Le culte et la foi
A) En prouvant que l’Écriture ordonne de rendre un culte à Notre Seigneur Jésus-Christ, nous prouvons qu'il est Dieu.
B) Parce que nous croyons qu'il est Dieu, nous rendons un culte à Notre Seigneur Jésus-Christ.
C) Du fait que nous rendons un culte à Notre Seigneur Jésus-Christ, nous confessons que nous croyons qu'il est Dieu. Tout cela, non pas par de simples paroles ni par des discours intelligibles par les seuls savants, mais de façon vivante et qui parle au cœur de chacun.
S'il est accablant pour un arien de constater que la Bible dépeint les mages en train de rendre un culte à l'enfant de Bethléem ; s'il est dévastateur pour les ariens de voir que la Bible ordonne que les disciples soient consacrés au Nom du Fils de Dieu par le baptême ; s'il est terrible pour tout anti-trinitaire de voir le premier Martyr de l’Église remettre son âme au Christ, il serait ruineux pour l'orthodoxie que de semblables honneurs soient rendus à des créatures. Cela voudrait dire en effet : ou bien que Jésus n'est pas Dieu, ou bien que les chrétiens adorent un panthéon.
Comme l'a souligné Pierre Courthial, dans l'introduction de son livre-testament (1), tout l'effort dogmatique de l’Église indivise a pareillement consisté à réserver le culte chrétien au seul vrai Dieu : les
conciles de Nicée (325) et de Constantinople (381) en affirmant la
divinité du Fils comme celle du Saint-Esprit; les quatre conciles
suivants, d’Éphèse (431) à Constantinople III (681), en passant par
celui de Chalcédoine (451), en soulignant l'unité de la Personne du
Christ, et en interdisant qu'on rende à son humanité (toute réelle) un
culte distinct (2) de celui rendu à la personne divine du Verbe Incarné.
Il serait vain, pour l'arien, de prétendre que la prosternation des mages n'était pas un culte d'adoration, ou que les chrétiens n'invoquent le nom du Christ
que comme celui d'un sauveur relatif, un écran derrière lequel se cacherait en fait le Père. Face à de tel subterfuges, il suffirait en effet de rappeler qu'il s'agit de toute façon d'un culte - et d'un culte qui, par essence,
constitue une adoration qui ne convient qu'à Dieu seul (adorer, de "adorare" = prier). C'est ainsi que l'ange refusa la prosternation de l'Apôtre (Apocalypse 22 :8-9), etc.
C'est pourquoi aussi, les fidèles de Rome ne pouvaient pas imaginer de pratique plus horrible, ni d'excuse plus malheureuse, que celle consistant à se consacrer à la Vierge ou à adresser des oraisons aux saints, en prétendant qu'il s’agirait ici d'un culte de vénération plutôt que d'adoration.
Car par leur pratique, ils donnent l'impression (du reste tout à fait fondée) d'adorer un panthéon; puis, par leur apologie, ils relativisent et abolissent la force de l'argument latreutique par lequel la divinité du Seigneur est établie en nos cœurs.
Bucerian
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(1) : De Bible en Bible, chez L'Âge d'Homme/Kerygma, 2002.
(2) : Les disciples du pape, en personnifiant (une partie de) l'humanité du Christ pour lui rendre un culte particulier, on réintroduit le nestorianisme qui avait été condamné à Éphèse.
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