Livres carolins (II: 9): concernant les images à l'époque de Salomon
Les papistes aiment dire que le culte des images se justifie et trouve une origine dans les images qui existaient sous le règne de Salomon.
Voici la réponse que donnaient les théologiens francs, dans les Livres carolins (II: 9), dont il a déjà été question sur notre blog:
Que l'adoration des images ne puisse être justifiée par le fait que Salomon ait placé des bœufs et des lions dans le temple, contrairement aux rêveries de ceux qui aspirent à l'adoration des images.
Il est écrit que Salomon plaça des bœufs et des lions dans le temple (cf. 1Rois 7: 25-26 & 10: 19-20). Nous savons, selon l'enseignement de l'Apôtre, que la Loi doit être comprise spirituellement et que ces figures nous instruisent sur certains mystères cachés. Mais ceux qui aiment l'adoration des images cherchent, par leur propre vanité, à donner du crédit à leur erreur.
Nous, nous sommes enseignés par un sens mystique ; eux, au contraire, sont affermis dans l’ampleur de leur erreur. Nous, nous sommes avertis par l’ombre pour rechercher la vérité ; eux, trompés, prennent un acte bien accompli comme une autorisation pour quelque chose qui ne doit pas être fait.
Pourquoi donc, fils de David, pourquoi, ô roi d'Israël, pourquoi, ô le plus sage des sages, as-tu fait ces statues ? « Je les ai faites, » répond-il, « non pas pour qu’elles soient adorées, mais pour qu’elles signifient quelque chose de mystique ; non pas pour favoriser l’erreur, mais pour révéler les secrets des mystères ; non pas pour être une occasion de chute pour les esprits aveugles, mais pour suggérer quelque chose de grand à ceux qui scrutent les choses subtiles avec subtilité. »
Si l’on devait donc blâmer quelqu’un parce qu’un mauvais exemple est tiré de ce que j’ai bien accompli, alors il faudrait tout autant blâmer le législateur lui-même qui, ayant élevé en évidence ce qui était nécessaire au regard de tous, permit ensuite que la volonté dévoyée des hommes en fasse un usage perverti.
Nous ne rejetons donc pas absolument les images qui ont été créées pour rappeler les événements passés ou pour orner les basiliques, d’autant plus que nous savons qu’elles ont existé à l’époque de Moïse et de Salomon, bien qu’elles aient alors pris la forme de figures symboliques. Mais nous réprouvons leur adoration, qui est à la fois excessive et, plus encore, superstitieuse, car nous ne trouvons nulle part qu’une telle pratique ait été instituée par les patriarches, les prophètes, les apôtres ou les hommes apostoliques.
Mais revenons à notre propos : Salomon plaça des bœufs et des lions dans le temple, parce que le Christ a établi dans l’Église les apôtres et leurs successeurs. Selon la pensée du bienheureux Grégoire, ceux-ci sont, par leur humilité, compagnons des justes qui agissent bien, et, par leur zèle pour la justice, vigoureux adversaires des fautes des pécheurs. Ainsi, la douceur du bœuf doit porter les uns, tandis que la fermeté du lion doit piquer les autres.
On peut observer ces deux aspects chez le pasteur de l’Église : il adoucit Corneille (cf. Actes 10), venu humblement à lui, par des paroles bienveillantes, mais il sévit sévèrement contre Ananias et Saphira (cf. Actes 5), coupables de fraude. Ainsi, les hommes saints adoptent parfois la douceur des bœufs, parfois la férocité des lions, car ils tiennent à la fois la verge, avec laquelle ils châtient sévèrement les forts, et le bâton, avec lequel ils soutiennent les faiblesses des plus fragiles.
Bucerian
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