Constantinople III: 18e session (16 septembre 681)

Préambule sur la réception des cinq conciles
Définition sur les deux volontés et opérations



Le saint et grand concile oecuménique qui, par la grâce de Dieu et par le décret du très fervent souverain Constantin, a été réuni dans la salle du palais impérial appelée Trullus, en la ville royale et protégée de Dieu, Constantinople, Nouvelle Rome, a décrété ce qui suit:

Le Fils unique engendré, Verbe de Dieu le Père, qui a été fait homme en tout semblable à nous (excepté le péché) Christ notre vrai Dieu, a déclaré expressément dans les Paroles de l’Evangile: Je suis la lumière du monde; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie. Et encore: Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix. Notre très doux souverain, le champion de l'orthodoxie et adversaire de la mauvaise doctrine, étant révérencieusement dirigé par cette doctrine de paix divinement répandue, et ayant convoqué cette sainte assemblée oecuménique, a unifié le jugement de toute l’Eglise.


Pour cette raison, notre saint et oecuménique concile a chassé l'erreur impie qui a prévalu pendant un certain temps jusqu'à présent et, suivant le droit chemin des Pères approuvés, a pieusement donné son plein assentiment aux cinq saints et oecuméniques conciles; c'est-à-dire: celui des 318 saints Pères assemblés à Nicée contre le furieux Arius, et le suivant à Constantinople, des 150 hommes inspirés de Dieu contre l'adversaire de l'Esprit, Macédonius, et l'impie Apollinaire; et aussi le premier concile d'Ephèse, des 200 hommes vénérables convoqués contre Nestorius le judaïsant; celui de Chalcédoine, des 630 Pères inspirés de Dieu contre Eutychès et Dioscore haïs de Dieu; et en plus de ceux-là, enfin, le cinquième saint concile assemblé en ce lieu, contre Théodore de Mopsueste, Origène, Didyme et Evagre et les écrits de Théodore contre les douze anathématismes du réputé Cyrille, et l'épître qui fut dite écrite par Ibas à Maris le Perse, renouvelant en toutes choses les anciens décrets de la Religion, et chassant les doctrines impies de l’irréligion.

Le présent saint et oecuménique concile inspiré de Dieu a mis son sceau au Credo qui a été mis en avant par les 318 Pères, et encore religieusement confirmé par les 150, et qui a aussi été cordialement reçu et ratifié par les autres saints synodes, pour la suppression de toutes les hérésies destructrices des âmes.


Le Symbole des 318 Pères de Nicée:


Nous croyons en un seul Dieu, le Père tout-puissant, etc.


Le Symbole des 150 saints Pères assemblés à Constantinople:


Nous croyons en un seul Dieu, le Père tout-puissant
, etc.


De plus le saint et oecuménique concile dit que ce pieux et orthodoxe Symbole de la grâce divine est suffisant pour la pleine connaissance et confirmation de la foi orthodoxe. Mais comme l'auteur du mal a profité, dès le commencement, de l'aide du serpent pour répandre le poison de la mort sur la race humaine, il a aussi trouvé, de nos jours, des complices pour accomplir sa volonté. C’est ainsi qu’il a pu compter sur Théodore, qui fut évêque de Pharan, Serge, Pyrrhus, Paul et Pierre qui furent archevêques de cette cité royale. Il faut encore ajouter Honorius, qui fut pape de l'ancienne Rome, Cyrus, évêque d'Alexandrie, Macaire, qui était dernièrement évêque d'Antioche et son disciple Stéphane.

C’est par leur moyen qu’il a suscité contre toute l’Eglise cette pierre d’achoppement, qui consiste à parler d'une seule volonté et d'une seule opération dans les deux natures du Christ, notre vrai Dieu, l'une des Personnes de la sainte Trinité. Ce faisant, il a disséminé parmi les peuple orthodoxe, en des termes nouveaux, une hérésie semblable à la doctrine folle et méchante des impies Apollinaire, Sévère et Thémistius, s'efforçant de détruire la perfection de l'Incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ, notre Dieu, en représentant de façon blasphématoire sa chair dotée d'une âme rationnelle dépourvue de volonté ou d'opération.


Christ, donc, notre Dieu, a suscité notre fidèle souverain, nouveau David, en qui il a trouvé un homme selon son coeur, qui (ainsi qu'il est écrit) n'a donné ni sommeil à ses yeux, ni assoupissement à ses paupières aussi longtemps qu'il n'a pas trouvé une parfaite déclaration d'orthodoxie de la part de ce saint concile assemblé de Dieu.











Ainsi, selon la sentence dite de Dieu: Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux, le présent saint concile oecuménique a reçu fidèlement et accueilli à bras ouverts la relation faite par le très saint et bienheureux pape de l'ancienne Rome Agathon à notre très religieux et fidèle empereur Constantin, qui a nommément rejeté ceux qui ont prêché et enseigné, comme on l'a montré plus haut, une seule volonté et une seule activité dans l'économie du Christ notre vrai Dieu fait chair; de la même manière il a reçu aussi l'autre relation synodale envoyée sous le même pape très saint par le saint synode des cent vingt-cinq évêques aimés de Dieu à Sa Sérénité divinement sage. Car ces relations étaient en accord avec le saint concile de Chalcédoine et avec le Tome de Léon, le très saint et bienheureux pape de la même ancienne Rome, adressé à saint Flavien, que ce concile a appelé colonne de l'orthodoxie.


Elles étaient en accord aussi avec les lettres synodales écrites par le bienheureux Cyrille contre l'impie Nestorius et envoyées aux évêques orientaux. Suivant donc les cinq conciles saints et oecuméniques, et les saints Pères approuvés, celui-ci définit et confesse unanimement notre Seigneur Jésus-Christ, notre vrai Dieu, un de la sainte, consubstantielle et vivifiante Trinité, parfait en divinité, et parfait, le même, en humanité; vraiment Dieu, et vraiment homme, le même, fait d'une âme raisonnable et d'un corps; consubstantiel au Père selon la divinité, et consubstantiel à nous, le même, selon l'humanité; en tout semblable à nous, sauf le péché.


Engendré du Père avant les siècles selon la divinité, et dans les derniers jours, pour nous et pour notre salut, le même, de l'Esprit saint et de la Vierge Marie, laquelle est de plein droit et véritablement Mère de Dieu, selon l'humanité; un seul et même Christ, Fils, Seigneur, unique engendré, reconnu en deux natures sans confusion, sans changement, sans séparation, sans division; la différence des natures n'étant nullement supprimée à cause de l'union, la propriété de chaque nature étant bien plutôt sauvegardée et concourant à une seule personne et une seule hypostase; il n'est ni partagé ni divisé en deux personnes, mais il est un seul et même Fils, unique engendré, Dieu Verbe, Seigneur Jésus-Christ, selon que depuis longtemps les prophètes l'ont dit de lui, que Jésus le Christ lui-même nous l'a enseigné et que le Symbole des saints Pères nous l'a transmis.


Nous proclamons de la même manière en lui, selon l'enseignement des saints Pères, deux volontés ou vouloirs naturels et deux activités naturelles, sans division, sans changement, sans partage et sans confusion. Les deux vouloirs naturels ne sont pas, comme l'ont dit les hérétiques impies, opposés l'un à l'autre, loin de là. Mais son vouloir humain suit son vouloir divin et tout-puissant, il ne lui résiste pas et ne s'oppose pas à lui, il s'y soumet plutôt. Il fallait que le vouloir de la chair fût mû et fût soumis au vouloir divin, selon le très sage Athanase. Car de même que sa chair est dite et qu'elle est la chair du Dieu Verbe, de même le vouloir naturel de sa chair est dit et il est le propre vouloir du Dieu Verbe, comme lui-même déclare : Je suis descendu du ciel, non pour faire mon vouloir, mais le vouloir du Père qui m'a envoyé (Jn 6: 38). Il déclare sien le vouloir de sa chair, puisque la chair est devenue sienne. Car de même que sa chair animée, toute sainte et immaculée, n'a pas été supprimée en étant divinisée, mais qu'elle est demeurée dans sa propre limite et dans sa raison d'être, de même son vouloir humain en étant divinisé n'a pas été supprimé. Il a été plutôt sauvegardé, selon le mot de Grégoire le Théologien : Car l'acte de volonté de celui que l'on considère en tant que Sauveur n'est pas opposé à Dieu, étant totalement divinisé. Nous glorifions deux activités naturelles, sans division, sans changement, sans partage, sans confusion, en notre Seigneur Jésus-Christ, notre vrai Dieu, c'est-à-dire une activité divine et une activité humaine, selon Léon l'inspiré de Dieu, qui affirme très clairement: Chaque nature fait en communion avec l'autre ce qui lui est propre, le Verbe opérant ce qui est du Verbe, et le corps exécutant ce qui est du corps. En effet nous n'accorderons pas qu'il y ait une seule activité naturelle de Dieu et de la créature de peur d'élever le créé à la substance divine et d'abaisser la sublimité de la nature divine au niveau qui convient aux êtres engendrés. Car nous reconnaissons que les miracles et les souffrances sont ceux d'un seul et du même, selon l'une et l'autre nature dont il est composé et dans lesquelles il a son être, comme l'a dit l'admirable Cyrille.


Conservant totalement ce qui est sans confusion ni division, nous proclamons le tout dans une formule concise: croyant que l'un de la Trinité est aussi après l'Incarnation notre Seigneur Jésus-Christ, notre vrai Dieu, nous disons qu'il a deux natures brillant dans son unique hypostase. En elle, tout au long de son existence selon l'économie, il a manifesté ses miracles et ses souffrances, non pas en apparence, mais en vérité. La différence naturelle en cette unique hypostase même se reconnaît à ce que l'une et l'autre nature veut et opère ce qui lui est propre en communion avec l'autre. Pour cette raison nous glorifions deux vouloirs et deux activités naturels concourant l'un avec l'autre au salut du genre humain. Après avoir formulé ces points avec une précision et une justesse totales, nous définissons qu'il n'est permis à personne de proposer une autre confession de foi, c'est-à-dire de l'écrire, de la composer, de la méditer ou de l'enseigner à d'autres. Quant à ceux qui oseraient composer une autre confession de foi, diffuser, enseigner, ou transmettre un autre Symbole à ceux qui veulent se convertir du paganisme, du judaïsme ou de quelque hérésie que ce soit à la connaissance de la vérité, ou introduire un nouveau langage ou une expression inventée afin d'infirmer les points que nous venons de définir, s'ils étaient évêques ou clercs, ils seraient exclus, les évêques de l'épiscopat et les clercs du clergé; s'ils étaient moines ou laïcs, ils seraient frappés d'anathème.

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