Remarques sur l'esprit de compromis



L’Église Réformée de France (devenue Église Protestante Unie de France) fut fondée en 1938, par l'union de Réformés "orthodoxes" et de libéraux.
Pour satisfaire chaque parti, l'assemblée constituante adopta une "Déclaration de foi" relativement orthodoxe, mais qu'elle fit précéder d'un préambule destiné à vider ladite Déclaration de toute autorité: "Sans vous attacher à la lettre de ses formules, vous proclamerez le message de salut qu’elles expriment..."
Or, une Déclaration sans sa lettre est à peu près aussi efficace qu'un couteau auquel on aurait retiré la lame et le manche.
Cette tare originelle allait permettre aux incroyants de faire de l’Église Réformée de France un véritable Titanic, et de l'amener dans des abysses jamais atteints en vingt siècles de christianisme. Voilà qui devrait interroger, sinon mettre en garde, tout fidèle tenté d'aller jouer avec ce funeste orchestre... 

On m'objectera peut-être qu'il est préférable de se joindre à l'Église Protestante Unie de France avec l'espoir de la faire changer de l'intérieur, que de rester isolé et ne participer qu'à la marginalisation sociale du protestantisme.
Je réponds qu'il vaut
mieux avoir des ecclésioles minoritaires dans le monde, que des fidèles minoritaires dans une fausse Église : une petite étoile peut en effet briller dans le vaste et sombre univers, mais aucun rayon ne sortira jamais d'un trou noir.
Car certains font les fiers et prétendent que leur participation à l’Église Unie aura pour résultat la victoire de l'orthodoxie en son sein. Comme si ceux qui n'ont pas les forces de constituer une communion orthodoxe allaient avoir les forces de conquérir une communion hérétique, dont la compromission fut l'acte fondateur ! Qu'ils nous parlent donc de leurs belles réussites, tous ces Attestants qui, au bout de presque dix ans, en sont toujours aux mêmes lamentations sur le supposé manque de représentation et sur les anomalies dans les synodes ! Et d'ailleurs, comment pourraient-ils faire triompher l'orthodoxie, ceux qui se gardent bien de nous dire exactement en quoi elle consiste ?...

Je finirai avec ces mots de Maxime le Confesseur - un homme qui, à quatre-vingts ans passés, préféra se faire arracher la langue et se faire couper la main que de tolérer l'hérésie.

"Si pour réaliser une économie (un compromis), on supprime la foi salvatrice en même temps que l'hérésie, on ne fait rien d'autre, par cette prétendue économie, , qu'amputer Dieu au lieu de le garder dans son unité (...).
C'est aussi ce que proposèrent les ariens, quand ils écrivirent au grand Constantin: Supprimons les mots "consubstantiel" et "de substance différente", et que les Églises s'unissent. Tel ne fut pas l'avis de nos Pères, inspirés par Dieu. Ils préférèrent être persécutés et mis à mort plutôt que de taire un mot révélateur de l'unique divinité (...). Aucun empereur ne put persuader les Pères, inspirés de Dieu, de consentir à un rapprochement avec les hérétiques par des expressions de compromis
" (*).

Que Dieu nous garde, afin que nous n'ayons pas à rougir, au jour denier, devant ces exemples qui devaient nous inspirer.

Bucerian

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(*) Maxime le Confesseur.
Relatio motionis, 4.
PG 90, col. 116-117.

Commentaires

Alain Rioux a dit…
D'autant que la profession LITTÉRALE du Symbole de Nicée-Constantinope (381) est le signe de reconnaissance incontournable du caractère chrétien de toute assemblée. Comment donc les libéralo-gnostiques pourraient-ils y souscrire, de bonne foi?
Domus a dit…
Pourquoi faut-il que ce soit toujours les mêmes – en l’occurrence, les libéraux – qui aient la mainmise sur le gouvernail du navire ? Parce que pas plus en 1938 qu’en 2015 (année où fut rendue licite la bénédiction des prétendus « mariages » homosexuels), les participants « orthodoxes » qui avaient accepté de se joindre aux libéraux dans les débats n’étaient des orthodoxes ! Avec de vrais libéraux et faux orthodoxes à la barre, comment le navire EPUdF aurait-il pu ne pas prendre l’eau de toute part et se diriger vers un naufrage certain ? Les Attestants, à la manière du Carpathia voguant à toute vapeur au secours du Titanic, ont mis leur chaloupe à la mer pour tenter de sauver ce qui peut l’être encore du navire en détresse. Mais ce ne sont pas les bouées de sauvetage, les biscuits et les couvertures de survie dont ils se sont munis qui le sauveront du naufrage mais seulement de vrais orthodoxes à la barre du navire.

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