Annotations sur le Credo (30)


Nous croyons l’Église (...)



D'aucuns se réjouissent aujourd'hui, en constatant la déchristianisation (et donc aussi la décadence) des nations occidentales, comme si cela faisait du christianisme un fait humain, avec son début, son apogée et sa fin; fondement d'une civilisation comme une autre. On comprend que des athées se réjouissent de ce mirage et s'en servent pour tenter de renverser l'espérance qu'ils envient aux saints.
Pourtant, nous avons en l’Écriture des promesses fermes et dignes de foi, à savoir qu'il y a une seule sainte Église (dont chaque fidèle est un membre), qui subsistera toujours:
- Et voici, je suis toujours avec vous jusques à la fin du monde (Matthieu 28: 19).

L’Église est l’œuvre du Saint Esprit; elle est, à proprement parler, l'assemblée des élus: non seulement ceux qui vivent actuellement sur la terre mais aussi de tous ceux qui ont vécu et qui ne sont véritablement connus que de Dieu seul.
Pour cette raison, l’Église est un fait invisible et un article de foi ( = nous croyons qu'il y a une Église), qu'il faut cependant distinguer du fondement de notre foi ( = nous croyons en l’Église).

Il est vrai que l’Église se manifeste malgré tout, ou qu'elle devient visible, localement, par la prédication de l’Évangile et la célébration sacramentelle qui est faite de celui-ci, parmi ses membres. Toutefois, la communauté visible peut comprendre des hypocrites et des Judas qui, s'ils sont temporairement dans l’Église, ne sont pas de l’Église et sont destinés à en être retranchés.
Nous ne croyons pas en l’Église invisible (composée des seuls saints élus de Dieu); loin s'en faut donc que nous croyions en l’Église visible, remettant sans réserve notre jugement et discernement entre les mains d'hommes, fussent-ils les plus éminents évêques, qui ne sont peut-être que des loups ravisseurs!

S'il reste vrai, donc, qu'il convient de rendre à l’Église visible l'honneur qui lui est dû, d'y prendre part et d'estimer ses membres avec un jugement de charité, cela ne peut et ne doit se faire que dans la mesure où l'on y prêche et célèbre fidèlement et exclusivement le véritable Évangile (Galates 1: 8-9).

En tout cela, il ressort clairement que l’Église de Dieu n'est ni un État, ni une somme d’États gouvernés par des lois chrétiennes; c'est au contraire (comme l'annonce le psaume 117) un peuple spirituel et saint composé d'hommes et de femmes de toutes nations, de tous peuples, de toutes langues, qui ne diffèrent de leurs contemporains que par l'Esprit qui habite en eux, et qui jamais ne s'éteindra.
Est-il vrai que la majorité des hommes composant les nations d'Europe ou d'Occident peut apostasier et se perdre dans la plus consternante décadence?
Probablement.
Est-ce que la fin de ces empires signifierait la fin de l’Église?
En aucun cas. 


Bucerian

Commentaires

Anonyme a dit…
Nous croyons l'Église UNE (unité) et Catholique (multiplicité). Comment résoudre cette contradiction, sinon en se référant à la Tradition du Credo (381) et de la Bible, lien commun entre toutes les dénominations chrétiennes? Or, cette Tradition, c'est celle du "juxta scriptura", qui soumet le Credo à la Bible, conformément à son article pascal. De sorte que, c'est la notion de Tradition, conforme aux Écritures, qui seule peut donner une explication valable de cet article, comme l'avait énoncé Luther, à Worms, en 1521, lorsqu'il a dit qu'il ne croyait pas aux papes ni aux conciles SEULS, sans l'Écriture, non pas qu'il ne croyait qu'à la seule Écriture. C'est, d'ailleurs, le mérite de la confession d'Augsbourg d'avoir préservé ce principe de la Tradition, normée par l'Écriture: "juxta scriptura". C'est, là, à mon humble avis, la meilleure exposition de cet article du Credo.

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