De la foi de l'Eglise chrétienne





Au début de ses Sermons des décades, Henri Bullinger, le principal pasteur de Zurich (et auteur de la seconde Confession helvétique) dressait l'état des lieux de la foi, Trinitaire et Christologique, de l'Église de toujours. Je partage ici le texte (que je n'ai presque pas retouché, sinon pour en moderniser un peu la forme) pour indiquer combien les anciens, tout attachés à l'autorité exclusive des Ecritures, étaient conscients de l'importance de l'armature confessionnelle de l'Eglise qu'ils entendaient servir.
Le vœu le plus cher de notre équipe est que, de nos jours encore, pasteurs et Eglises se réapproprient fidèlement la charpente de cette orthodoxie, pour édifier les fidèles et repousser les contes profanes par lesquels tant de faux docteurs agitent et égarent les âmes.




DES QUATRE CONCILES UNIVERSELS




DEPUIS le temps des Apôtres plusieurs Conciles ont été célébrés par diverses provinces, et ce n'était autre chose que des synodes ou assemblées des évêques et autres saints personnages, qui se faisaient pour aviser entre eux à bien entretenir la pureté de la foi et l'unité de la doctrine, avec la paix et concorde des Eglises: comme les épîtres de S.Cyprien nous font foi de plusieurs tels Conciles.

Or il se trouve que le premier Concile universel a été convoqué par l'Empereur Constantin d'heureuse mémoire, en la ville de Nicée, l'an de notre Seigneur 325 contre Arius et ses complices, lesquels niaient la divine nature de notre Seigneur Jésus-Christ: et là s'y rencontrèrent de toutes les nations de dessous le ciel, tant d'évêques que d'autres grands et excellents hommes, jusques au nombre de 318, et y dressèrent le Symbole, qui en a été surnommé le Symbole de Nicée.

Le Symbole des Apôtres avait bien été suffisant jusques à ce temps-là de Constantin, et eut été encore pour l'Eglise Chrétienne. Car de fait,tous les auteurs sont de cet accord, que toutes les Eglises qui étaient par le monde se tenaient à celui-la tout simplement, et n'en avaient point d'autre, et est celui aussi lequel nous avons récité et exposé en la première Décade de nos sermons. Mais pour autant que du temps de Constantin s'était élevé ce malheureux blasphémateur Arius, pour corrompre la pureté de la foi Chrétienne, et pervertir la simplicité de la doctrine des Apôtres, les bons pasteurs et ministres des Eglises furent bien alors contraints nécessairement de s'y opposer et lui faire tête, et par ce Symbole qu'ils dressèrent alors, déclarèrent et éclaircirent grandement la sainte et ancienne confession de foi par l'autorité des saintes Ecritures, ayant par même moyen condamné l'erreur qu'Arius avait voulu mettre en avant. Or ni en ce Concile, ni aux autres trois universels aussi qui l'ont ensuivi,et aux Symboles qui y ont été écrits, il n'a été rien innové ni changé de ce qui était déjà compris au Symbole des Apôtres, et de tout ce que les Eglises Chrétiennes en avaient cru et reçu,mais la même vérité ancienne étant éclaircie davantage par ces Symboles-là, en a été plus droitement et profitablement, et plus religieusement aussi opposée alors aux corruptions et nouveautés de tous les hérétiques. Et en tout cela la Sainte Ecriture Prophétique et Apostolique a été la règle, la source et le compas pour s'adresser, tellement que les Pères en cet endroit n'ont rien bâti de leur tête. Ce que je dis expressement de ces premiers et anciens Symboles seulement, et non en général de toutes les constitutions ou canons qui ont été faits, auxquels nous ne désirons non plus que le permet la sainte Ecriture canonique, laquelle aussi nous confessons être la seule règle et canon de tout ce qui se peut bien juger, bien dire ou bien faire.

Le second Concile universel fut célébré en la ville royale de Constantinople, sous l'empire de Gratien, l'an du Seigneur 381. Et le trouvèrent en celle-ci selon Prosper d'Aquitaine 180 tant Evêques que Pères anciens, lesquels y condamnèrent l'hérésie de Macédonius et Eudoxius,qui niaient la divinité du Saint-Esprit.

Le troisième concile universel fut célébré en Ephèse sous le saint et dévot empereur Théodose le grand, où se trouvèrent bien 200 évêques ou environ, là où ils condamnèrent les thèses de Nestorius lequel déchirait le mystère de l'Incarnation de Jésus Christ, enseignant qu'il y avait deux fils, l'un de Dieu, et l'autre de l'homme, et y condamnèrent avec plusieurs Pélagiens, lesquels supportaient une telle erreur, comme faisant pour leur parti: ce fut environ l'an 431 du Seigneur, auquel aussi saint Augustin de bonne mémoire décéda.

Le quatrième Concile universel fut convoqué l'an 451 sous l'empereur Martianus, en Chalcédoine, et s'y assemblèrent 600 Evêques, lesquels par les Saintes Ecritures condamnèrent Eutychès, lequel confondait les deux natures en l'unité de la personne de Christ.

Bède, au calcul des temps qu'il a fait, et plusieurs autres qui ont écrit aussi, en conjoignent à ces quatre Conciles universels-là, deux encore: à savoir les cinquième et sixième, qui ont été célébrés à Constantinople. De fait, le cinquième fut assemblé sous l'Empereur Justinien contre Théodore et plusieurs autres hérétiques, l'an du Seigneur 553 et le sixième sous Constantin fils de Constans, l'an 681, auquel assistèrent 289 Evêques, et y furent condamnés les Monothélites: c'est-à-dire, ceux qui ne reconnaissaient qu'une seule volonté en la diversité des natures de Jésus Christ. Toutefois je n'ai rien voulu toucher expressément de ces deux derniers Conciles-là, parce qu'il n'a rien été déterminé en ceux-ci qui ne se trouve compris aux Symboles des quatre premiers susdits.

A suivre...

Bucerian


Commentaires

Anonyme a dit…
"Suyvant cela nous recevons volontiers les anciens Conciles, comme de Nice, de Constantinople, le premier d'Ephese, Chalcedoine, et les semblables qu'on a tenu pour condamner les erreurs et opinions meschantes des hérétiques : nous leur portons, dis-je, honneur et révérence, entant qu'il appartient aux articles là definis. Car iceux Conciles ne contiennent rien qu'une pure et naturelle interprétation de l'Escriture, laquelle les saincts Pères par bonne prudence ont accommodé, pour renverser les ennemis de la Chrestienté."
(Calvin/Institution chrétienne. Lb.IV. Cap.IX.8)

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