Sur l'Incarnation

 


Nous ne croyons pas seulement que le Fils de Dieu soit vrai Dieu, mais encore qu'il a été fait homme. Comment décrire ce mystère, sans le trahir ?

1) On ne doit pas pas envisager cette incarnation sous le prisme du changement. Au XIXe siècle, les "kénotistes" ont forgé l'erreur selon laquelle le Fils avait concrètement cessé d'être Dieu pour devenir homme.
Or, Dieu étant immuable (Malachie 3: 6), si un tel changement avait été opéré dans la Personne du Fils, cela voudrait simplement dire que celui-ci n'a jamais été vraiment Dieu - retour à l'arianisme. Une telle approche constitue donc, in fine, une négation de l'Incarnation. Contre de telles idées, l’Écriture affirme simplement que Jésus-Christ est le même hier, aujourd'hui et éternellement (Hébreux 13: 8).

2)  Si le Fils reste toujours le Dieu vivant, éternel et tout-puissant, cela veut-il dire que l'Incarnation doive être pensée en termes d'apparence, ou d'illusion ?
Cette tentation très ancienne de nier tout ou partie de l'humanité du Sauveur (corps, âme, ou parties de l'âme) a été déclinée à divers degrés, et de façon plus ou moins subtile, depuis les docètes jusqu'aux monothélites du pape Honorius Ier, en passant par Apollinaire de Laodicée...
Il s'agit là aussi d'une négation de l'Incarnation à laquelle l’Écriture contredit, toujours très simplement, en soulignant que le Sauveur a dû être rendu semblable en toutes choses à ses frères (Hébreux 2: 17).

3) Enfin, la dualité des natures (divine et humaine) du Christ ne doit pas nous conduire à la dissociation entre l'homme de Nazareth et le Fils de Dieu.
Cette erreur, dite nestorienne, est également une négation de l'Incarnation, car elle revient à dire que celui qui est né de la Vierge, qui a souffert et qui a été crucifié sous Ponce Pilate, n'était pas la seconde personne en Dieu, mais une personne humaine plus ou moins unie à Dieu.
Au contraire, dans les Écritures, Jésus de Nazareth peut dire ces paroles merveilleuses: Avant qu'Abraham fut, je Suis (Jean 8: 58).

L'Incarnation consiste donc en l'unique et sublime union, sans changement ni mélange, des natures divine et humaine, en la personne du Fils de Dieu.
Telle est la doctrine défendue par les grands conciles christologiques (Éphèse, Chalcédoine, Constantinople II et III), et dont les assertions, loin d'épuiser ce grand mystère de la piété (1 Timothée 3: 16) posent les balises de l'orthodoxie.

On comprend ici l'importance vitale que revêt ce mystère (Hébreux 2: 1-4). On comprend aussi l’absurdité blasphématoire qu'il y a dans le fait de prétendre trouver ou rencontrer Dieu en dehors du Christ (Jean 14: 6).

Bucerian

Commentaires

Domus a dit…
Il ne nous est pas loisible de lever entièrement le voile dont Dieu entoure ses mystères. D’ailleurs, un mystère que l’on pourrait expliquer ou démontrer, autrement dit, qui se prêterait aux exercices de la raison pour aboutir à des conclusions, ne serait plus un mystère.
C’est donc uniquement par la foi que nous pouvons nous saisir du mystère de l’Incarnation, et cela en vertu de notre élection qui est pure Grâce. Transformés par le renouvellement de notre intelligence (Ro.12.2), nous sommes devenus capables d’accepter par la foi ce que les limites de notre raison nous empêchent de concevoir – et cela doit nous suffire (2 Cor. 12.9).
Anonyme a dit…
Le défaut général de hérésies christologiques, c'est qu'elles ne suivent pas le Credo: "Nous croyons en un seul Seigneur Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, consubstantiel au Père, qui s'est fait homme". En d'autre termes, elles assoient leurs approches à partir de la distinction des natures, au lieu de poser leur fondement autour de l'unité de la personne. Car, la personne est le caractère propre, exclusif d'une réalité, à laquelle peuvent attribuées diverses qualités, identités, natures.

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