Jacques a dit: la foi et les oeuvres / Partie 4



La jurisprudence Abraham

Pour prouver que la vraie foi (justifiante) est celle qui se signale par des œuvres (2:24), st Jacques produit deux exemples: celui d'Abraham et de Rahab.

Abraham: Les faits relatés par Moïse, dans la Genèse, sont d'une clarté imparable: Abraham fut d'abord justifié par la foi (15: 6) et il produisit ensuite la preuve de sa foi par son œuvre, à savoir le sacrifice d'Isaac (22: 16). Cela s'accorde avec le rôle que st Jacques attribue lui-même aux œuvres (2:18) autant que cela interdit de faire de cette œuvre la cause de la justification.
Si st Jacques affirme que le patriarche fut justifié par son œuvre (v. 21) c'est donc dans le sens où nous l'avons expliqué précédemment (Partie 3 [*]), ou plutôt au sens où il l'explique lui-même (v. 23) - à savoir que dans l’œuvre d'Abraham, la réalité de sa justification est devenue aussi manifeste que la cause de celle-ci; et cette cause, c'était la foi.
La leçon de st Paul confirme cette lecture. D'abord, parce que si le sacrifice d'Isaac avait causé la justification d'Abraham, on ne comprendrait pas que st Paul n'en fasse aucune mention dans l'épître aux Romains - qu'il consacre pourtant à la présentation complète de cette doctrine. Ensuite, parce que l'apôtre y souligne le fait qu'Abraham fut justifié avant d'être circoncis (Genèse 15: 6 / 17: 7), et tire de cet ordre chronologique la preuve irréfutable que la circoncision n'a pas pu justifier Abraham (Romains 4:9-11). Si le sacrifice d'Isaac, encore postérieur à la circoncision, avait causé la justification ou le salut d'Abraham, tout l'argument de st Paul tomberait en ruines.

Rahab: L’Écriture rapporte que toute la ville de Jéricho partageait le corps de croyances auquel st Jacques (v. 19) accorde improprement le nom de foi (cf. Josué 2: 10-11). Cette sorte de foi ne leur a pas plus accordé un bon témoignage auprès de Dieu, qu'elle ne les a poussés à faire quelque chose de bon. Seule Rahab eut cette foi-confiance qui s'empare des Promesses et qui revendique la Miséricorde de Dieu. Cette foi est résumée dans les mots évocateurs de Rahab aux envoyés: Qu'il en soit selon vos paroles (v 21). Et parce que cette foi est vivifiante, elle féconde aussi des œuvres vivantes - comme celle que nous lisons dans Josué (2: 12, ss).
Tout cela est corroboré par l'épître aux Hébreux (11: 17 & 31) qui ne nous dépeint pas la vraie foi comme une chose lacunaire qui recevrait sa vie des œuvres, mais comme ce qui reçoit tout le salut (v. 39) et qui donne vie aux œuvres dans lesquelles elle reluit.

En résumé: st Jacques ne veut pas que nous nous enfermions dans un raisonnement trompeur (cf. 1: 22) consistant à nous dire: Je crois tous les articles du Credo, donc, je suis dispensé des œuvres. Une telle foi, nous dit-il, ne sauve personne; son refus de pratiquer les œuvres la démasque même comme une hypocrisie. Telle était la pensée de st Jacques et de tous les apôtres. Telle est notre conviction. Tel est l'enseignement du Seigneur: Si quelqu'un est enfant d'Abraham (et non pas: afin que quelqu'un le devienne), il fera les œuvres d'Abraham (Jean 8: 39). Nous verrons en effet que cette compréhension est la seule qui s'accorde à la foi de l’Église, de sorte que c'est par une rage aveugle et apostate qu'on a cherché à la remplacer par une autre.

A suivre...

Bucerian.

 

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(*) Si l’œuvre est sacrement de la foi justifiante, tout comme le baptême est sacrement de la Parole salutaire, on peut comprendre que st Jacques parle des œuvres comme si elles étaient la foi elle-même. Dans le même ordre d'idée, st Pierre parle aussi du baptême (il sauve) comme on parle de la Parole (cf. 1Pierre 3: 21). Cf. Confession de Westminster 27: 2.

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