Jacques a dit: la foi et les oeuvres / Partie 2

Vous avez dit "foi" ?

Ce qui a été dit dans les précédents articles montre assez bien que notre intention n'est pas de "casser" l'autorité de st Jacques. Son inspiration est au contraire reconnue. Il n'est pas non plus question de corriger son propos à la lumière de st Paul (cela en reviendrait à nier son inspiration) mais de bien le comprendre - ce que l'absence de contradiction avec st Paul ne fera que vérifier.

Or, contrairement à st Paul qui entreprend de nous instruire sur la foi et sa vertu, st Jacques n'entreprend d'écrire que contre l'absence de vertu qu'il y a dans une simple prétention de foi : Mes frères, que servira-t-il à quelqu'un de dire qu'il a la foi, s'il n'a point les œuvres? (2: 14).
D'emblée, st Jacques envisage donc le dire plutôt que l'avoir; la prétention plutôt que la possession - étant entendu que les hommes peuvent se vanter de beaucoup de choses qu'ils n'ont pourtant pas (cf. 1 Jean 2: 9).
Si les personnes dont parle st Jacques ne mentent pas ouvertement lorsqu'elles revendiquent la foi, cette foi est néanmoins improprement nommée. En effet, la foi, (au sens fort) telle qu'on la trouve habituellement chez st Paul, c'est la foi-confiance du cœur; c'est le croire en (Romains 4: 6, etc.) - chose dont les démons sont absolument incapables. Or, dans notre passage de st Jacques, le terme de "foi" est concédé à la simple connaissance; c'est croire que (v. 19); c'est une "foi" dont les démons sont en effet capables (Luc 4: 41).
Croire en, contre croire que; si st Augustin n'avait pas souligné la différence entre ces deux choses, l'expérience profane nous l'enseignerait bien assez: croire que la Terre est ronde n'est pas la même chose que croire en la démocratie. Dans le premier cas, on souscrit; dans le second cas, on épouse.
St Jacques nous parle d'une foi dans le premier sens (la souscription de l'intelligence); st Paul nous parle de la foi dans le second sens (la confiance du cœur dans les promesses qui nous sont faites en Christ).
Si les paroles de st Jacques n'indiquent pas que la foi dont parle st Paul a besoin d'être parfaite par des œuvres, c'est parce qu'il ne parle simplement pas de la même foi (ou qu'il ne parle pas de la foi dans le même sens) que lui.
St Paul parle de la foi du cœur, qui se confesse de la bouche (Romains 10: 10); st Jacques parle d'une foi cérébrale dont se targue la bouche. Que ces paroles creuses ne servent à rien (cf. v. 15-16), ou que ceux qui font profession de connaître Dieu - mais qui le renient par leurs œuvres (cf. Tite 1: 16) ne soient pas sauvés, ce n'est pas Luther qui l'aura nié. Mais que la foi justifiante ne soit pas justifiante (ou que le Christ et l’œuvre de sa Croix, qui ne peut être saisi que par la foi, ne soit pas notre pleine et entière justice devant Dieu), cela est un dogme sacrilège qu'on ne trouvera pas chez st Jacques.

Notre série pourrait s'arrêter ici.
Pourtant, il n'est pas inintéressant de noter quel rôle st Jacques attribue aux œuvres - et quelles conclusions ce rôle entraîne.

A suivre...

Bucerian

Commentaires

Anonyme a dit…
L'unique Foi réelle s'attache à la Personne à laquelle elle croit, intelligence et volonté, croyance ET confiance. De sorte que, croire une vérité, c'est plutôt une opinion qu'une foi.

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