecteur des Eglises du monde entier, ou que les Eglises situées dans les pays les plus reculés en demandent l'ordination. Il est vrai que le royaume du Christ est dispersé à travers le monde, et aujourd'hui il y a beaucoup d'Eglises en Orient qui ne demandent pas l'ordination ou la confirmation de l'évêque romain. Donc, puisque cette supériorité est impossible, et que les Eglises dans la plus grande partie du monde ne l'ont pas reconnue, il est bien évident qu'elle n'a pas été instituée.

17 Anciennement, de nombreux synodes furent convoqués et tenus, lesquels l'évêque romain ne présidait pas - comme le synode de Nicée et la plupart des autres.  Cela témoigne du fait que l'Église ne reconnaissait pas alors la primauté ou la supériorité de l'évêque romain.

18 Jérôme dit : Si l'autorité est recherchée, le monde est plus grand que la ville. Partout où l'on soit évêque, soit à Rome, soit à Gubbio, soit à Constantinople, soit à Regio, soit à Alexandrie, on a le même mérite, et le même sacerdoce, etc.

19 Grégoire, écrivant au patriarche d'Alexandrie, refuse d'être appelé évêque universel. Et dans les registres du synode de Chalcédoine, il est dit que la primauté a été offerte à l'évêque romain, mais qu'elle n'a pas été acceptée.

20 Enfin, comment le pape pourrait-il être de droit divin au-dessus de toute l'Église, alors qu'il est élu par  l'Église, et que peu à peu la coutume s'est imposée, que les évêques romains soient confirmés par les empereurs ?

 21 De plus, comme il y avait depuis longtemps des différends au sujet de la primauté entre les évêques de Rome et de Constantinople, l'empereur Phocas décida finalement que la primauté devait être donnée à l'évêque romain. Si l'ancienne Église avait reconnu la primauté du Pontife romain, cette contestation n'aurait pas pu avoir lieu, et le décret de l'Empereur n'aurait pas été nécessaire.


Remarques additionnelles


22 Mais ils citent contre nous certains passages, à savoir, Matt. 16 [18 s]: Tu es Pierre, et sur ce roc Je bâtirai Mon Église ; aussi : je te donnerai les clefs ; aussi Jean 21 [15.] : Pais mes brebis, et quelques autres. Mais puisque toute cette controverse a été entièrement et exactement traitée ailleurs dans les livres de nos théologiens, et que tout ne peut être passé en revue ici, nous nous référons à ces écrits et souhaitons qu'ils soient considérés comme répétés ici. Nous répondrons cependant brièvement sur l'interprétation de ces passages.

23 Dans tous ces passages, Pierre est le représentant de toute l'assemblée des apôtres, comme il ressort du texte lui-même. Car Christ n'interroge pas Pierre seul, mais dit : Qui dites-vous que je suis ? Et ce qui est dit ici [à Pierre seul] au singulier : Je te donnerai les clefs, et tout ce que tu lieras, etc., est exprimé ailleurs au pluriel Matt. 18 [18]: Tout ce que vous lierez, etc. Et dans Jean 20:23: Ceux dont vous remettrez les péchés, etc. Ces paroles témoignent que les clefs ont été données à tous les apôtres en même temps, et que tous les apôtres ont été envoyés en même temps.

24 De ces choses il faut admettre que les clefs n'appartiennent pas à la personne d'un homme en particulier, mais à l'Église, comme en témoignent de nombreux arguments clairs et fermes. Pour le Christ, en parlant des clefs, Mt. 18 [19.], ajoute : Partout où deux ou trois sont d'accord sur la terre, etc. Il donne donc principalement et immédiatement les clefs à l'Église; et pour cette raison, l'Église a principalement le droit de vocation. Il est donc nécessaire que dans ces passages Pierre soit le représentant de toute l'assemblée des apôtres, et pour cette raison ils n'accordent à Pierre aucune prérogative ou supériorité, ou seigneurie.

25 Quant à ce qui a été dit : Sur cette pierre je bâtirai mon Église, assurément l'Église n'est pas bâtie sur l'autorité de l'homme, mais sur le ministère de cette profession que Pierre a faite, dans laquelle il prêche que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu. C'est pourquoi il s'adresse à lui en tant que ministre : Sur ce rocher, c'est-à-dire sur ce ministère.

26 De plus, le ministère du Nouveau Testament n'est pas lié à des lieux et à des personnes, comme le ministère lévitique; mais il est dispersé dans le monde entier, et c'est là que Dieu donne ses dons, Apôtres, Prophètes, Pasteurs, et Docteurs ; ce ministère n'est pas non plus valide à cause de l'autorité de qui que ce soit, mais à cause de la Parole transmise par Christ.

27 Et ainsi, ce n'est pas à la personne de Pierre que la plupart des saints pères - comme Origène, Cyprien, Augustin, Hilaire et Bède, rapportent l'interprétation de ce passage : sur ce roc.

28 Ainsi Chrysostome dit : Sur ce rocher, et non pas sur Pierre. Car il a bâti son Église non sur l'homme, mais sur la foi de Pierre. Et quelle est cette foi? Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.

29 Et Hilaire : Le Père révéla à Pierre qu'il pouvait dire : Tu es le Fils du Dieu vivant. C'est donc sur ce roc de la confession que se trouve l'édifice de l'Église; cette foi est le fondement de l'Église.

30 Et quant à ce qui est dit Jean 21 [15 s] : Pais mes brebis, et, M'aimes-tu plus que ceux-ci ? Il ne s'ensuit pas encore qu'une supériorité spéciale ait été donnée à Pierre. Il lui ordonne de nourrir, c'est-à-dire d'enseigner la Parole, ou de gouverner l'Église par la Parole, chose que Pierre a en commun avec les autres apôtres.

 

Les pouvoirs spirituel et temporel

31 Le deuxième article est encore plus clair, à savoir que le Christ n'a donné aux apôtres que le pouvoir spirituel, c'est-à-dire l'ordre d'enseigner l'Évangile, d'annoncer la rémission des péchés, d'administrer les sacrements, d'excommunier les méchants sans employer la force physique, et qu'il ne leur a pas donné le pouvoir de l'épée, ou le droit d'établir, d'occuper ou de conférer les royaumes du monde. Car le Christ dit : [Mt. 28, 20.] Allez enseigner à garder tout ce que je vous ai commandé. Aussi : [Jean 20, 21.] Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie. Maintenant, il est certain que Christ n'a pas été envoyé pour porter une épée ou pour détenir un royaume mondain, comme il le dit : [Jean 18, 36.] Mon royaume n'est pas de ce monde. Et Paul dit : [2 Cor. 1, 24.] Non que nous dominions sur votre foi. Aussi : [2 Cor. 10, 4.] Les armes de notre guerre ne sont pas charnelles, etc.

32 Par conséquent, lorsque le Christ, dans sa Passion, a été couronné d'épines et amené pour être moqué dans la pourpre royale, il a été signifié par là que, sous prétexte de pouvoir ecclésiastique, un autre royaume mondain serait établi, et ce au mépris du royaume spirituel - c'est-à-dire en opprimant l'Évangile.

33 Ainsi, la constitution de Boniface VIII, le chapitre "Omnes", Distinct 22, et toutes les opinions similaires qui prétendent que le pape est de droit divin le Seigneur des royaumes du monde, sont faux et impies.

34 De cette persuasion de terribles ténèbres ont été introduites dans l'Église, puis aussi de grands troubles ont surgi en Europe. Le ministère de l'Evangile a été négligé, la connaissance de la foi et du royaume spirituel s'est éteinte: la justice chrétienne a été considérée comme ce régime extérieur que le pape avait établi. Alors les papes ont commencé à s'emparer d'empires, à transférer leurs royaumes, et à harceler, par des excommunications injustes et des guerres, les rois de presque toutes les nations en Europe - mais surtout les empereurs allemands.  Tantôt, c'était pour occuper des villes d'Italie, tantôt pour réduire à la sujétion les évêques d'Allemagne et arracher aux empereurs l'attribution des épiscopats.

35 Dans les Clémentines il est même écrit : Quand l'empire est vacant, le pape est le successeur légitime.

La nature du pouvoir papal

36 Ainsi, le pape a non seulement usurpé la domination, contrairement à l'ordre du Christ, mais il s'est aussi tyranniquement élevé au-dessus de tous les rois. Et en cette matière, ce n'est pas l'acte lui-même qui est le plus condamnable, mais plutôt le fait que le pape, prétextant l'autorité de Christ pour transférer les clés à un gouvernement mondain, lie ensuite le salut à ces opinions impies et exécrables - c'est-à-dire: en soutenant qu'il est nécessaire au salut que les hommes croient que cette domination lui appartient de droit divin.

37 Puisque de telles erreurs obscurcissent la doctrine de la foi et le royaume de Christ, elles ne doivent en aucun cas être dissimulées. Car leur résultat montre qu'elles ont été de très grands fléaux pour l'Église.

38 En troisième lieu, il faut ajouter ceci : Même si l'évêque de Rome avait la primauté et la supériorité de droit divin, néanmoins l'obéissance ne serait pas due aux pontifes qui défendent les dévotions impies, l'idolâtrie et la doctrine contraire à l'Évangile. De tels pontifes et un tel gouvernement devraient au contraire être tenus pour maudits, comme Paul l'enseigne clairement, Gal. 1:8 : Si un ange du ciel vous annonce un autre Evangile que celui que nous vous avons annoncé, qu'il soit anathème. Et dans Actes 5:29 : Nous devons obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. De même, les canons enseignent aussi clairement qu'on ne doit pas obéir à un pape hérétique.
Le grand prêtre lévitique était le grand prêtre de droit divin, et pourtant il ne convenait pas d’obéir à des grands prêtres impies. Jérémie et d'autres prophètes étaient ainsi en désaccord avec les grands prêtres, de même que les apôtres étaient en désaccord avec Caïphe et n'avaient pas à leur obéir.

39 Or, il est manifeste que les pontifes romains, avec leurs partisans, défendent et pratiquent des doctrines et des cultes impies. Les marques de l'Antéchrist correspondent clairement à celles du royaume du pape et de ses adhérents. Car Paul, en décrivant l'Antéchrist aux Thessaloniciens, l'appelle 2 Thess. 2:3-4: un adversaire de Christ, qui s'oppose et s'élève au-dessus de tout ce qu'on appelle Dieu ou qui est adoré, de sorte qu'il est assis comme Dieu dans le temple de Dieu. Il parle donc d'un dirigeant dans l'Église, non d'un roi païen, et il appelle celui-ci l'adversaire de Christ, parce qu'il concevra une doctrine contraire à l'Évangile et s'arrogera l'autorité divine.

40 D'abord, il est en effet manifeste que le Pape règne dans l'Église, et qu'il s'est établi ce royaume sous prétexte de l'autorité ecclésiastique et du ministère. Car il donne comme prétexte ces mots : Je te donnerai les clefs. Ensuite, la doctrine du Pape est en conflit à bien des égards avec l'Évangile; et enfin, le Pape s'attribue l'autorité divine d'une triple manière. Premièrement, parce qu'il s'arroge le droit de changer la doctrine de Christ et le culte institués par Dieu, et veut que sa propre doctrine et ses propres services soient observés comme divins.
Deuxièmement, parce qu'il s'attribue non seulement le pouvoir de lier et de délier dans cette vie, mais s'accorde aussi la juridiction sur les âmes après cette vie.
Troisièmement, parce que le Pape ne veut être jugé ni par l'Église ni par personne, et fait passer sa propre autorité avant la décision des conciles et de toute l'Église. Mais ne pas vouloir être jugé par l'Église ou par qui que ce soit, c'est se faire Dieu. Enfin, ces erreurs si horribles et cette impiété, il les défend avec la plus grande cruauté, et fait mourir les dissidents.

41 Ces choses étant ainsi, tous les chrétiens doivent prendre garde de ne pas participer à la doctrine impie, aux blasphèmes et à l'injuste cruauté du pape. Par conséquent, ils doivent abandonner et maudire le pape avec ses membres, comme le royaume de l'Antéchrist, ainsi que l'a ordonné le Christ: [Mt. 7, 15.] Méfiez-vous des faux prophètes. Et Paul ordonne que les docteurs impies soient évités et maudits, comme s'ils étaient maudits. En 2 Corinthiens. 6. [14.] Il dit : Ne soyez pas les compagnons des incroyants, car qu'est-ce que la compagnie de la lumière et des ténèbres ?

42 S'écarter du consensus de tant de nations, et être traité de schismatique, est certes une affaire sérieuse. Mais l'autorité divine ordonne à tous de ne pas être partenaires et champions de l'impiété et de la cruauté injuste. Nos consciences sont donc suffisamment excusées : car les erreurs du règne du pape sont manifestes. Et l'Écriture crie de toute sa voix que ces erreurs sont la doctrine des démons et de l'Antéchrist.

43 L'idolâtrie se manifeste dans la profanation des messes qui, avec d'autres vices, ont été impudemment réunis pour le plus vil gain.

44 La doctrine de la pénitence a été totalement déformée par le pape et ses membres. Car ils enseignent que les péchés sont pardonnés à cause de la dignité de nos œuvres. Ensuite, ils ordonnent de douter de la rémission. Nulle part ils n'enseignent que les péchés sont librement pardonnés à cause de Christ, et que par la foi nous obtenons la rémission des péchés. Ainsi ils obscurcissent la gloire de Christ, dépouillent les consciences d'une ferme consolation, et abolissent les vérités du culte, c'est-à-dire les exercices de la foi aux prises avec le désespoir.

45 Ils ont obscurci la doctrine concernant le péché, et ont inventé une tradition concernant l'énumération des offenses, produisant beaucoup d'erreurs et de désespoir. Ils ont imaginé, en plus, des satisfactions, par lesquelles ils ont également obscurci le bénéfice [du mérite] de Christ.

46 De là sont nées les indulgences, qui sont de purs mensonges, fabriqués pour le gain.

47 Alors aussi, que d'abus et quelle horrible idolâtrie l'invocation des saints a produite !

48 Quels actes honteux ont résulté de la tradition concernant le célibat !
Quelles ténèbres la doctrine des vœux a répandues sur l'Evangile ! Là, ils ont feint que les vœux sont justice devant Dieu et qu'ils méritent la rémission des péchés. Ainsi, ils ont transféré le bénéfice qui nous revient du Christ aux traditions humaines, et ont complètement éteint la doctrine concernant la foi. Ils ont feint que les traditions les plus insignifiantes sont les services de Dieu et la perfection même, et ils les ont préférées aux œuvres de la vocation que Dieu exige et a ordonnées. Ces erreurs ne doivent pas non plus être considérées comme légères; car ils nuisent à la gloire de Christ et apportent la destruction aux âmes, et ils ne peuvent pas non plus passer inaperçus.

49 A ces erreurs s'ajoutent encore deux grands péchés : Le premier, qu'il défend ces erreurs par une cruauté injuste et des peines de mort. Le second, qu'il arrache la décision à l'Église, et ne permet pas que les controverses ecclésiastiques soient jugées comme il convient. Bien plus, il soutient qu'il est au-dessus du concile, et qu'il peut annuler les décrets des conciles, comme les canons le disent parfois avec impudence. Mais cela a été fait beaucoup plus effrontément encore par les pontifes, et des exemples en témoignent.

50 Le droit canonique (Décret de Gratien 9, quest. 3) dit : Nul ne jugera le premier siège ; car le juge n'est jugé ni par l'empereur, ni par le clergé, ni par les rois, ni par le peuple.

51 Le pape exerce une double tyrannie : il défend ses erreurs par la force et par des meurtres, et interdit l'examen judiciaire. Ce dernier fait encore plus de mal que n'importe quelle exécution, parce que, lorsque le véritable jugement de l'Église est supprimé, les dogmes impies et les services impies ne peuvent être supprimés, et pendant de nombreux siècles, ils détruisent d'innombrables âmes.

52 Que les hommes pieux considèrent donc les grandes erreurs du royaume du pape et de sa tyrannie, et qu'ils méditent d'abord que les erreurs doivent être rejetées et la vraie doctrine adoptée, pour la gloire de Dieu et pour le salut des âmes.

53 Qu'ils méditent aussi combien c'est un grand crime d'aider une cruauté injuste à tuer des saints, dont Dieu vengera sans aucun doute le sang.

54 Mais surtout les principaux membres de l'Église, rois et princes, doivent veiller aux intérêts de l'Église, et veiller à ce que les erreurs soient ôtées et que les consciences soient guéries, comme Dieu y exhorte expressément les rois, Ps. 2 [10]: Soyez donc sages, maintenant, ô rois! soyez instruits, juges de la terre. Car ce devrait être le premier souci des rois de faire avancer la gloire de Dieu. Par conséquent, il serait très honteux pour eux de prêter leur influence et leur pouvoir pour confirmer l'idolâtrie et d'innombrables autres crimes, et massacrer des saints.

55 Et quand bien même le pape tiendrait des synodes : comment l'Église pourrait-elle être guérie de ses maux si le pape ne permet à personne de dire ce qu'il pense - sauf à ses membres, qu'il a liés par d'horribles serments et malédictions pour qu'ils défendent sa tyrannie et son impiété, sans aucune exception pour la Parole de Dieu?

56 Mais puisque les décisions des synodes sont les décisions de l'Église, et non des papes, il incombe particulièrement aux rois de contrôler la licence des papes et d'agir pour que le pouvoir de juger et décréter de la Parole de Dieu ne soit pas arraché à l'Église. Et comme le reste des chrétiens, ils doivent censurer les erreurs du pape, mais aussi réprimander ce dernier quand il élude et entrave la véritable enquête et la véritable décision de l'Église.

57 Donc, même si l'évêque de Rome avait la primauté de droit divin, puisqu'il défend des services impies et une doctrine contraire à l'Évangile, l'obéissance ne lui serait pas due; et incontestablement, il est nécessaire de lui résister en tant qu'Antéchrist, tant ses erreurs sont manifestes et non négligeables.

58 La cruauté qu'il exerce est également manifeste. Et il est clair que le commandement de Dieu est d'éviter l'idolâtrie, les doctrines impies et la cruauté injuste. Par conséquent, tous les gens  pieux ont de grandes raisons, impérieuses et manifestes pour ne pas obéir au pape. Et ces raisons impérieuses consolent les pieux contre tous les reproches qu'on leur adresse d'ordinaire - à savoir, de causer des scandales, des schismes et des discordes.

59 En revanche, ceux qui se s'accordent avec le pape, qui défendent sa doctrine et son culte, se souillent d'idolâtrie et d'opinions blasphématoires; ils deviennent coupables du sang des hommes pieux que le pape persécute, ils nuisent à la gloire de Dieu et entravent le salut de l'Église, parce qu'ils renforcent les erreurs et les atrocités pour toute la postérité.

 

Du pouvoir et de la juridiction des évêques

60 L'Evangile assigne à ceux qui président les Eglises le commandement d'enseigner l'Evangile, de remettre les péchés, d'administrer les sacrements et en outre d'exercer la juridiction - à savoir, le commandement d'excommunier ceux dont les crimes sont connus, et de nouveau d'absoudre ceux qui se repentent.

61 Et de l'aveu de tous, même des adversaires, il est clair que ce pouvoir de droit divin est commun à tous ceux qui président les Eglises, qu'ils s'appellent pasteurs, anciens, ou évêques.

62 Et en conséquence, Jérôme enseigne ouvertement dans les lettres apostoliques que tous ceux qui président les Eglises sont à la fois des évêques et des anciens, et cite de Tite 1 [5 s.]: C'est pourquoi je t'ai laissé en Crète, afin que tu ordonnes des anciens dans chaque ville. Puis il ajoute : Un évêque doit être le mari d'une seule femme. De même, Pierre et Jean s'appellent anciens [ou prêtres] 1 Pi. 5:1 ; 2 Jean 1. Et Jérôme ajoute  : Que si dans la suite on en a choisi un pour l'élever au-dessus des autres, cela ne s'est l'ait que contre les schismes qui auraient immanquablement déchiré l'Église de Jésus-Christ. En effet, nous voyons que dans l'église d'Alexandrie, depuis l'évangéliste saint Marc jusqu'au temps des évêques Héraclas et Denis, les prêtres en choisissaient un parmi eux qu'ils mettaient sur un siège plus élevé, et auquel ils donnaient le nom « d'évêque » à peu près comme une armée élit un général, ou comme les diacres choisissent le plus capable d'entre eux, en lui donnant le nom « d'archidiacre. » En effet, que fait l'évêque que le prêtre ne fasse aussi, hormis l'ordination?

63 Jérôme enseigne donc que c'est par l'autorité humaine que les grades d'évêque et d'ancien ou de pasteur sont distincts. Et la chose elle-même implique cela, parce que le pouvoir est le même, comme il l'a dit plus haut.

64 Mais plus tard, une chose a causé une différence entre les évêques et les pasteurs, à savoir l'ordination : parce qu'il a été établi qu'un évêque devait ordonner des ministres dans plusieurs Eglises.

65 Mais puisque par autorité divine les grades d'évêque et de pasteur ne sont pas différents, il est manifeste que l'ordination administrée par un pasteur dans sa propre église est valide par la loi divine.

66 Par conséquent, lorsque les évêques réguliers deviennent ennemis de l'Église ou ne veulent pas administrer l'ordination, les Églises conservent leur propre droit.

67   Car partout où se trouve l'Église, il y a l'autorité pour administrer l'Évangile. Il est donc nécessaire que l'Église conserve l'autorité d'appeler, d'élire et d'ordonner des ministres. Et cette autorité est un don qui est en réalité donné à l'Église, qu'aucune puissance humaine ne peut arracher à l'Église, comme Paul en témoigne aussi aux Éphésiens lorsqu'il dit, Éph 4:8 : Il est monté, Il a fait des dons aux hommes. Et il énumère parmi les dons appartenant spécialement à l'Église des pasteurs et des docteurs, et ajoute que ceux-ci sont donnés pour le ministère, pour l'édification du corps de Christ. Par conséquent, partout où il y a une véritable Eglise, le droit d'élire et d'ordonner des ministres existe nécessairement - de même qu'en cas de nécessité, même un laïc absout et devient le ministre et le pasteur d'un autre. Augustin raconte ainsi l'histoire de deux chrétiens dans un bateau, dont l'un a baptisé l'autre (qui était catéchumène), lequel a ensuite donné l'absolution à celui qui l'avait baptisé.

68 C'est à cela que se rapportent les déclarations de Christ qui témoignent que les clefs ont été données à l'Église, et pas seulement à certaines personnes, Matt. 18:20 : Où deux ou trois sont réunis en Mon nom, etc.

69 Enfin, la déclaration de Pierre le confirme également, 1 Pi. 2:9 : Vous êtes un sacerdoce royal. Ces paroles concernent la véritable Église, qui a indubitablement le droit d'élire et d'ordonner des ministres puisqu'elle seule détient le sacerdoce.

70 Et cela aussi, une coutume très commune de l'Église en témoigne. Car jadis le peuple élisait des pasteurs et des évêques. Puis venait un évêque, soit de cette Eglise, soit d'une Eglise voisine, qui confirmait l'élu par l'imposition des mains ; et l'ordination n'était rien d'autre qu'une telle ratification.

71 Par la suite, de nouvelles cérémonies furent ajoutées, dont beaucoup sont décrites par Denys. Mais ce dernier est un auteur récent et fictif - tout comme les écrits de Clément aussi sont des faux. Des écrivains plus modernes ont encore ajouté que l'évêque est censé dire à ceux qu'il ordonne: Je te donne le pouvoir de sacrifier pour les vivants et les morts. Mais même cela n'est pas chez Denys.

72 De tout cela il ressort que l'Église conserve le droit d'élire et d'ordonner des ministres, et que l'impiété et la tyrannie des évêques sont cause de schisme et de discorde. Car Paul ordonne que les évêques enseignant et défendant une doctrine et un culte impies soient considérés comme anathèmes.

73 Nous avons parlé de l'ordination, qui seule, comme dit Jérôme, distinguait les évêques des autres anciens. Il n'est donc pas nécessaire de discuter des autres devoirs des évêques. Il n'est pas non plus nécessaire de parler de la confirmation, ni de consécration de cloches, qui sont presque les seules choses qu'ils aient retenues. En revanche, il faut dire quelque chose concernant la juridiction.

74 Il est certain que la compétence commune d'excommunier les coupables de crimes manifestes appartient à tous les pasteurs. Les évêques l'ont tyranniquement transféré à eux seuls et l'ont employé pour en acquérir du gain. Car il est évident que les officiaux, comme on les appelle, usaient d'une intolérable licence, et que, soit par cupidité, soit par d'autres désirs, ils harcelaient les gens et les excommuniaient sans aucune procédure régulière. Mais quelle tyrannie est-ce pour les fonctionnaires des États d'avoir le pouvoir arbitraire de condamner et d'excommunier des hommes sans procédure régulière !

75 Et dans quel genre d'affaires ont-ils abusé de ce pouvoir ? Non pas en punissant de véritables délits, mais en châtiant les gens pour la violation de jeûnes ou de fêtes, ou d'autres bagatelles! Ils est vrai qu'ils punissaient parfois les adultères, mais dans ces affaires même, ils ont souvent malmené des hommes innocents et honorables. En outre, puisqu'il s'agit d'une infraction des plus graves, personne ne devrait être condamné sans une procédure régulière.

76 Puisque donc les évêques se sont tyranniquement transférés cette juridiction à eux seuls, et en ont abusé bassement, il n'y a pas lieu, à cause de cette juridiction, d'obéir aux évêques. Mais puisqu'il y a de justes raisons pour lesquelles nous n'obéissons pas, il est juste aussi de restituer cette juridiction aux pieux pasteurs, et de veiller à ce qu'elle soit légitimement exercée pour la réforme des mœurs et la gloire de Dieu.

77 Reste la compétence dans les affaires qui, selon le droit canonique, appartiennent au tribunal dit ecclésiastique - et en particulier dans les affaires matrimoniales. Celles-ci appartiennent aussi à l'évêque en vertu d'un droit humain, et qui n'est guère ancien; car il ressort du Codex et des Novelles de Justinien, que les jugements de mariages relevaient à cette époque de la compétence des magistrats. Et par la loi divine, les magistrats mondains sont obligés d'exercer ces jugements, si les évêques sont négligents. Les canons accordent également la même chose. C'est pourquoi aussi il n'est pas nécessaire d'obéir aux évêques en ce qui relève de ce domaine.

78 Et, en effet, puisqu'ils ont fait certaines lois injustes concernant les mariages, et les observent dans leurs tribunaux, il est nécessaire aussi pour cette raison d'établir d'autres tribunaux. Car les traditions concernant les relations spirituelles sont injustes. Injuste aussi est la tradition qui interdit à un innocent de se marier après un divorce. Injuste aussi est la loi qui approuve en général toutes les fiançailles clandestines et sournoises en violation du droit des parents. Injuste aussi la loi sur le célibat des prêtres. Il y a aussi d'autres pièges pour les consciences dans leurs lois, mais réciter tout cela n'est d'aucun profit. Il suffit d'avoir récité ceci, qu'il y a beaucoup de lois injustes du pape sur les sujets matrimoniaux, à cause desquelles les magistrats doivent établir d'autres tribunaux.

79 Puisque, par conséquent, les évêques, qui sont dévoués au pape, défendent sa doctrine et ses cultes impies, et n'ordonnent pas de docteurs pieux, mais qu'ils aident plutôt la cruauté du pape; qu'ils ont en outre arraché la juridiction aux pasteurs, et ne l'exercent que tyranniquement; et enfin, puisqu'en matière matrimoniale ils observent beaucoup de lois injustes, il y a des raisons assez nombreuses et impérieuses pour que les Eglises ne les reconnaissent pas comme évêques.

80 Mais eux-mêmes doivent se rappeler que les richesses ont été données aux évêques en aumône pour l'administration et le profit des Eglises, comme le dit la règle : Le bénéfice est donné à cause de l'office. Ils ne peuvent donc en bonne conscience posséder ces aumônes, et en attendant frauder l'Église, qui a besoin de ces moyens pour entretenir les ministres, aider aux études, soigner les pauvres et établir des tribunaux, surtout matrimoniaux.

81 Car la variété et l'étendue des controverses matrimoniales sont si grandes qu'il faut un tribunal spécial pour celles-ci; et pour l'établir, les dotations de l'Église sont nécessaires.

82 Pierre a prédit, 2 Pierre [2: 13], qu'il y aurait des évêques impies, qui abuseraient de l'aumône de l'Église pour le luxe et négligeraient le ministère. Par conséquent que ceux qui escroquent l'Église sachent qu'ils paieront à Dieu le châtiment pour ce crime.


Les Docteurs et prédicateurs qui ont souscrit à la Confession et à l'Apologie d'Augsbourg.
Année 1537 après Jésus-Christ.

D'après l'ordre des princes les plus illustres et des ordres et États professant la doctrine de l'Évangile, nous avons relu les articles de la Confession présentés à l'Empereur dans l'Assemblée d'Augsbourg, et par la Grâce de Dieu tous les prédicateurs présents dans la présente assemblée à Smalkalde déclarent harmonieusement qu'ils croient et enseignent dans leurs Eglises selon les articles de la Confession et de l'Apologie. Ils déclarent aussi qu'ils approuvent l'article concernant la primauté du pape et son pouvoir, et le pouvoir et la juridiction des évêques, qui a été présenté aux princes dans cette assemblée à Smalkalde. En conséquence, ils souscrivent leurs noms : (souscriptions).

Fait à Smalkalde,

Le 23 février 1537.

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