Jacques a dit: la foi et les oeuvres / Partie 3


 Vous avez dit "œuvres"?

Nous avons vu que la diatribe de st Jacques ne parlait pas de la foi qui embrasse le Christ, mais d'une foi qui souscrit aux vérités chrétiennes. Il est bien évident que, seul, un tel corps de croyances est un cadavre incapable de vivifier qui que ce soit! St Jacques consent à appeler "foi" ce qu'il compare lui-même à un cadavre pour la même raison qu'il nous arrive de dire que telle personne est enterrée dans tel tombeau - quoiqu'à proprement parler, ce n'est pas la personne, mais seulement son corps, qui repose en ce lieu. Cette concession initiale dans la terminologie oblige st Jacques à requalifier le reste de son propos, autant qu'elle nous oblige à la plus grande prudence dans le maniement des termes employés.

Il manque en effet quelque chose à la "foi" décrite par st Jacques: c'est que l'Esprit de Dieu insuffle la confiance vivante dans ce corps de croyances. Une vraie foi, disons-nous "Ce n’est pas seulement une connaissance certaine (...) mais c’est aussi une confiance du cœur" (Catéchisme de Heidelberg, Q. 21). Toutefois, il ne faut pas oublier que st Jacques n'écrit pas un traité théorique sur la foi et la Justification, mais plutôt une exhortation pratique et morale destinée à nous pousser aux œuvres. Dans cette perspective, quoi de plus naturel pour lui que de nous parler de cette confiance justifiante par les fruits qu'elle porte nécessairement ?
Nous avons dit que Rome voyait une métonymie dans l'expression paulinienne "justifié par la foi" : la foi serait la partie par laquelle serait désigné le tout (la foi et les œuvres). Nous récusons cette glose aussi gratuite que contraire au propos de st Paul. En revanche, nous devons soutenir qu'une métonymie est présente sous la plume de st Jacques : l'effet (les œuvres) désigne la cause (la vraie foi).

Cette interprétation est-elle raisonnable ?
Pour l'affirmer, il faudrait démontrer que st Jacques s'accorde avec l'Apologie de la Confession d'Augsbourg pour dire que les œuvres sont comme les sacrements de la foi. Mais est-ce le cas? Le verset 18 répond par l'affirmative: les œuvres bonnes montrent la foi autrement invisible.
Mais de quelle foi parle-t-il ici ? S'agit-il de la foi improprement nommée - à savoir la connaissance que l'apôtre décrit comme un corps cadavérique et qu'il reconnaît aussi au diable (versets 14, 17 et 19)? Évidemment, non: si les œuvres montraient une telle "foi", elles signaleraient la damnation aussi bien que le salut.
La foi dont parle l'apôtre sans la nommer, ou plutôt en la nommant et en la déduisant par ses fruits (les œuvres) ne peut être autre chose que la réelle confiance du cœur par laquelle l'âme embrasse le Sauveur, et devient spirituellement vivante.

Les papistes peuvent-ils rejeter l'idée d'un trope dans ces lignes de st Jacques ? Pour cela, il faudrait qu'ils déclarent salutaire la juxtaposition d'une foi morte et d’œuvres qui, en soi, le sont tout autant (cf. 1Corinthiens 13: 3).
Caïn a "cru que" et a ajouté à cela l’œuvre de son sacrifice: en a-t-il été justifié? Pas davantage que ceux qui se borneront à suivre son exemple (cf. Matthieu 7: 22-23)! Par conséquent, dans notre passage de st Jacques, les papistes doivent admettre que le mot "œuvres" renferme (ou renvoie à) autre chose. Ils décrèteront que ce quelque chose est notre charité, censée former notre foi. Nous répondons que ce quelque chose est la confiance qui saisit réellement le Christ vivant, avec tous ses biens, d'autant que le salut résulte de la foi en celui que nous croyons.

Résumé : Le verset 18 de notre texte indique la fonction que st Jacques assigne aux œuvres: montrer la foi. Dès lors, toute la justice qui brille dans les œuvres est celle qui réside préalablement dans et par la foi.
Tel un bon fruit qui révèle le bon arbre (Matthieu 7: 20, ss), l’œuvre bonne montre la vraie foi et sa justice. Loin s'en faut qu'elle lui apporte une justice supplémentaire. Les exemples mentionnés par st Jacques confirmeront cette lecture.

A suivre...


Bucerian

Commentaires

Anonyme a dit…
Une foi formée par la charité, c'est une foi qui croirait en l'amour. Or, ce n'est pas la foi en l'amour qui sauve mais en Jésus-Christ. Donc, c'est la foi formée-actuée-par Jésus-Christ qui sauve. Or, Jésus-Christ a été fait pour nous justice et sanctification, selon I Cor.1/30, 6/11 et Tite.2/14, entre autres. De sorte que, nul ne peut affirmer qu'il est sauvé par la Foi sans amour, puisque le Christ a été fait, aussi, sanctification pour nous. C'est pourquoi, une Foi sans oeuvres est morte. Car, elle n'est pas formée par J-C mais par des idées: "tu crois QUE il y a un seul Dieu" (Jc.2/19). De même, une foi en Bouddha, Mahomet ou Krishna ne sauve pas non plus.

En définitive, ce n'est pas tant l'acte de Foi-non plus que son intensité, selon I Cor.13/2-qui sauve que l'OBJET qui actue cette foi: Jésus-Christ.

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