Nicée II et le père du mensonge

 


Qui fut le premier évêque de Rome à s'engager dans le funeste projet papaliste? Luther situait le tournant après Grégoire le Grand (+ 604 ap. J-C); mais d'autres ont été plus précis dans leur évaluation. Tel est notamment le cas de Wladimir Guetté qui, dans sa Papauté schismatique, décrivit le pape Adrien Ier comme le premier à avoir conçu le projet de faire de l'évêque de Rome, l'empereur de l’Église (c'est-à-dire: l'Antichrist [*]). La thèse est intéressante, d'autant plus qu'elle émane d'un prêtre Orthodoxe - donc, peu suspect de chercher à favoriser le protestantisme.

Pape de 772 à 795 ap. J-C, Adrien Ier fut en effet titulaire du siège romain au moment du deuxième concile de Nicée (787 ap. J-C), concile de rupture avec le propos et l'esprit des conciles précédents, puisqu'il se prononça en faveur du culte des images et qu'il fit de cette sordide superstition un dogme nécessaire au Salut. Certains diront peut-être qu'il n'y a rien de surprenant ni de contradictoire à ce que le père de l'Antichrist ait été l'ultime bouclier de l'orthodoxie, mais on comprendra que ce paradoxe rencontre chez nous certaines réserves...

Je dis en tout cas que le siège de Rome fut alors le principal bouclier du dogme nouveau parce que c'est son prestige qui suppléa à l'absence de fondement scripturaire autant qu'à l'absence de preuve patristique; c'est le nom de Rome qui servit encore de caution "œcuménique" à un conciliabule réunissant (en plus d'elle-même) trois patriarcats fantômes (Jérusalem, Antioche et Alexandrie) et un patriarcat trop souvent égaré (Constantinople) pour espérer en imposer à qui que ce soit.

D'ailleurs, les zélateurs du conciliabule de 787 ne s'y trompèrent pas! En Orient même, Théorode Stoudite anticipa l'idée que la dernière preuve en faveur de la superstition (le culte des images) serait cette autre superstition: que les portes de l'Enfer ne prévaudraient jamais contre... Rome (ep. 221, 406, 407, éd. Fatouros, II, p. 344, 563-566).

De notre point de vue, en tout cas, tout se tient. Il y a eu un tournant historique, au VIIIe siècle - lorsque les restes des structures de l’Église d'empire entreprirent de devenir l'empire, et de ramener l'empire à ses vieux démons.

Bucerian


A lire aussi:

Droit canonique et déchéance de la pentarchie
Les iconodules, confondus par leurs propres mensonges
Succession apostolique, foi et discipline

Le Mystère de l'Incarnation, glorifié par les six conciles

----------------------------

[*] C'est en tout cas en ces termes que Grégoire le Grand, dans des lettres rapportées par Guetté,  dénonçait par avance toute entreprise de cette nature.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Parlez de Jésus-Christ, ou taisez-vous

Sacrement de confesse?

Eglise Protestante Unie de France : l'alternative