Culture/ La littérature

 La littérature, sa définition et ses illustrations 

Dans sa poétique, Aristote décrit la fable comme imitation langagière du réel. Or, Hegel nous apprendra, plus tard, que le rapport essentiel de l'homme au monde et aux autres est de nature dialectique, foncièrement mû par l'opposition. Ainsi, la littérature consiste-t-elle en la représentation langagière d'une contrariété ou d'un conflit. Celle-ci procède au moyen de la description (roman/récit), du dialogue (théâtre) ou de l'évocation (poésie/chant). Le roman expose une action par la narration et l'assaisonne de portraits (description de personnages) ou de peintures (description des choses). La poésie use des mêmes artifices pour illustrer un état d'âme plutôt qu'une action. Le théâtre, quant à lui, présente un conflit au moyen du dialogue. Si la contrariété est surmontée, alors on obtient la comédie, si elle prévaut sur les protagonistes, nous débouchons sur la tragédie. L'intrigue la plus aboutie réside dans le dilemme. Car, il pose le problème de la liberté, fonds de la noblesse humaine. De sorte qu’en ce qui concerne la tragédie, l'Antigone de Sophocle et la Phèdre de Racine sont les chefs-d'œuvre du genre, de même que la Princesse de Clèves de Mme de Lafayette, pour le roman. Il n'est pas jusqu'à l'éloquence sacrée qui ne se mette de la partie, avec le Sermon sur la mort de Bossuet, en indiquant la Personne du Christ ressuscité comme unique dénouement à l'énigme que pose l'existence humaine. Par ailleurs, il semble que la comédie ait atteint son zénith avec Le Misanthrope, puisqu’en dépit que la contrariété ait eu raison des protagonistes, les effets de celle-ci sont trop bénins pour déclencher un drame. Quant à la poésie, Une Charogne , de Baudelaire, paraît bien en avoir atteint les limites, compte tenu du tour de force que constitue l'agrément de l'évocation de l'horreur. En résumé, la littérature n'est rien d'autre qu'un discours de fiction mû par la notion de contrariété. Tout le reste n'est que rhétorique...

Athanasius

Commentaires

Anonyme a dit…
Bibliographie sommaire

- Aristote. Poétique. Belles-Lettres
- Hegel. Propédeutique. Editions de Minuit.
- E. Germain. L'Art de commenter une tragédie. Foucher
- Sophocle. Antigone
- Racine. Phèdre
- Mme de Lafayette. La Princesse de Clèves.
- Baudelaire. Une Charogne/Fleurs du mal
- Balzac. Gobseck
- Bossuet. Sermon sur la mort.

Anonyme a dit…
Regard sur les discours de fiction: littérature, cinéma ou théâtre...
Sans poser au Pococurante du Candide, d'aucuns accueilleront la remarque,
selon laquelle la notion de dilemme représente le faîte de toute oeuvre
d'imagination profane, à proprement parler. En effet, le dilemme découvre
l'éminente dignité de l'homme: sa liberté. Car, cette capacité d'auto-détermination
affirme la souveraineté du sujet, comme le récit génésiaque en fait foi, entre autres
Or, c'est justement cet aspect, en dernière analyse, injustifiable du choix
humain, qui a été mis en scène avec bonheur par un Sophocle, pour sa gratuité
sociale, en Antigone. Ensuite, de façon plus concentrée, chez un Racine, la transe,
le vertige du choix culmina, sous l'angle moral, par Phèdre, continués dans le
Roman, pour la Princesse de Clèves, de Mme de Lafayette.
De tout évidence, nous nous abstiendrons de mentionner Shakespeare dans la
liste, puisque si, en Hamlet, la notion du dilemme est illustrée par le fameux
monologue, il n'en demeure pas moins que ce théâtre n'est jamais mû par ce
ressort, puisque les personnages de ces drames sont tous à moitié fous, inaptes à
toute décision lucide, nerf du dilemme. Ce qui relègue cette oeuvre à de simples
numéros de cirque, pour érudits, certes, mais cirque quand même, dont les jeux de
massacre n'arrivent pas-beaucoup s'en faut-à la cheville de la tragédie racinienne.
Néanmoins, la noblesse de toute narration de fiction, consacrée par ces auteurs,
a été pulvérisée par le génie d'un Balzac, en sa nouvelle "Gobseck", que le
tourangeau démonte avec brio, en montrant le caractère essentiellement
économique de toute attitude humaine. C'est cette démonstration qu'entérinera
un Marx, à la suite de sa fine analyse de la dialectique sociale de Hegel.
C'est pourquoi, la liberté, tant chantée par un Descartes et un Sartre, dont le
Roquentin avait promu l'expression, au sein de l'oeuvre artistique, sombre-t-elle
dans une insignifiance pire que n'aurait jamais pu le croire un Buridan, entraînant
en sa chute tout discours de fiction, réduit qu'il est au banal rôle de rhétorique au
service des puissants, de propagande des exploiteurs, afin de conforter leur
pouvoir, au moyen de l'aliénation idéologique des masses…
***
Bibliographie
Camus, Albert. Discours de réception du prix Nobel
Brunetière. Balzac
Lanson. Histoire de la littérature française
Germain, F. l’Art de commenter une tragédie. Foucher. Paris. 1962

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