25 juin 1530




Il y a 493 ans que nos prédécesseurs dans la foi ont présenté leur Confession et apologie devant les autorités de la plus grande puissance de leur temps : l'empereur Charles Quint et la diète impériale réunie autour de lui, à Augsbourg.
Cette Confession (sans doute le monument théologique le plus important de cette période) allait bientôt être reçue par l'ensemble des Églises protestantes. Mais avant, la Confession allait connaître une version imprimée, à laquelle son principal auteur (Philippe Melanchthon) ajouta comme entête le Psaume 119: 46: Je parlerai de tes préceptes devant les rois, et je ne rougirai point.

Cela nous rappelle la vocation du peuple chrétien à être témoin de Dieu et de son œuvre en ce monde.

1. Témoigner avec foi

Certes, contrairement aux apôtres, nous ne sommes pas, aujourd'hui, des témoins oculaires de Jésus-Christ. Nous sommes cependant en communion avec ces premiers témoins, et leur témoignage devient en quelque sorte le nôtre: nous contemplons dans les Écritures inspirées, par les yeux de la foi, le Dieu Trinité et son œuvre.
Ce Dieu est notre Roi; mais c'est un Roi dont les hommes réprouvés ne veulent pour rien au monde, et qu'ils rejetteront avec ses témoins. Plus encore: ils prétendront régner à sa place, surtout sur la conscience de ceux qui font profession de croire et de se soumettre au Dieu véritable.
Par les moqueries, les intimidations, les menaces, les invectives (et bientôt les sanctions pénales), tous les Nebucadnetzar de ce monde chercheront à ravir à Dieu la crainte qui lui est due, pour faire plier tous les genoux devant leurs idoles.
On indique ainsi qu'à Malte, des poursuites attendent ceux qui auront témoigné de leur apostasie envers le LGBTisme.
Au XVIe siècle, le clergé romain n'était pas moins féroce. Le Pape et ses hommes voulaient régner sur les âmes en lieu et place de Dieu.
Sans rien renier de la foi de l’Église indivise, les Réformateurs ont dû signaler que les lois et particularités qui avaient émergées (surtout en Occident, avec la "réforme" grégorienne) ne pouvaient pas lier les consciences, ni constituer une dispense d'obéir à notre Roi.
Pour Rome, affirmer cela était trop. C'était mériter le bûcher (auquel certains eurent d'ailleurs droit).
Mais la foi a rendu ces hommes hardis, intrépides et forts. Foi dans les promesses du Seigneur pour ses témoins (Ésaïe 43:1-5/ Luc 21: 16-18). Foi dans Sa main paternelle. Foi au Salut qu'il nous donne en Jésus-Christ.


2. Témoigner du Salut

Ce Salut, Dieu l'avait annoncé (cf. Ésaïe 43: 12). De tout cela, le peuple de Dieu est le témoin (témoignage qu'aucun autre peuple, qu'aucune autre religion ne peut produire en faveur de ses erreurs).
Ce Salut, Dieu l'a aussi réalisé en Christ:
Puis il leur dit: C'est là ce que je vous disais lorsque j'étais encore avec vous, qu'il fallait que s'accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes. Alors il leur ouvrit l'esprit, afin qu'ils comprissent les Écritures. Et il leur dit: Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu'il ressusciterait des morts le troisième jour, et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem.Vous êtes témoins de ces choses (Luc 24: 43-48).
Oui, le Christ est venu dans le monde et a ouvert les portes du Ciel à tous ceux qui croient en Lui (et ceux-là uniquement). Et parce que ce Jésus est le Fils unique engendré du Père, un seul Dieu avec et comme le Père, que "l'un de la Trinité a souffert" pour nous, témoigner de cela, c'est encore être témoins du seul vrai Dieu, notre Rédempteur (cf. Esaïe 43: 11).
Mais ce rôle de la foi soulève une question qui a été au cœur des controverses du XVIe siècle - et donc aussi de la Confession d'Augsbourg. C'est que Paul reconnaît que la foi est une vertu moins importante que la charité (1Corinthiens 13: 13).
Comment est-il alors possible qu'une moindre vertu obtienne le plus grand bien (le Salut) ?

3. Faux témoins: les partisans de l'auto-rédemption

Rome, ne pouvant concevoir une telle chose, a conclu que si l'homme est dit sauvé "par la foi", c'est au sens où la foi est le commencement du Salut de l'homme (Concile de Trente, 6e session / Denzinger 1532). Mais à cette première vertu s'ajoutent les autres  (la charité) qui, toutes ensemble transforment l'âme pour la rendre digne du Salut.

Mais ce que Rome ne réalise pas (ou ne veut pas reconnaître), c'est que par cette doctrine, elle ne fait qu'enseigner le Salut par la Loi, et par les œuvres de la Loi. Car la charité n'est autre que la substance ou le contenu de la Loi (Matthieu 22: 36-40).
De nos jours, hélas, des gens œuvrent à réintroduire au sein des Églises protestantes la pensée romaine. Ainsi, la Nouvelle Perspective sur Paul, qui prétend réduire la Loi aux œuvres rituelles pour sauvegarder un Salut (en partie) par les œuvres morales. De même, les errements du pourtant très baptiste et très conservateur John Piper, qui distingue Justification initiale et Salut final, pour leur donner deux fondements différents: la foi seule pour la première; la foi et ses œuvres pour le second. Autant de réchauffés de soupe papiste, où la foi n'est en définitive que le préambule du Salut par la Loi!


4. Orthodoxie: témoignage rendu au Sauveur

Il est donc vrai que la foi est en soi une vertu moindre que la charité. Et pourtant, c'est bien par son seul moyen qu'est reçu le plus grand des trésors: le Salut. La Confession d'Augsbourg l'affirme en son article 6, par ces mots de st Ambroise:
Il est résolu de Dieu que celui qui croit en Jésus-Christ sera sauvé, non par les œuvres, mais par la foi seule, en recevant gratuitement la rémission de ses péchés (cf. Romains 4: 5-8).
Comment donc une moindre vertu peut-elle obtenir le bien suprême?
Précisément, parce que ce n'est pas en tant que vertu que la foi reçoit le Salut, mais en tant que moyen.
Par exemple: une simple bouteille en verre n'est certainement pas d'un grand prix. En soi, son prix n'excède sans doute pas 20 centimes - alors que le cours de l'or ou d'autres matières précieuses et bien plus élevé.
Mais pourvu que la bouteille contienne un vin d'exception, son prix s'envolera. Non pas par sa valeur propre, mais par la valeur de ce qu'elle reçoit et épouse.
De même, la foi, en soi, ne nous mérite pas le ciel. L'homme est cependant dit "justifié par la foi" du fait que la foi est l'unique instrument permettant à l'âme de saisir le Christ et ses biens.
Parler de Salut par la foi seule, c'est donc affirmer qu'il n'y a eu qu'un seul Juste dans l'Histoire et que Lui seul est mon Sauveur lorsqu'il prend sur Lui mes fautes et me crédite, en échange, de Sa justice, de sa vertu, de son obéissance.

Une dernière remarque...

La confession d'Augsbourg a rendu ce témoignage, tout comme nous sommes appelés à le faire, avec toute l'implication personnelle imaginable.
Mais personnelle ne veut pas dire de façon individuelle. Au contraire, notre témoignage doit s'inscrire dans le giron de l’Église, le peuple témoin (cf. Esaïe 43: 21).
C'est aussi la raison pour laquelle notre Confession d'Augsbourg n'a pas seulement inscrit sa voix dans le chœur du sacerdoce universel en réaffirmant la doctrine du Credo (cf. Article 1) mais qu'elle a aussi scrupuleusement écarté la tentation des innovations, de sorte à ne pas risquer d'abuser du Nom de Dieu et de Sa Parole (conclusion 1ere partie).

Sage prudence, dont plusieurs sectaires se sont hélas écartés...

Bucerian

Commentaires

Anonyme a dit…
Au sujet de la Foi, conçue comme vertu, il faut quand même noter que cette conception remonte surtout à Thomas d'Aquin, qui a "aristotélisé" la théologie à outrance, en l'occurence au chapitre des "habitus", au point de rigidifier les affirmations scripturaires, en sollicitant trop des passages bibliques. Certes, l'apport de la philosophie dans l'Intelligence de la FOI (Credo) est utile mais la compréhension de texte l'est davantage. Or, on oublie trop souvent que la péricope de I Cor.13/13 est à considérer à l'intérieur du propos général de l'épître: la SANCTIFICATION, selon I Cor.1/1-9. A ce titre, les trois vertus théologales, la Foi, l'Espérance et la Charité sont à considérer comme dons sanctifiants de l'Esprit Saint, PAS comme moyens de salut. Car, l'épître aux Corinthiens n'a pas le même objet que celles aux Romains et aux Galates, dont le sujet est la JUSTIFICATION (Rom.1/16-17, Gal.1/8-9). De sorte que, si la Foi est l'organe réceptif du salut en icelles, la Charité et l'Espérance n'en sont que le résultat. C'est ainsi qu'il ne faut pas surestimer les dons sanctifiants de l'Esprit, qui ne sont que seconds quant au salut que SEULE la foi peut appréhender. Il serait bon que les docteurs se souviennent que la Sainte Écriture est une bibliothèque, dont l'unité de base est le livre biblique, pas une mosaïque, ou pire, une macédoine, de "morceaux choisis"...

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