De la prière et de l'exaucement (II. 1)


 

Saint Augustin, Traités sur saint Jean (73e traité) :

Le Seigneur promit de grandes choses à ceux des siens qui espèrent en lui, lorsqu'il dit : « Parce que je vais vers le l'ère, tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai ». Il est donc allé vers le Père, de manière cependant à ne pas les laisser dans le besoin, mais à exaucer leurs prières. Mais que veut dire, « tout ce que vous demanderez », puisque nous voyons très-souvent les fidèles demander et ne pas obtenir ? Ne serait-ce point parce qu'ils demandent mal ? C'est en effet le reproche que fait l'apôtre Jacques. Vous demandez et vous ne recevez pas, « parce que vous demandez mal, ne cherchant qu'à satisfaire vos passions (Jacques 4. 3) ». C'est par un effet de la miséricorde de Dieu qu'on n'obtient pas, si l'on doit mal user de ce qu'on demande. C'est pourquoi, si nous lui demandons des choses qui nous seraient nuisibles, nous devons bien plutôt craindre de voir un effet de sa colère dans l'obtention de ce qu'il nous refuserait dans sa miséricorde. Ne savons-nous pas que les Israélites obtinrent pour leur malheur ce qu'ils demandaient sous l'influence d'une passion coupable ? ils désirèrent manger de la chair (Nombres 11. 32). Et pourtant la manne tombait du ciel pour eux, ils étaient dégoûtés de ce qu'ils avaient, et ils demandaient impudemment ce qu'ils n'avaient pas : comme s'il n'eût pas mieux valu pour eux demander, non pas que la nourriture qui leur manquait fût accordée à leur désir coupable ; mais que, guéris de leur dégoût ils pussent prendre celle qu'ils avaient. En effet, quand le mal nous réjouit et que le bien ne nous plaît pas, nous devons plutôt demander à Dieu qu'il nous donne le goût des choses bonnes que de nous en accorder de mauvaises. Sans doute, il n'est pas mauvais de se nourrir de chair, ainsi que l'Apôtre le dit à cette occasion : « Toute créature de Dieu est bonne, et il ne faut rien rejeter de ce qui se mange avec action de grâces (1 Timothée 4. 4)». Mais, comme dit le même Apôtre : « Il est mal à un homme de manger avec scandale (Romains 14. 20) »; et s'il en est ainsi quand il y a scandale pour l'homme, combien plus en est-il ainsi lorsque Dieu lui-même en est offensé ? Et ce n'était pas, de la part des Israélites, une légère offense à l'égard de Dieu, que de repousser ce que leur donnait la sagesse, et de demander ce que désirait leur appétit déréglé ! Cependant ils ne demandaient pas, mais ils murmuraient au sujet de ce qui leur manquait : par là nous devons apprendre que les créatures de Dieu ne sont pas coupables, mais seulement notre désobéissance et nos désirs déréglés ; ce n'est pas à cause de la viande de porc, mais à cause d'un fruit, que le premier homme a trouvé la mort (Genèse 3. 6). Et Esaü a perdu son droit d'aînesse, non pas pour une poule, mais pour des lentilles (Genèse 25. 34).

A suivre...


Bucerian

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