Jacques a dit: La foi et les oeuvres / partie 5 / Conclusion

 


 La foi contre la crédulité


Jean Calvin reprochait aux papistes de brandir hâtivement st Jacques dans le but de détruire l’Évangile et la paix des âmes plutôt que pour défendre l'orthodoxie. Pour montrer combien le Réformateur raison, nous considérerons ici à quoi a conduit la lecture romaine, et combien ce fruit est contraire à la foi de toujours.

Le Credo de l’Église indivise nous conduit en effet à croire (ou se confier) EN Jésus-Christ qui, pour nous les hommes et pour notre Salut, s'est fait homme, a souffert et a été enseveli, etc.
Ce Christ nous est ensuite rendu présent par l'Esprit seigneurial, qui crée la vie, et ce au moyen que confesse l’Église dans ce même Credo, à savoir par le moyen de la Parole (il a parlé par les prophètes), dont le baptême est le sceau. Mais que fait cette Parole (cf. Jacques 1: 18), sinon susciter la foi dans le Christ en qui nous devons (et disons) croire? Et que rencontre-t-elle, sinon cette foi qu'elle crée en nos cœurs? Là, nous avons le pardon des péchés, et donc aussi la béatitude éternelle (cf. Romains 4: 7-8). Ainsi, tout notre Salut repose en Christ et son œuvre parfaite - que nous possédons par le seul moyen de la foi; et tant que notre foi regarde ainsi au seul Christ, notre béatitude est assurée. Au contraire, sitôt que notre regard se pose ailleurs, nous périssons. Voilà la cohérence de la foi; voilà ce que Rome a condamné au nom d'une lecture de st Jacques non moins superficielle que celle de Novatien avec l'épître aux Hébreux, ou que celle des chiliastes avec l'Apocalypse...
Cette lecture consistait à abolir les termes de la justice évangélique (celle de la foi: Romains 1: 16-17) pour rétablir les termes de la justice légale (cf. Romains 10: 5); c'est-à-dire qu'elle consistait à rendre impossible (de l'avis même de st Jacques!) toute possibilité d'être reconnu Juste (cf. Jacques 2:10). Quelle paix l'âme croyante pouvait-elle retirer de cette justice impossible ? Aucune!
De là, il n'est pas étonnant que ce nouvel évangile ait conduit à un nouveau Credo, dont les termes n'étaient plus nous croyons en Jésus-Christ, mais: nous croyons en notre obole, par laquelle l'âme s'envole.
Voilà le faux évangile et le Credo inouï que vint à vomir l'esprit du dominicain Tetzel, de la part de son maître le Pape. Voilà l'évangile romain qui, depuis Luther, n'a subi que des arrangements cosmétiques. En résumé: retirez l’Évangile du salut par la foi seule, et seule restera celui de l'extorsion de fonds, par la crédulité seule.

Conclusion

Dans cette série, nous avons vu que le son des mots ne pouvait être employé contre le sens de la foi;  que la divine autorité de st Jacques ne saurait effacer la spécificité pratique de sa diatribe; que st Jacques y concède le nom de "foi" à ce qui n'est pas proprement la foi; que le rôle qu'il donne aux œuvres corrobore la doctrine protestante - ainsi d'ailleurs que les exemples d'Abraham et de Rahab, par lesquels il illustre son propos.

Bucerian

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