Remarques sur le baptisme (4)

Lucas Cranach l'Ancien :
Philippe Melanchthon baptisant un enfant.


 

1 Corinthiens 7: 14

Ce passage de la lettre de Paul aux Corinthiens affirme la sainteté des enfants qui ont au moins un parent chrétien. On imagine sans peine les sueurs froides que doit provoquer une telle assertion chez un lecteur anabaptiste ; car c'est une affirmation forte ! Suffisamment forte pour avoir préservé de l'erreur un certain César Malan (1).

Les anabaptistes s'empressent donc généralement de brouiller les termes, en soulignant le fait que, dans notre passage, le parent infidèle est lui aussi déclaré saint - sans pour autant être baptisé. Ils pensent ainsi neutraliser ce verset dévastateur.
Tentative ô combien vaine!, c
ar, premièrement : Paul traite ici de l'hypothèse du divorce ; pas de l'abandon de paternité. A priori, donc, le parent incrédule (et toute la sainteté dont on peut le créditer) se trouve dans une situation différente de celle du reste de la famille - notamment des enfants dont il sera question (2). Il est donc manifestement tendancieux de vouloir inclure ces enfants sous un statut spirituel analogue à celui du parent incroyant.
Deuxièmement : comme le notait st. Jean Chrysostome,
Paul n'a pas dit d'un époux incroyant qu'il "est saint", mais qu'il est "sanctifié par sa femme" (3). Rien de tel n'est dit pour les enfants. Le conjoint incroyant n'a donc pas de sainteté propre (telle qu'elle est célébrée, pour chaque membre de l’Église, dans le baptême), mais il participe en quelque sorte à la sainteté de sa moitié, afin de ne pas souiller cette dernière.
Troisièmement : dans ce passage, il est évident que la sanctification précaire de l'incroyant est opérée au bénéfice du croyant aussi bien que de ses enfants. Cela indique que la sainteté des enfants est de même nature que celle du parent croyant. L'incroyant ne peut pas plus entacher la sainteté du croyant qu'elle n'a pu fermer les portes de cette même sainteté à ses enfants : voilà l'évidente leçon de l'apôtre, qui implique que ces enfants, comme leur parent croyant, sont des baptisés.
Quatrièmement : si les enfants des croyants étaient laissés en dehors de l’Église (comme c'est le cas des enfants des infidèles) il n'y aurait pas à se demander s'ils ont un parent croyant ou deux parents incrédules ; leur sort serait de toute façon le même jusqu'au jour futur de leur hypothétique conversion et sanctification.

Enfin, Paul évoque l'espoir de causer, un jour futur, le salut de l'incroyant (v. 16). Là encore, rien de tel n'est dit pour les enfants des fidèles. Au contraire : dans les épîtres qu'ils adressent aux "saints et fidèles en Jésus-Christ" (c'est-à-dire : à la communauté des baptisés), les apôtres exhortent aussi les enfants (4). Cela corrobore le fait que la sainteté des enfants, telle qu'affirmée dans notre passage, est bien celle des baptisés (5).

A suivre...


Bucerian

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(1) Source : https://larevuereformee.net/articlerr/n207/cesar-malan-a-geneve-le-doux-et-l%E2%80%99amer-de-l%E2%80%99evangile
(2)
Rejeter les enfants en même temps que le conjoint incrédule aurait pourtant été envisageable, au regard de l'histoire biblique (cf. Esdras 10: 3). Mais les Corinthiens n'y ont même pas songé - sans doute parce qu'ils n'avaient aucune raison de se défier de ceux que les apôtres avaient baptisé...
On objectera peut-être que de tout le groupe qui se trouve hors de l’Église (parent incroyant et enfants), seul le parent incroyant est considéré comme un problème parce qu'il est le seul à faire une seule chair avec le croyant. Mais dans ce cas, il serait aussi le seul pour qui une certaine sanctification s'imposerait, et on ne s'expliquerait donc pas pourquoi les enfants sont saints.

(3)
Sur 1 Corinthiens, Homélie XIX: 3.
(4) Par exemple : Éphésiens 1: 1 & 6: 1-4. De même : Colossiens 1: 2 & 3: 20-21.
(5) Certains prétendent que Paul voudrait simplement établir la licéité de l'union en la démontrant par le fait que les enfants ne sont pas impurs (illégitimes). Mais les juristes s'appuient sur la licéité du mariage pour prouver la légitimité des enfants, en non l'inverse. Toutes ces échappatoires sont donc fausses, en plus d'être ridicules et hors sujet.

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