Fixité du dogme
Vers 125 ap. Jésus-Christ:
"Je crois en] un seul Dieu, [Père] Tout-puissant ('Très-Haut), créateur du ciel et de la terre (de toutes les choses visibles et invisibles) ; [en] son Fils Jésus-Christ, qui est descendu du ciel pour le salut des hommes, s'est manifesté dans (par) le Saint-Esprit, a pris chair de la (d'une) Vierge (Marie / hébraïque / sainte),s'est choisi douze disciples,selon l'économie, a été crucifié (par les juifs), est mort, a été enseveli, est ressuscité le troisième jour (après trois jours), est monté aux cieux, [d'où il (re)viendra (pour juger les vivants et les morts)]~ [et en l'Esprit-Saint]!"
Aristide, Apologie, p.66.
Vers 160 ap. Jésus-Christ:
(...) au Père, souverain de l'Univers, et en Jésus Christ (notre
Sauveur), et au Saint-Esprit (Paraclet), et en la sainte Église, et en
la rémission des péchés.
Lettre des apôtres, version éthiopienne (apocryphe).
Vers 180 ap. Jésus-Christ:
En effet, l'Église, bien que dispersée dans le monde entier jusqu'aux
extrémités de la terre, ayant reçu des apôtres et de leurs disciples la
foi en un seul Dieu, Père tout-puissant, « qui a fait le ciel et la
terre et la mer et tout ce qu'ils contiennent », et en un seul Christ
Jésus, le Fils de Dieu, qui s'est incarné pour notre salut, et en
l'Esprit Saint, qui a proclamé par les prophètes les « économies », la
venue, la naissance du sein de la Vierge, la Passion, la résurrection
d'entre les morts et l'enlèvement corporel dans les cieux du bien-aimé
Christ Jésus notre Seigneur et sa parousie du haut des cieux dans la
gloire du Père, pour « récapituler toutes choses » et ressusciter toute
chair de tout le genre humain, afin que devant le Christ Jésus notre
Seigneur, notre Dieu, notre Sauveur et notre Roi, selon le bon plaisir
du Père invisible, « tout genou fléchisse au ciel, sur la terre et dans
les enfers et que toute langue » le «confesse» et qu'il rende sur tous
un juste jugement, envoyant au feu éternel les « esprits du mal » et
les anges prévaricateurs et apostats, ainsi que les hommes impies,
injustes, iniques et blasphémateurs, et accordant au contraire la vie,
octroyant l'incorruptibilité et procurant la gloire éternelle aux
justes, aux saints, à ceux qui auront gardé ses commandements et qui
seront demeurés dans son amour, les uns depuis le début, les autres
depuis leur conversion — : ayant donc reçu cette prédication et cette
foi, ainsi que nous venons de le dire, l'Eglise, bien que dispersée dans
le monde entier, les garde avec soin, comme n'habitant qu'une seule
maison, elle y croit d'une manière identique, comme n'ayant qu'une seule
âme et qu'un même cœur, et elle les prêche, les enseigne et les
transmet d'une voix unanime, comme ne possédant qu'une seule bouche.
St Irénée de Lyon, Contre les hérésies I.
Av. 207 ap. Jésus-Christ:
La règle de la foi est absolument une, règle seule immuable, n'admettant
aucune réforme; elle consiste à croire en un seul Dieu tout-puissant,
créateur du monde; en Jésus-Christ son Fils, né de la vierge Marie,
crucifié sous Ponce-Pilate, ressuscité d'entre les morts le troisième
|278 jour, reçu dans les
cieux, assis maintenant à la droite du Père, d'où il viendra juger les
vivants et. les morts par la résurrection de la chair. Tant que cette
loi de la foi demeure intacte, tout le reste, qui regarde la discipline
et la conduite, admet la nouveauté par une sorte d'amendement, sous la
direction de la grâce de Dieu qui opère et nous perfectionne jusqu'à la
fin.
Tertullien, Du voile des vierges, chapitre 1.
Vers 215 ap. Jésus-Christ:
* * *
La conclusion est que le principe du Credo a été a été reconnu depuis les apôtres (cf. Actes 8: 37). Quant à la forme et le degré de précision de celui-ci, elle a été libre puisqu'elle a varié dans la durée des trois premiers siècles: trinitaire en certains endroits, binaire en d'autres, etc.
Mais partout, toujours un même impératif: confesser le vrai Dieu et l'économie du Salut, récapitulés dans le baptême (Trinité/mort et résurrection du Verbe Incarné, dont nous attendons la venue pour le Jugement).
Vint de IVe siècle, époque de christianisation de l'empire (édits de Milan et de Thessalonique) entraînant la nécessité d'une clarification publique (dogme = loi): l'orthodoxie équivalente des différents textes confessionnels recevant alors une seule et unique forme, composée avec toute la précision requise, pour tout l’écoumène. Ce fut le Symbole de Nicée-Constantinople (325/381 ap. Jésus-Christ), solennellement ratifié par le concile de Chalcédoine (451 ap. Jésus-Christ).
L'expression suffisante de la foi de l’Église universelle s'étant cristallisée dans cet unique Symbole, toute entreprise de contestation/rejet/remplacement de cet héritage constitue de facto un attentat contre la clarté de la prédication apostolique, contre l'unité de l’Église et contre la paix des âmes.
NB: Cette fixité des contours de la foi est une telle marque de l'orthodoxie que le terme "protestant" ne signifie rien d'autre que "chrétien"; c'est-à-dire que les protestants sont à proprement parler les chrétiens - alors que Byzance, en raison de l'adjonction de son Horos sur le culte des images, et tous ceux qui ont suivi cette démarche d'inflation dogmatique (purgatoire, pape, etc.) ne sont chrétiens que dans la mesure où ils confessent la foi que nous protestons nous-mêmes (= le Symbole de l’Église indivise) étant, pour tout le reste, les dévots de traditions étrangères à la pure religion chrétienne.
Bucerian
Commentaires
Sans tomber dans le travers mythique de la composition du Credo par les douze apôtres, fable relatée par saint Ambroise et Rufin d'Aquilée, au IVe siècle, il ne semble pas excessif de deviner l'existence d'une formule consensuelle de reconnaissance mutuelle entre chrétiens, un proto-symbole de Foi, au tournant du second siècle, vers 85-115. Car, les indices que laissent la finale de l'Évangile selon saint Jean: Jn.21/25 (85-90 A.D), les propos de saint Clément de Rome (90 A.D), de saint Ignace d'Antioche (100 A.D), disciple de l'Apôtre bien-aimé, et de la "Didachè" (50-70 A.D) paraissent pointer vers un énoncé à armature trinitaire, comportant un développement historique de son article christologique.
D'ailleurs, l'hypothèse de l'existence d'un tel signe d'identification permet de comprendre le caractère exclusivement trinitaire du baptême, malgré la pauvreté de son attestation néo-testamentaire, Mt.28/19 et la théophanie synoptique du baptême du Christ, ainsi que la relative stabilité des diverses anaphores eucharistiques, retraçant l'Histoire christique du salut.
A ce titre, le témoignage de l'époque, voire de l'origine, apostolique du Credo, évoquée par saint Irénée, vers 170, ne paraît plus si farfelue, puisque ce même auteur avait fait état de l'existence d'un évangile gnostique, retrouvé seulement 1800 ans plus tard, en 1978 et authentifié, définitivement, en 1983: "l'Évangile selon Judas".
De sorte que, la thèse de l'élaboration précoce d'un Symbole informel de Foi à l'époque apostolique, comme ferment d'unité, est plus que recevable, même si, en définitive, cet énoncé ne fut exprimé canoniquement, que par le Symbole de Nicée-Constantinople, une fois la période des persécutions révolue, thèse d'autant plus pertinente qu'elle permet de relier l'affirmation de l'homousie nicéenne du Fils au tout début de la prédication apostolique, puisque le thème de la naissance virginale est une constante des multiples attestations de ce proto-credo, dont l'intention théologique est claire: la divinité paternellement dévolue du Fils de Dieu, Jésus-Christ: Luc.1/35, Jn.1/14. La Foi est, donc, toujours la même, puisque le Christ est le même, "semper idem", n'en déplaise aux gnostiques de tout acabit: Héb.13/8-9.