Remarques sur le baptisme (3)

 

Le conflit de Pierre avec Simon le Magicien,
par Avanzino Nucci.

Actes 8: 18-23


Les baptistes ne nient pas simplement l'opportunité du baptême des enfants. Ils nient aussi sa validité. La différence est grande: un auteur comme Tertullien (que les baptistes aiment mentionner comme s'il était de leur avis) a pu nier qu'il soit opportun (en principe) de baptiser les plus jeunes. Cela ne l'empêchait pas de reconnaître le baptême qu'ils auraient reçu (en cas de danger de mort, notamment) comme tout à fait valide.
De leur côté, si les baptistes nient la validité des baptêmes administrés aux nourrissons, c'est parce qu'ils font reposer la valeur du sacrement sur la foi préalable du récipiendaire.

Il intéressant de remarquer que cela conduit à remettre en question non seulement la validité des baptêmes administrés à des enfants, mais aussi la validité des baptêmes administrés à des hypocrites et à des faux convertis: il est en effet évident que l'hypocrisie d'un cœur faussement régénéré ne vaut guère mieux que l'apparente ignorance et passivité d'un nourrisson!
Et de fait, les baptistes considèrent qu'un baptême reçu sur la base d'une profession de foi inauthentique, ou d'une conversion superficielle, ne peut pas constituer un vrai baptême. Selon eux, la personne ainsi "baptisée" devrait, une fois vraiment convertie, recevoir (à nouveau) le baptême (1).

C'est une croyance et une pratique qu'il est utile d'examiner à la lumière des Écritures saintes.
Et c'est ici qu'intervient notre passage : Simon le Magicien, ayant cru, fut baptisé (verset 13). Toutefois, Simon ne tarda pas à démontrer, par sa volonté d'acheter le don de Dieu, que sa croyance n'était pas la foi vivante et vivifiante du Salut. Sur ce, l'apôtre Pierre censura Simon et l'appela à se repentir; toutefois, il ne l'exhorta pas à (re)venir recevoir le baptême - comme il l'avait fait à l'égard des pèlerins, à Jérusalem, lors de la Pentecôte (Actes 2. 38).
La même chose peut être observée dans des cas similaires (2).
Si l'opinion des baptistes était fondée, ces cas de re-baptêmes auraient pourtant dû se multiplier dès le premier siècle,
et cela n'aurait pas manqué de marquer durablement la pratique de l’Église ! Or, je peux affirmer qu'on ne trouve dans le Nouveau Testament aucun exemple de quelqu'un qui aurait reçu plus d'une fois le baptême chrétien (3). Et à ma connaissance, une telle pratique n'a pas non plus existé chez les chrétiens du siècle suivant.

Les baptistes, qui réclament avec tant d'insistance des exemples bibliques validant le baptême des nourrissons, ne semblent pas du tout dérangés par cette absence de re-baptême (ou au moins, d'appel au re-baptême) des hypocrites.
Eux qui méprisent et jugent insuffisants les indices probants que nous pouvons leur présenter en faveur de notre pratique (cf. Actes 16: 15 et 31), ne sont même pas en mesure de présenter un seul petit début d'allusion en faveur de la leur !

Or c'est un point très important, car si les apôtres n'ont pas jugé nul le baptême de Simon le Magicien, cela prouve qu'à leurs yeux le baptême ne tire pas sa validité de la foi du récipiendaire. Comme l'écrira plus tard un certain Martin Luther :
la foi ne fait pas le baptême, elle le reçoit.
De là, ce qu'on pense de la foi ou de l'absence de foi chez un nourrisson ne peut pas servir à déclarer nul le baptême qui lui a été donné. 


A suivre...

 Bucerian

_________________________

(1) Du reste, si un vrai baptême suppose une conscience réelle de l'immensité de la grâce et de notre misère, nous laissons les baptistes "calvinistes", apprécier la valeur du baptême reçu par leurs homologues arminiens...
(2) Il a en effet existé d'autres cas qui auraient au moins pu interroger les apôtres sur la réalité de la conversion à date du baptême (et donc, sur l'éventuelle nécessité de réitérer celui-ci). Par exemple : l'incestueux de Corinthe.
(3) C'est-à-dire : le baptême institué par le Seigneur Jésus, célébré au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit (Matthieu 28: 19), et que le livre des Actes désigne, par trope, comme le (baptême) au nom du Seigneur Jésus-Christ, du Seigneur Jésus, ou du Seigneur.
Les baptistes allèguent souvent le cas des disciples d’Éphèse, en Actes 19. Mais ce que nous dit le texte des Actes à leur sujet interdit définitivement de penser qu'ils auraient reçu un premier baptême chrétien, que leur manque de connaissance aurait obligé à réitérer. Ces hommes avaient simplement été baptisés "du baptême de Jean" (comment auraient-ils pu ignorer l'existence de l'Esprit, s'ils avaient été baptisés au nom de la Trinité ?); entendant la prédication des apôtres, ils y adhérèrent et reçurent le baptême trinitaire - tout comme il arriverait aujourd'hui, si nous rencontrions, par exemple, des mandéens.

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