Notes sur l'Apocalypse de st. Jean (1)

 


Canonicité

L'Apocalypse de st Jean est le 27e et dernier livre du Nouveau Testament. Le dire peut sembler superfétatoire : des auteurs et assemblées des premiers siècles n'ont-ils pas clairement affirmé sa rédaction par l'auteur du quatrième évangile, sous Domitien ?

Pourtant, ces témoignages ne sauraient faire oublier que d'autres auteurs, d'autres assemblées, ont exprimé une certaine réserve, voire un rejet catégorique de ce livre - parfois carrément attribué à l'impie Cérinthe.
Aujourd'hui encore, bien des observations "critiques" (semblables à celles par lesquelles on s'en prend à la "conclusion longue" de Marc 16, à la "péricope de la femme adultère" en Jean 8, ou au verset des "trois témoins célestes" en 1 Jean...) servent à attaquer ce texte.
Le chrétien devrait-il (au nom d'un prétendu esprit scientifique) ouvrir la porte de son âme à de telles tentations, et faire échos aux discours de ceux qui demandent si Dieu a vraiment dit...? Autrement dit : le savoir d'un fidèle aurait-il vocation à défier et défaire l’œuvre de la Providence ? Nous croyons au contraire qu'est authentiquement chrétien celui qui partage véritablement la foi du peuple à la conscience duquel se sont imposés les 66 livres de la Bible, et que nul membre de ce peuple n'a vocation à révoquer quoi que ce soit de cet héritage sacré.

Or il est vrai que certains - comme les montanistes - ont reçu et soutenu ce livre au nom de traditions et avec un esprit encore plus irréligieux que celui de ceux qui le récusaient ; qu'il est arrivé, même, que certains le récusent dans le seul but d'empêcher l'erreur (le chiliasme).  Malheureuse vertu que le zèle, lorsqu'il est mal éclairé !

La conclusion de cette première note sera donc le lieu de souligner trois principes:

1) Certains anciens (comme Papias) s'appuyant sur des ouï-dire remontant à la Synagogue, ont fini par en partager les idées (chiliasme). Un tel errement met donc  en exergue le fait que, contrairement aux assertions romaines et byzantines, les traditions orales ne doivent pas s'ajouter à l’Écriture pour alimenter notre foi.
2) Des millénaristes estiment avoir dans l'Apocalypse (chapitre 20) une preuve suffisante en faveur de leur opinion. Il convient de leur répondre qu'il n'est pas légitime d'abuser de quelques versets isolés afin de fonder un dogme contraire à l'intelligence de la foi - que nous confessons avec tout le peuple de Dieu.
3) Enfin, les prétendus savants pensent être en droit d'arbitrer le sort de telles disputes, en décidant de la valeur des livres reçus. Il faut leur rappeler qu'en récusant l'interprétation abusive du passage d'un livre inspiré, nous n'entendons pas rejeter ce passage, ni le livre qui le contient.

A suivre...

Bucerian


Commentaires

Anonyme a dit…
La Tradition et la critique biblique

La permanence de la Foi de l'Église, malgré les dissensions, divisions et persécutions, est le signe de la Résurrection éternelle de son Chef, Jésus-Christ, ressuscité pour toujours et à jamais, puisqu'elle y est unie par le même Esprit, d'après Rom.6/9 et 8/11, entre autres.

Or, cette Foi est réglementairement formulée par le Symbole inaltéré de Nicée-Constantinople, credo recueillant, entre 325 et 381, les affirmations sommaires de professions antérieures, remontant à Pentecôte, Symbole dont le statut canonique a été irrémédiablement consacré au Concile de Chalcédoine, en 451.
De sorte que, les Écritures auxquelles son article pascal réfère sont, formellement, le Canon scripturaire, la liste commune des livres reconnus sans ambages, 66/72, voire 66/78, comme en font foi les articles 3 et 4 de la "Gallicana" et l'article VI de l'"Anglicana", dont incontestablement les 27 documents du Nouveau Testament.

Ensuite, matériellement, les versions impliquées, toujours par cet article pascal du Credo, sont le "Textus receptus" ou byzantin, dit de saint Chrysostome, pour le Nouveau Testament, la Septante, pour l'Ancien, et la Vulgate de saint Jérôme, pour la Bible complète. Ce sont, là, les Écritures, matériellement et formellement, auxquelles l'article pascal du Credo fait référence, en en confessant le rôle normatif ultime sur les questions de dogme et de morale chrétiennes.

C'est pourquoi, il est impossible pour tout chrétien d'oser tenter de rogner le texte scripturaire au nom d'une pseudo-science controuvée, s'il prétend encore tenir le Symbole de Nicée-Constantinople comme gage de l'authenticité chrétienne de sa Foi. A telle enseigne que, les critiques auto-proclamés ont le champ libre pour aller rejoindre les Marcion, Bultmann et autres gnostiques honnis aux poubelles de l'Histoire, sans plus nous inquiéter que les aboiements du Monde qui ont scandé mais non ralenti la marche triomphale de l'Église vers son Seigneur, dans l'attente fébrile de son Retour glorieux.

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