Le salut du « miaphysisme »

 


Suite à une étude approfondie du thème, il est évident que l’expression cyrillienne μια φυσις, une nature du Verbe incarné, a été comprise par l’Église, en ses conciles œcuméniques, de 431 à 681, comme signifiant : la réalité vivante et vivifiante incomparable du Verbe incarné.

Car, le terme φυσις/nature, provient du verbe φυω/naître, exprimant originellement une réalité vivante. De sorte que, tout le travail dogmatique subséquent consista en une précision théorique de l’Unité théologique de cette réalité, la Personne (propre) divine du Verbe, et des éléments unifiés, les deux essences, les deux natures (commun), par celle-ci, la divinité et l’humanité, afin d’éviter toute dérive, toute hérésie.

En effet, entre miaphysisme et monophysisme réside toute la différence d’idées entre une/mia et unique/mono. De sorte que, parmi les concepts de nature une ou unique, on peut distinguer une réalité une, unie, ce qui est orthodoxe, selon une acception pratique, tandis qu’une réalité unique impliquerait, théoriquement, la confusion des natures, divine et humaine, de Jésus-Christ. Ce qui abolirait la rédemption du genre humain.

D’autre part, l’Église ne pouvait se contenter d’ignorer la requête cyrillienne, puisqu’elle reposait sur la question générale du salut dans le Christ, en sa définition, son identité : l’Alliance indéfectible, réelle et active entre Dieu et l’homme, en Jésus-Christ, prêchée par le N.T, indiquée par saint Irénée et traduite par cette notion de réalité vivante ou vivifiante unie : la μια φυσις. Sinon, c'est tout le concept de communication des idiomes la traduisant qui s'écroulerait et la question de la rédemption, par le fait même, comme en font foi, par exemple : Ac.20/28, Héb.9/14, I Jn.1/7, Mt.1/20-23 ou Luc 1/35.

Certes, ce terme est aussi délicat que l’ὁμοουσιος/Consubstantiel ou le θεοτοκος/Mère de Dieu à employer, lesquels ont été susceptibles d’une compréhension hérétique, modaliste, pour le premier (deux faces d’une même médaille, les deux faces de Janus), idolâtre, pour le second (maternité divine de Marie), alors que, selon le sens orthodoxe, la consubstantialité implique la relation Père/Fils en une seule entité infinie, Dieu, et le θεοτοκος, lui, le caractère divin de la Personne de Jésus, puisqu’on est mère d’une personne, selon une nature, pas mère d’une nature. C’est pourquoi, sans l’exclure, l’usage du terme μια φυσις exige des précautions inouïes, afin de satisfaire, malgré tout, à la requête sotérique de l’Évangile cyrillien, racine et moteur de toute la christologie orthodoxe de l’Église chrétienne, jusqu’à nos jours.

Athanasius


Commentaires

Anonyme a dit…
Comme quoi, en empruntant une formule à Apollinaire, qu'il croyait d'Athanase, Cyrille aura su discerner, isoler et mettre sainement en exergue la part de vérité que déforment les hérétiques...
Anonyme a dit…
La métaphore du fer rougi par le feu a le mérite d'illustrer l'intensité de la réalité théandrique de l'Incarnation. Car, à l'instar du fer, l'humanité du Christ est exaltée par le feu de sa divinité. A telle enseigne que, de même, qu'au chapitre de la spiration du Saint-Esprit, le Père et le Fils forment une quasi-personne dans leur amour réciproque, ainsi l'humanité et la divinité, au sein de l'unique Personne divine du Verbe, réalisent une quasi-nature unifiée: la μια φυσις. De sorte que, la sûreté, l'indéfectibilité, de l'Alliance entre Dieu et l'homme, exprimée par cette condensation théandrique, est le gage ultime de l'Assurance de notre salut, par la Foi seule en Jésus-Christ.

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