Trame vétérotestamentaire et schéma eschatologique: une hypothèse ?


 

Jusqu'à quel point l'Ancien Testament est-il destiné à être un miroir pour l’Église?
Il l'est assurément pour l'édification personnelle de ses membres (1Corinthiens 10: 11 / Romains 15: 4), autant que pour l'exhortation collective (2 Pierre 2: 1). Pourrait-il fournir également une esquisse du cheminement historique de l’Église? Il ne semble pas interdit de l'envisager (cf. Matthieu 24: 15, ss).

Dès lors, on peut (ne serait-ce que pour un intérêt mnémotechnique) transposer le cycle de Matthieu 1: 17 de la façon suivante :

1) Abraham = époque de la fondation, correspondant au Ier siècle de notre ère (Notre Seigneur et les Apôtres / Éphésiens 2: 20). Le temps qui suivit étant celui des luttes héroïques face à la Rome païenne, menant à la victoire contre celle-ci (édits de Milan, en 314, et de Thessalonique, en 380). 

2) C'est alors une époque de règne (figurée par David) où l’Église formule dogmatiquement sa foi, par ses conciles œcuméniques. (Serait-il permis de voir en Apocalypse 8: 1 une allusion à cette période de relative accalmie?)
Toujours est-il qu'à l'instar de Salomon, la hiérarchie épiscopale sombrera dans la plus navrante idolâtrie (Second concile de Nicée: culte des images), qui entraînera bientôt le Schisme de 1054 - à l'instar de celui survenu entre Juda et Israël. Alors que l'Orient sombrera, les occupants du siège romain auront les mains libres pour satisfaire une ambition impie : la reprise des destinées de l'antique Rome (donation de Constantin, ultramontanisme, etc.)

3) D'où le processus d'émergence de la papauté romaine, tyrannie identifiable à la Captivité babylonienne (selon le titre de l'un des grands écrits réformateurs de Luther, en 1521 - et bon nombre de théologiens avant lui).
NB : à l'instar de la construction européenne, la papauté semble être un processus censé devoir aboutir au terme de petites et irréversibles réalisations. Même s'il avait atteint un stade critique, ce processus n'était certainement pas parachevé du temps de Luther (résistances conciliaristes, etc.) et pourrait ne jamais aboutir parfaitement. Il n'en reste pas moins indispensable de fuir ce sordide règne, dont la fuite en avant débouche sur l'abîme.

4) La Renaissance semble en tout cas avoir été une époque cruciale, assimilable, en un certain sens, à un après-captivité. Plusieurs facteurs vont en effet relativiser (au moins pour un temps) l'ampleur des conquêtes papales et permettre la (re)constitution d'un espace vital pour l’Église.
A) Progrès technique (papier/imprimerie) permettant une diffusion d'ampleur inédite du savoir et des idées (Gutenberg, Bible).
B) La découverte et interconnexion du reste du monde, permettant d'ailleurs d'entrer dans la dernière ligne droite de l'évangélisation de l'humanité (Colomb, Amérique).
C) La grande bataille clarifiant la question de l'application du Salut - et donc la ligne de démarcation entre l'orthodoxie et l'apostasie romaine (Luther, protestantisme).
Il semblerait pourtant que cette dernière période, allant jusqu'au Christ (dans notre cas: la Parousie) doive se traduire par des temps fâcheux (cf. Daniel 9: 25), semés d'un déchaînement d'erreurs, de séductions, d'impiété, de persécutions et de folies - dont nous faisons d'ailleurs quotidiennement l'expérience (*).

Nous pouvons donc résumer:
1) De la fondation catholique à la domination sur Rome.
2) De la domination catholique à sa romanisation.
3) Depuis le retour à la catholicité, jusqu'à la Parousie.
En tout, nous dit Matthieu (chapitre 1, verset 17), 3 x 14 générations, soit 42 - autant que le nombre de mois symbolisant les temps de la fin (cf. Apocalypse 11: 2).

 

Bucerian

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(*) D'un autre point de vue, on peut aussi considérer que la Renaissance a vu l'effondrement de César (1453 AD, prise de Constantinople), parachevant l'effondrement initié en Occident, quelques mille ans plus tôt.
La voie était libre pour consolider l'avènement de l'homme de péché (2 Thessaloniciens 2 : 6-7). L'urgence d'une réponse (le protestantisme), n'en était que plus grande.

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