De la prière et de l'exaucement (III.1)

 


 

St Jean Chrysostome :

Homélie sur ce sujet : qu'il ne faut pas désespérer de soi-même, ni prier contre ses ennemis ni se décourager quand la prière n'est pas exaucée...

 Vous voyez donc que pour notre salut la prière ne suffit pas, mais encore qu'il faut prier suivant les lois que le Christ a établies. Or, quelles lois a-t-il établies? De prier pour nos ennemis, même pour ceux qui nous affligent le plus. Faute de le faire, nous nous perdons entièrement, comme le prouve l'exemple du pharisien (Luc 18. 9-14). Eh bien! si cet homme, qui n'avait point prié contre ses ennemis, mais qui n'était coupable que de vanité, a été ainsi puni, quel supplice attend ceux qui ne tarissent pas lorsqu'ils parlent contre leurs ennemis ! Que fais-tu donc, mon ami? Tu viens pour demander pardon de tes péchés et ton âme est pleine de colère ? Lorsque nous devrions être plus doux que jamais, puisque nous parlons au Seigneur, que nous implorons pour nos péchés sa miséricorde, sa clémence et son pardon, c'est alors que nous nous irritons, que nous ressemblons à une bête furieuse, et que notre bouche se remplit de fiel ? Et comment pourrons-nous, dis-moi, obtenir notre salut si, tout en prenant une attitude suppliante, nous proférons des paroles insensées, et si nous irritons le Seigneur contre nous ? Tu es venu pour guérir tes blessures et non pour envenimer celles de ton prochain : c'est le moment de l'expiation, de la prière et des gémissements, non celui de la colère ; celui des larmes, et non de la fureur ; celui de la componction et non de l'indignation. Pourquoi tout bouleverser? pourquoi te faire la guerre à toi-même? pourquoi détruire ta propre maison? L'homme qui prie doit avant tout avoir l'âme adoucie, l'esprit apaisé, le cœur contrit : mais celui qui crie contre ses ennemis, ne retirera aucun fruit de sa prière ; il ne pourra jamais s'y appliquer avec le calme nécessaire.

Ainsi nous ne devons pas prier contre nos ennemis, mais nous ne devons pas non plus nous souvenir de nos bonnes actions, de peur qu'il ne nous arrive la même chose qu'au pharisien. Car s'il est bon de nous rappeler nos péchés, il n'est pas moins bon d'oublier nos bonnes actions. Pourquoi cela ? Parce que le souvenir de nos bonnes actions nous entraîne à l'orgueil, tandis que le souvenir de nos péchés nous inspire le mépris de nous-mêmes et l'humilité : ainsi l'un nous rend plus négligents et l'autre plus diligents. Car ceux qui pensent n'avoir aucun bien, deviennent plus actifs pour en acquérir : ceux qui croient posséder beaucoup se fient à leur richesse, ne montrent guère d'empressement pour en acquérir davantage.

 

A suivre...

 

Bucerian


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