"Big Bang" ou "Big Ban" ?

 



Depuis de longues années, ce qu’on appelle - aussi rapidement que pompeusement - "La Science" prétend pouvoir retracer l’histoire de l’Univers en totalité (depuis son début), de sorte à pouvoir utiliser ce discours totalisant contre la foi chrétienne.

Le chrétien n’aurait en effet pas d’autre choix que de tenter de faire artificiellement coïncider le Sublime discours de l’Hexaemeron (création des six jours) avec les observations profanes les plus sordides (grosso modo : l'enfer de Jurassic Park), admettant ainsi de facto l’idée selon laquelle la souffrance et la Mort seraient, dans les mains du Dieu très bon, des instruments de création plutôt que le juste salaire du péché. Ce renversement sonne à de nombreuses oreilles (et à bon droit, selon nous) comme une inversion des données bibliques, un anachronisme risquant de rendre absurde la foi que nous confessons. Car, il n’y aurait pas de sens à confesser que le Christ a souffert et est mort pour les pécheurs, si la souffrance et la mort étaient en réalité des données pré-lapsaires.
Aussi, plutôt que de nous enthousiasmer avec certains devant le Big Bang, comme si celui-ci constituait la frontière réelle entre l’être et le néant ("Le visage de Dieu" / Georges Smoot), et qu'il rendait en quelque sorte visible la Création ex nihilo (vérité qui n’est pourtant accessible qu’à la foi / Hébreux 11.3), nous préférons garder une distance critique et envisager d’autres hypothèses.

La Bible semble en effet indiquer que
l'Univers tout entier était originellement au bénéfice de la condition paradisiaque - de sorte que lorsque Adam, chef de la Création, fut chassé du Paradis (Genèse 3: 23-24), toute la Création fut emportée dans son sillage (cf. Genèse 3: 17 ; Romains 8: 19-23 / 2 Pierre 3: 13).
Mais comment a pu se traduire un tel bannissement universel ?
Au travers de quelle effroyable convulsion ce qui était une perfection d'harmonie gouvernée par l’amour a-t-il pu devenir un chaos géré par la violence ?

On peut supposer qu'une telle expulsion s'est traduite par un indescriptible cataclysme, voire un redémarrage (mais pas une recréation [1]) de l'Univers tout entier.

Se pourrait-il qu'un tel choc ait ensuite laissé l'Univers exsangue et qu'il ait fallu un certain temps de réadaptation, de réorganisation, avec son lot de tâtonnements et d'aberrations (créatures monstrueuses, dégénérées, etc.), comme il arrive pendant une convalescence (cf. Marc 8: 24) ?
Si tel était le cas, ce que les hommes observeraient aujourd’hui (Big Bang, préhistoire...) ne serait ni l’évènement de la Création, ni l’ordonnancement originel de celle-ci, mais le début et les développements de sa reconfiguration en purgatoire.

C'est en tout cas dans un tel monde, balafré par le péché - et non pas par la main créatrice - qu'Adam aura été ramené, de sorte que la descendance d'Eve y rouvre les Portes du Paradis perdu.

 


 

 

Dans le cadre d'une telle hypothèse, ne resterait à la prétendue « Science »  que l’exploration et la description du monde déchu, et non celles du monde tout court (donc, pas d’explication totalisante; donc, pas de magistère suprême). Dans ces conditions, quand bien même on concèderait tout à ses descriptions approximatives et par ailleurs très discutables (les 13 milliards d'années de réadaptation, les pseudo-humanoïdes, etc.), cette "Science" ne gagnerait rien contre l'exactitude littérale des premiers chapitres de la Genèse (création harmonieuse, humanité non transitée par des formes simiesques, souffrance et mort apparues à cause de la Chute...). Il n'y aurait même pas de partage des magistères (Religion = pourquoi ? / Science = comment ?) car, pour ce qui concerne la Création, le comment, autant que le pourquoi, resterait (comme il convient) le domaine exclusif de la Révélation divine (Nous croyons en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur de toutes les choses visibles et invisibles).

Si cette hypothèse paraît audacieuse, elle n'en est pas moins plausible [2]. Ainsi, si l’Église serait imprudente en faisant d'une telle hypothèse un article de foi [3], les ennemis de la foi seraient encore plus imprudents de l'écarter pour crier victoire.
Les pauvres ! Dire qu'ils auront déployé tant d'efforts... pour rien.


Bucerian 

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[1] Car l'Univers a été créé une fois pour toutes, et il est impératif que ce qu'est venu sauver le Christ soit substantiellement identique à ce qui a été perdu en Adam.

[2] Et ce ne sont certainement pas les athées, avec leurs tentatives d'élaborer des cosmologies cycliques (pour échapper, cette fois, à la notion de Création ex nihilo), qui pourraient s'opposer efficacement à elle...

[3] Avant de partager une telle hypothèse, l'auteur aura cherché à savoir s'il était le seul cerveau (peut-être trop aventureux), à avoir été traversé par un tel soupçon. A son grand soulagement, il aura découvert que non, puisque Mgr André Léonard, dans son livre intitulé "Les raisons de croire" (éditions Communio - Sarment - Editions du Jubilé, 2010) semble bien avoir exprimé une position à peu près identique.

Commentaires

Anonyme a dit…
Sans vouloir polémiquer indûment, on remarquera que d’admettre que toute la création a été chassée, avec Adam, de la condition paradisiaque d’Eden ne cadre pas avec la description de celle-ci en Rom.1/18-20 et Ac.17/24-29, étant donné que la création, selon ces passages, indique Dieu. Ainsi, comment une réalité dégénérée le pourrait-elle? Certes, Rom.8/19-22 semble accréditer cette thèse, que pourfend, pourtant Col.1/15. Car, si le Christ est le premier-né de notre création, de notre monde, en tant qu’homme-Dieu, alors on ne saurait admettre que celui-ci se présente en tant que Chef de la dégénération, puisqu’il est sans péché, selon Héb.4/15 ou I Jn.3/5, entre autres.

D’ailleurs, les données de la cosmologie nous présentent une telle régularité dans le processus de complexification de l’univers que la bonne foi se voit acculée à admettre l’existence d’un Créateur parfait. De telle sorte qu’il semble assez difficile de prétendre que le monde actuel est foncièrement dérégulé, alors que la Bible et la Technique paraissent affirmer le contraire. La mort même se montre partie prenant de la Création, pour tous les genres inférieurs à l’homme, puisque manger de l’herbe consiste à tuer une vie végétale, même en Eden, selon Gn.1/29-31, sans oublier que le Christ ressuscité a mangé du poisson, victime de piscicide, en Jn. 21/1-13 et Lc.24/41-43. Or, si le Christ pascal, paradisiaque, peut se repaître du meurtre de la vie animale, c’est, donc, que la mort n’est un châtiment que pour l’homme, d’après Gn. 2/15-17 et 3/19. A moins de sombrer dans le Russellisme, dont les adeptes, voyant la vie dans le sang, s’interdisent toute transfusion sanguine…

C’est pourquoi, il nous paraît plus sage de restreindre les conséquences de la chute au seul Adam, d’autant que notre monde paraît coextensif à la dimension paradisiaque, donc distinct, selon Lc.23/43 et II Cor.12/4. Ce qui expliquerait, d’une part, l’épisode de la Transfiguration, en Lc.9/28-39, d’après Jd.9 et II Rois 2, et, pourquoi pas, la dormition de la bienheureuse vierge Marie, et, d’autre part, la dégénérescence de l’Homme, vers l’humanoïde, et son rétablissement noachique, tel que décrits en Gn.3 à 9, ainsi que le laisse supposer Rom.5/12-21.
Anonyme a dit…
P.S. De toutes façons, toutes ces opinons sont libres, puisqu’aucun jugement définitif de l’Église n’a statué sur ces questions. Car, le Symbole de Nicée-Constantinople se contente, pour lui, d’affirmer la création et le Créateur, tandis que la Confession d’Augsbourg, une de ses essentielles précisions, se contente de mentionner Adam et la chute, en son deuxième article. Par conséquent, l’exposé de ces divergences ne doit pas mener à aucune querelle stérile, en vertu de Php.3/15-16 ou Gal.5/19-21.
Bonjour et merci pour ces intéressantes observations.
J'ai bien peur, néanmoins, que ces objections ne portent pas.
Car l'hypothèse en question ne fait pas de notre Univers l’œuvre d'un demiurge démoniaque (Manichéisme) qui serait donc essentiellement mauvaise ; Notre Univers est celui qui a été créé, tout comme l'Adam post-lapsaire (dont nul ne doute qu'il ait été chassé du Paradis), EST celui que Dieu a créé. Le même, mais altéré.
A ce titre, la création perdue peut indiquer son créateur (Rom.1/18-20 et Ac.17/24-29) autant que le peut (et le fait) l'homme déchu, même si on est obligé d'y relever concomitamment les stigmates de la Chute.

Vous semblez nier ces stigmates et cette dérégulation, en vous appuyant notamment sur la parfaite régulation de l'Univers. Or, le "réglage fin" de l'Univers est sans doute l'empreinte persistante de la Création. Néanmoins, vous oubliez un peu vite la mort thermique auquel l'Univers est promis (selon ces mêmes données cosmologiques), et qui prouve que la vanité l'a intégralement marqué de son sceau.
Et le passage du régime exclusivement herbivore aux besoins et à l'autorisation du régime carnivore, que vous évoquez, ne fait que confirmer ce basculement - et aucune objection en forme de poisson d'avril ne permet d'y échapper...
Anonyme a dit…
Vous allez un peu vite en besogne. Car, jamais le déréglé ne saurait prouver le réglé, de même que l'hypothèse de la mort thermique de l'univers ne sera vérifiée qu'à la fin, à moins que d'autres constantes ne soient découvertes d'ici-là, qui infirment cette assertion. De sorte qu'il est très imprudent de poser des théories non explicitement dévoilées par les Écritures, voire contredites, de même que le piscicide comme l'herbicide, conviennent à l'homme paradisiaque, sans pour autant justifier la mort, ainsi que le Christ pascal nous l'enseigne. C'est pourquoi, le poisson d'avril refuse d'être accommodé par des salades dont l'assaisonnement n'est guère régulier...
C'est vous qui allez vite en besogne, en vous appuyant sur la découvertes de nouvelles constantes encore... imaginaires.
De plus, l'homme est incontestablement déréglé ; pourtant, le vestige de perfection en lui permet bien d'émouvoir l'intelligence pour la mettre face à Dieu : tout ce qui peut être dit du réglage fin du macrocosme pouvant être dit du réglage fin de notre microcosme, votre objection ne tient donc pas.
Du reste, vous êtes libre d'adopter le déni face au mal physique et de penser qu'Adam, pour se divertir, pouvait sortir de chez lui et voir des T-Rex déchiqueter des hadrosaures, ou regarder des chiens agoniser sous l'effet de cancers, ou d'autres animaux être dévorés de l'intérieur par un ténia (qu'ils n'auront certainement pas trouvé dans des salades...); mais le fait que les théologiens tentent généralement de rendre compte de la présence de tels phénomènes (en tout cas dans le monde à l'état actuel) suffit à prouver que ces phénomènes ne vont pas sans poser de très graves questions.
Mais la question est de toutes façons explicitement réglée par st Paul (Romains 8 ) de sorte que l'objet de cet article n'est pas tant la réalité de cette blessure que l'expression qu'elle a prise en se produisant : un passage physiquement imperceptible, ou fracassant ?
Anonyme a dit…
Il ne faudrait pas confondre nature et grâce suffisante, ou commune. Car, si la grâce commune permet de déchiffrer le monde, le monde en lui-même demeure une énigme, en tant que déréglé. Donc, notre avertissement conserve sa pertinence.

De plus, sans sombrer dans la caricature, la question saurienne semble avoir été résolue bien avant l'apparition de l'homme. Pour ce qui est de la mort et du mal dans le monde, il ne paraît pas si incompatible avec une existence paradisiaque, à moins de renier celle de Jésus-Chrisat, suivi des Élie, Moïse, voire la bienheureuse vierge Marie.

Enfin, on peut très bien comprendre Rom.8/19-22 comme souffrance de la création résumée et condensée en l'Homme. De sorte que la blessure du péché n'attaquerait, catastrophiquement, que l'Homme et, imperceptiblement, l'Univers.

C'est pourquoi, notre entretien doit demeurer une conversation, une discussion, mais éviter, à tout prix, de sombrer dans le débat, voire la polémique...
Parler d'un mal dans la nature et d'un monde déréglé (comme vous le faites), c'est signer l'aveu d'une déchéance universelle. Alors, en effet, tout débat est clos ;)

Pour la "question saurienne" : bien qu'il ne s'agisse, en l’occurrence, que d'un détail de l'histoire (on pourrait remplacer le T Rex et sa proie par le crocodile et la sienne), elle reste digne d'intérêt pour le symbole qu'elle constitue.
Car ce n'est pas sans raison que le concordisme (vouloir faire concorder les ères géologiques et les extinctions animales avec l'Hexaemeron) accompagne la déchristianisation : nul n'est dupe sur son caractère artificiel, voire grotesque. Quelle raison aurait poussé Dieu a créer des dinosaures, à les regarder s'entretuer comme des gladiateurs pendant des millions d'années, puis à les exterminer avant de "créer" l'homme ? Était-ce pour distraire les anges (en leur permettant de prendre des paris sur l’issue des affrontements entre reptiles) ou simplement pour fournir du travail aux futurs paléontologues ?
Anonyme a dit…
En effet, on aurait dû ajouter: "dans l'hypothèse d'un monde déréglé, la grâce commune permettrait de le déchiffrer". "Nolens volens", si vous avez raison, on n'a pas tort non plus...
Lapsus révélateur, donc...
Et comment auriez-vous pu l'éviter, tant il est clair que si le "Big Bang" dont on nous bassine doit être situé au début du premier chapitre de la Genèse, le concordisme (voire le discrédit) devient inévitable ; mais si cet évènement est situé à la fin du chapitre 3 (la mort thermique de l'Univers témoignant de ce passage cataclysmique), alors tout se tient et la prétendue science, se voyant privée de la possibilité de donner le la (voire, de la possibilité de participer au discours), est définitivement expulsée de la question de l'Origine...
Échec et mat :)
Anonyme a dit…
Il ne faudrait tout de même pas que votre Béatitude confonde "mat" et "pat"... Certes, de même que la Résurrection du Christ implique le paradis adamique originel et la chute, de même, il semble que la transformation du monde, à la fin des temps, postule un univers originel parfait, qui aurait déchu, comme vous le prétendez pertinemment, par et avec Adam, selon Rom.8/19-22, entre autres. A telle enseigne que la liquidation de l'épisode de dégénérescence post lapsaire, entre Gn.4-9, paraît conforter cette thèse, puisque le monde est ramené aux eaux primordiales de Gn.1/2, restant sauve la création en Noé, en vue d'un nouveau départ. Pourtant, cette création sauvegardée semble tout de même toujours atteinte par le péché, selon Gn.8/21?

Cependant, l'Apôtre des Gentils n'a-t-il pas dit que tout ce que Dieu a créé est bon, en I Tim.4/4, à telle enseigne que le Christ, parce qu'Homme-Dieu, d'après Col.1/15, en est le premier-né? Or, comment le Christ pourrait-il être le chef d'une création dégénérée, même préservée en Noé?

De sorte qu'il nous apparaît plus sage de nous en tenir, autant que faire se peut, aux termes du Symbole de Nicée-Constantinople, tel que précisé entre 325 et 1530, en nous aventurant le moins possible en des spéculations qui appartiennent au mystère de Dieu, conformément à l'opportun conseil de Rom.11/33-34...
Le mat s'adressait, bien sûr, à la "Science profane", et non au frère avec qui on a plaisir à discuter ;)
Anonyme a dit…
En un mot comme en cent, si Pâques postule Eden et Parascève, la Chute, alors l'Annonciation, en ce qu'elle implique une restauration ontologique de l'humanité en J-C, laisse la poste ouverte à l'hypothèse d'une restauration anthropologique, même comme processus...

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