Annotations Credo # 43



Nous attentons la résurrection des morts et la vie du siècle à venir



Après avoir rappelé la magnifique assurance du Salut que nous avons par la foi en Jésus-Christ, le Credo tourne nos regards vers l'attente de la félicité qui nous est réservée. Le domaine de ce salut étant au-delà de l'Histoire et du monde présents (1), il n'est pas question d'en espérer la jouissance ici-bas autrement que par l'espérance (2). Pourtant, contrairement à ce qui existe dans de nombreux mouvements apocalyptiques, cette attente n'est de nature ni démissionnaire, ni suicidaire (3). 


1. L'attente de la Résurrection

Certaines dénominations ont développé de laborieuses spéculations pour fonder une eschatologie riche en rebondissements. Certaines n'hésiteraient pas à ériger ces opinions en articles de foi, veillant à ce que chacun admette que le Seigneur reviendra ressusciter certains morts et établir un règne terrestre de 1000 ans avant de ressusciter finalement tous les hommes pour les juger, etc.
Or les Écritures indiquent que nous sommes, depuis la manifestation du Christ, dans les derniers temps (Hébreux 1. 1-2/ Actes 2. 17, etc). Il y aura manifestement, dans cette dernière ligne droite, des derniers mètres, où les choses s'accélèreront et qui, pour cette raison, sont plus spécialement appelés "les derniers temps" (cf; 1 Timothée 4. 1). Mais nous sommes fondamentalement dans cette dernière ère, dans cette dernière dispensation et période de l'Histoire : aucun autre régime spirituel ne s’intercalera entre le temps de l’Église chrétienne (telle qu'elle existe et vit depuis la Pentecôte)  et l'éternité.
Le Credo nous enseigne très simplement ces choses, ici comme ailleurs (voir annotation n° 24) en reliant notre attente à la seule résurrection des morts et à la vie du siècle à venir. Tout autre attente nous apparaît fantaisiste; toute "dogmatisation" de telles attentes (leur affirmation dans une confession de foi ecclésiale) nous apparaît comme une tyrannie d'où ne peuvent manquer de procéder schismes et sectes.


2. L'attente de la vie à venir

Contrairement à l'impression que donnent actuellement nombre d'évêques et de pasteurs (dont la vocation consiste manifestement plus à dispenser un message humaniste et politique qu'à prêcher l’Évangile!), la vie chrétienne ne saurait consister en un activisme destiné à reconstruire ici-bas le paradis perdu. Un tel paradis ne serait d'ailleurs qu'un mirage et une dangereuse utopie, puisque, comme l'a joliment formulé Paul Claudel: "Quand l'homme essaye d'imaginer le paradis sur terre, ça fait tout de suite un enfer très convenable".
Combien de philosophes et de prophètes auto-proclamés ont ainsi prétendu établir la plus parfaite des communautés, en ne constituant rien d'autre au final que d'horribles fiefs pour le péché et les ténèbres?...
Ceci est dû au fait que l'homme ne prétend ériger de royaume divin ici-bas qu'en ignorant sa misère, le péché qui est en chacun - et qui est précisément le ferment de l'enfer!
Cela arrive, d'autre part, parce que les hommes pécheurs ne peuvent s'unir et œuvrer (comme à Babel) à leur "salut" commun qu'en excluant le Christ, dont la présence les divise (cf. Matthieu 10. 34, ss).
C'est ce qui explique, par exemple, l'une des règles maçonniques, de ne pas parler de "religion" entre "frères" (pour ne pas risquer de s'opposer). C'est en suivant une même philosophie qu'un penseur politique comme Jean-Jacques Rousseau préconisait de bannir de la cité quiconque refuserait le relativisme spirituel et resterait fidèle à l’Évangile des apôtres (Actes 4. 12).
Voilà où mène l'ignorance de la Loi de Dieu, par laquelle nous connaissons notre péché (cf. Romains 3. 19-20) ainsi que l’Évangile, par lequel nous est présenté le Sauveur et la seule porte du Ciel: Jésus-Christ, le Fils de Dieu.


3. L'attente dans la vie présente

Devant la fin de toute chose, la tentation peut exister de démissionner de la vie présente : préparer ses valises pour attendre la fin. C'est un énorme danger, d'abord parce qu'une telle démarche peut mener à des faillites personnelles et matérielles (combien de gens trop crédules ont-ils tout abandonné en imaginant que la fin du monde aurait lieu la semaine prochaine?...) mais aussi, parce qu'elle mène à des faillites collectives et spirituelles (combien de sectes ont été fondées, d'âmes déçues, d'hérésies érigées en dogmes, pour cette même raison?).
Beaucoup de gens dans l'histoire ont tourné le dos à la vie présente, abandonnant leur famille, voire leur travail... pour rien - sinon pour enrichir indûment des gourous qui vivaient sur leur dos!
Paul, dans ses épîtres aux Thessaloniciens (qui ont un contenu fortement eschatologique) met les fidèles en garde contre de tels discours (2Thessaloniciens 2. 2). Il nous remet en mémoire que si nous ne sommes pas de ce monde, nous vivons néanmoins dans ce monde, avec toutes les contraintes de la réalité à laquelle nous devons faire face, et que nous ne devons pas chercher à fuir au profit de folles spéculations (cf. 2Thessaloniciens 3. 10-11).

L'attente chrétienne, marquée par la grande mission d'évangélisation sur laquelle on reviendra, nous rappelle que notre cité est dans les cieux; mais cette cité n'est pas celle de l'irresponsabilité ou du suicide (qui sont en définitive autant de formes de défiance envers le Seigneur). La piété chrétienne authentique tourne nos yeux et nos cœur vers les cieux, notre patrie; elle ne retire pas pour autant nos pieds de la terre. 
Luther disait, avec une certaine sagesse, que : "Si on m'annonçait que la fin du monde est pour demain, je planterais quand même un pommier". Puisse notre conduite être telle en ce monde.


Bucerian

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