Des chiffres et des lettres : une hypothèse ?
Le nombre de la Bête, dans le livre de l'Apocalypse (chapitre 13), a fait couler beaucoup d'encre. C'est donc en toute humilité qu'il nous faut aborder un tel sujet. Dans cet article, je veux examiner l'hypothèse d'un nom Latin et apporter quelques éléments par lesquels ce nom pourrait (devrait?) être préféré à toute autre hypothèse.
Voici donc les quelques éléments de réflexion :
1. Saint Irénée faisait déjà le constat : lorsqu'on cherche, dans une liste de noms, celui dont les lettres ont la valeur 666 (isopséphie), on trouve rapidement... des myriades de possibilités (Lateinos, Titan, etc.) dont on ne peut sortir ensuite que par un choix plus ou moins arbitraire.
S'il est donc vain de vouloir faire sortir le nombre 666 d'un (seul) nom, est-il possible, inversement, de faire sortir un (seul) nom du nombre 666 ?
La réponse est négative pour le Grec, car le nombre 666 s'écrit, dans cette langue, avec trois consonnes (khi = 600 ; xi =60 ; stigma = 6). Il serait aussi illusoire d'aboutir à un (seul) résultat en additionnant d'autres lettres/chiffres (par exemple : tau /300+ sigma/200+rhô/100+nu/50+iota/10+delta/4+bêta/2), même en ne les utilisant qu'une fois chacune, car chaque lettre de l'alphabet Grec possède une valeur numérique - ce qui fait beaucoup de combinaisons, pour plus de vingt lettres !
De mêmes remarques peuvent être faites pour l’Hébreu.
Reste la possibilité d'une autre langue, connue de l'apôtre : le Latin.
2. Dans le Latin, en effet, seules 7 lettres ont une valeur numérique : I (1), V (5), X (10), L (50), C (100), D (500), M (1000). La valeur totale de ce septénaire est, donc : 1666.
Fait troublant : la somme des 6 premiers nombres de ce système est précisément 666.
3. On se demandera sans doute pourquoi mettre à part le "M" ( = 1000) de ce nombre (1666).
Éléments de réponse :
A) Logiquement :
1) Le millier est de facto l'intrus dans 1666, où seul l'ordre de la centaine, de la dizaine et de l'unité se correspondent.
2) Cette singularité est d'autant plus remarquable que dans le septénaire numérique en question, le 6 est composé de deux nombres (V + I). Idem pour le 60 (L + X) et pour le 600 (D + C). Seul le 1000 existe par lui-même, de manière parfaitement indépendante du reste - un peu comme Dieu face à la création.
B) Symboliquement :
1) Le M est le dernier chiffre de ce septénaire, et a donc une valeur sabbatique évidente (cf Genèse 2 : 2 / Hébreux 4: 4) . NB : Le 7, symbole de plénitude, est très important dans le livre de l'Apocalypse, qu'il structure d'ailleurs.
2) En outre (et cela ressort aussi du point A.2) le nombre 1000 symbolise la perfection divine (2Pierre 3: 8). NB : On retrouve cette symbolique dans le livre de l'Apocalypse lui-même (20:4).
On comprendra donc aisément que, pour écrire ce nom d'homme, créature du 6e jour, seules conviennent les 6 premières lettres/chiffres du septénaire Latin (à savoir : I, V, X, L, C, et D) dont la valeur, composite, est 666 - tandis que le 1000, indépendant du reste et qui a sa perfection en lui-même, est réservé pour exprimer l'éternité et l’aséité de la divinité, béatitude des élus.
4. On se demandera sans doute aussi s'il est raisonnable de chercher à trouver dans le Latin la signification d'un nombre qui est écrit, dans l'Apocalypse, en Grec.
Éléments de réponses :
La langue de l'Apocalypse est le Grec. Des termes Hébreux (langue de l'Ancien Testament) y sont aussi transcrits explicitement (cf. Apocalypse 9. 11). Dès lors, c'est bien plutôt si le nom devait être cherché dans ces langues bibliques, qu'on devrait se demander la raison de cette mystérieuse équivalence numérique.
Du reste, si le Latin n'est pas directement employé dans le Nouveau Testament, son usage n'en est pas moins mentionné (Jean 19: 20) et notamment pour identifier la marque et l'identité du souverain (cf. Matthieu 22: 21). Il n'est donc pas arbitraire d'y recourir.
5. La manière formelle d'écrire 666 avec les chiffres romains, est : DCLXVI. Comme cela ne veut rien dire, on pourrait être tenté d'en rester à une lecture idéaliste. Considérant ce qui a été observé au sujet de l'indigence de l'homme séparé de (et opposé à) l’Éternel (§ 3) son nom correspondrait simplement à sa nature composée, et à sa grandeur finie (notamment celle de sa richesse / 1Rois 10 : 14, qui constitue souvent le moteur et le prix de l'apostasie - Matthieu 4: 9 ; Jean 12: 1-6 ; Matthieu 26: 15 ; 1Timothée 6: 10, etc.)
Dans ce cas, l'intuition idéaliste qui voit dans le triple 6 de 666 le simple signe de cette indigence serait confirmée, mais en évitant l'erreur que commet habituellement cette école, c'est-à-dire, en évitant de confondre les chiffres (signes) et les nombres (valeurs) : un triple six (3 x 6 = 18) n'est pas un six-cent-soixante-six (666 / 3 = 222).
6. Toutefois, puisqu'il ne semble pas souhaitable d'enfermer la signification de l'Apocalypse dans le monde éthéré des idées, il convient de noter que la somme des 6 lettres sera toujours la même (666) quel que soit leur ordre. Une anagramme est donc possible. Or, à ma connaissance, le seul ordre dans lequel ces 6 lettres, utilisées une seule fois chacune, semble dire quelque chose (et non pas seulement quelque chose qui nous arrange), est : DIC LVX. Selon le dictionnaire, DIC signifie (à l'impératif, 2e personne) : montrer par la parole, dire, prononcer ; ou encore : fixer, établir. LVX (qui garde cette forme au vocatif) signifie la lumière - qui peut s'entendre au sens propre, comme au figuré.
Voici donc les quelques éléments de réflexion :
1. Saint Irénée faisait déjà le constat : lorsqu'on cherche, dans une liste de noms, celui dont les lettres ont la valeur 666 (isopséphie), on trouve rapidement... des myriades de possibilités (Lateinos, Titan, etc.) dont on ne peut sortir ensuite que par un choix plus ou moins arbitraire.
S'il est donc vain de vouloir faire sortir le nombre 666 d'un (seul) nom, est-il possible, inversement, de faire sortir un (seul) nom du nombre 666 ?
La réponse est négative pour le Grec, car le nombre 666 s'écrit, dans cette langue, avec trois consonnes (khi = 600 ; xi =60 ; stigma = 6). Il serait aussi illusoire d'aboutir à un (seul) résultat en additionnant d'autres lettres/chiffres (par exemple : tau /300+ sigma/200+rhô/100+nu/50+iota/10+delta/4+bêta/2), même en ne les utilisant qu'une fois chacune, car chaque lettre de l'alphabet Grec possède une valeur numérique - ce qui fait beaucoup de combinaisons, pour plus de vingt lettres !
De mêmes remarques peuvent être faites pour l’Hébreu.
Reste la possibilité d'une autre langue, connue de l'apôtre : le Latin.
2. Dans le Latin, en effet, seules 7 lettres ont une valeur numérique : I (1), V (5), X (10), L (50), C (100), D (500), M (1000). La valeur totale de ce septénaire est, donc : 1666.
Fait troublant : la somme des 6 premiers nombres de ce système est précisément 666.
3. On se demandera sans doute pourquoi mettre à part le "M" ( = 1000) de ce nombre (1666).
Éléments de réponse :
A) Logiquement :
1) Le millier est de facto l'intrus dans 1666, où seul l'ordre de la centaine, de la dizaine et de l'unité se correspondent.
2) Cette singularité est d'autant plus remarquable que dans le septénaire numérique en question, le 6 est composé de deux nombres (V + I). Idem pour le 60 (L + X) et pour le 600 (D + C). Seul le 1000 existe par lui-même, de manière parfaitement indépendante du reste - un peu comme Dieu face à la création.
B) Symboliquement :
1) Le M est le dernier chiffre de ce septénaire, et a donc une valeur sabbatique évidente (cf Genèse 2 : 2 / Hébreux 4: 4) . NB : Le 7, symbole de plénitude, est très important dans le livre de l'Apocalypse, qu'il structure d'ailleurs.
2) En outre (et cela ressort aussi du point A.2) le nombre 1000 symbolise la perfection divine (2Pierre 3: 8). NB : On retrouve cette symbolique dans le livre de l'Apocalypse lui-même (20:4).
On comprendra donc aisément que, pour écrire ce nom d'homme, créature du 6e jour, seules conviennent les 6 premières lettres/chiffres du septénaire Latin (à savoir : I, V, X, L, C, et D) dont la valeur, composite, est 666 - tandis que le 1000, indépendant du reste et qui a sa perfection en lui-même, est réservé pour exprimer l'éternité et l’aséité de la divinité, béatitude des élus.
4. On se demandera sans doute aussi s'il est raisonnable de chercher à trouver dans le Latin la signification d'un nombre qui est écrit, dans l'Apocalypse, en Grec.
Éléments de réponses :
La langue de l'Apocalypse est le Grec. Des termes Hébreux (langue de l'Ancien Testament) y sont aussi transcrits explicitement (cf. Apocalypse 9. 11). Dès lors, c'est bien plutôt si le nom devait être cherché dans ces langues bibliques, qu'on devrait se demander la raison de cette mystérieuse équivalence numérique.
Du reste, si le Latin n'est pas directement employé dans le Nouveau Testament, son usage n'en est pas moins mentionné (Jean 19: 20) et notamment pour identifier la marque et l'identité du souverain (cf. Matthieu 22: 21). Il n'est donc pas arbitraire d'y recourir.
5. La manière formelle d'écrire 666 avec les chiffres romains, est : DCLXVI. Comme cela ne veut rien dire, on pourrait être tenté d'en rester à une lecture idéaliste. Considérant ce qui a été observé au sujet de l'indigence de l'homme séparé de (et opposé à) l’Éternel (§ 3) son nom correspondrait simplement à sa nature composée, et à sa grandeur finie (notamment celle de sa richesse / 1Rois 10 : 14, qui constitue souvent le moteur et le prix de l'apostasie - Matthieu 4: 9 ; Jean 12: 1-6 ; Matthieu 26: 15 ; 1Timothée 6: 10, etc.)
Dans ce cas, l'intuition idéaliste qui voit dans le triple 6 de 666 le simple signe de cette indigence serait confirmée, mais en évitant l'erreur que commet habituellement cette école, c'est-à-dire, en évitant de confondre les chiffres (signes) et les nombres (valeurs) : un triple six (3 x 6 = 18) n'est pas un six-cent-soixante-six (666 / 3 = 222).
6. Toutefois, puisqu'il ne semble pas souhaitable d'enfermer la signification de l'Apocalypse dans le monde éthéré des idées, il convient de noter que la somme des 6 lettres sera toujours la même (666) quel que soit leur ordre. Une anagramme est donc possible. Or, à ma connaissance, le seul ordre dans lequel ces 6 lettres, utilisées une seule fois chacune, semble dire quelque chose (et non pas seulement quelque chose qui nous arrange), est : DIC LVX. Selon le dictionnaire, DIC signifie (à l'impératif, 2e personne) : montrer par la parole, dire, prononcer ; ou encore : fixer, établir. LVX (qui garde cette forme au vocatif) signifie la lumière - qui peut s'entendre au sens propre, comme au figuré.
L'Antichrist se présenterait donc dans l'histoire comme la lumière du monde, à qui les hommes aveugles demandent la parole de vie - appropriation sacrilège des prérogatives divines du Christ (cf. Jean 6. 68 / 8: 12).
7. Jusque là, l'hypothèse DIC LVX, qui a été reçue par certains commentateurs (comme Ambroise Autpert, Haymon d'Auxerre ou encore Rupert de Deutz *), ne ferait que confirmer ce que nous savions déjà, par le reste des Écritures, sur l'ennemi du Christ (cf. 2 Thessaloniciens 2: 4 / Jean 5: 43 / 2Corinthiens 11: 14...). Loin de tout "scoop" fracassant, cette sobre harmonie avec le reste des enseignements bibliques est sans doute à ajouter au crédit de cette interprétation.
Finalement (comme tout lecteur de l'Apocalypse en a l'intuition) le plus intrigant n'est donc pas tant dans ce que nous dit ce nom, que dans la manière dont ce nom est exprimé. D'où cette dernière question : pourquoi l’Écriture aurait-elle exprimé un tel nom de blasphème par l'instrument d'un langage - le Latin - qui n'est plus guère en usage aujourd'hui que dans le minuscule État du Vatican ?...
Bucerian
7. Jusque là, l'hypothèse DIC LVX, qui a été reçue par certains commentateurs (comme Ambroise Autpert, Haymon d'Auxerre ou encore Rupert de Deutz *), ne ferait que confirmer ce que nous savions déjà, par le reste des Écritures, sur l'ennemi du Christ (cf. 2 Thessaloniciens 2: 4 / Jean 5: 43 / 2Corinthiens 11: 14...). Loin de tout "scoop" fracassant, cette sobre harmonie avec le reste des enseignements bibliques est sans doute à ajouter au crédit de cette interprétation.
Finalement (comme tout lecteur de l'Apocalypse en a l'intuition) le plus intrigant n'est donc pas tant dans ce que nous dit ce nom, que dans la manière dont ce nom est exprimé. D'où cette dernière question : pourquoi l’Écriture aurait-elle exprimé un tel nom de blasphème par l'instrument d'un langage - le Latin - qui n'est plus guère en usage aujourd'hui que dans le minuscule État du Vatican ?...
Bucerian
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(*) Bossuet a également intégré cette hypothèse dans son système, mais en altérant le mot pour donner "Diocletien".
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