La papauté romaine et les conciles de l'Eglise (7/7)

Essayant une approche plus protestante des choses, les vaticanistes feront peut-être valoir que, nonobstant l'autorité des conciles, le témoignage scripturaire établit bien la papauté telle qu'entendue par le synode Vatican I. N'est-il pas écrit en effet : Tu es Pierre, etc. (Matthieu 16) ?
Mais, comme le notait Auguste Lecerf : "on ne fait pas attention qu'on s'enferme ainsi dans un cercle vicieux. Car on prétend, d'une part, que le particulier ne peut juger du sens de l'Écriture qu'en s'appuyant sur l'autorité infaillible de l'Église et, d'autre part, on lui cite des textes de l'Écriture, pour prouver cette assertion. On fait donc appel au jugement de ce particulier pour décider, dans son indépendance, du sens de l'Écriture dont on prétend que l'Église représentative a seule le droit et le pouvoir de juger." (Introduction à la dogmatique Réformée, II, v). Mais même en faisant fi de cette incohérence, resterait cette objection : c'est que ce texte, ne constituant pas le moindre commencement de preuve en faveur d'une papauté tout court (et ce de l'avis des "pères" les plus autorisés de l'Église), il est a fortiori impossible d'en faire le fondement des subtilités forgées par des papolâtres obtus, lors du synode Vatican I.
A titre d'exemple, Hilaire de Poitiers écrivait à ce propos que:
La pierre sur laquelle est bâtie l’Église est la confession (de Pierre).
Super hanc igitur confessionis petram Ecclesiae aedificatio est.
(St Hilaire de Poitiers :  De la Trinité, livre VI, 36-37).

Ainsi, seule reste ferme et certaine la confession de la foi que nous partageons avec les apôtres - confession qui concerne le Christ, seul fondement de l'Église (1Corinthiens 3), et qui a été défendue par les docteurs et les Églises évangéliques, à l'occasion de la septième et dernière grande assemblée de l’Église:


Augsbourg, en 1530

Peut-être les catholiques romains imagineront-ils que, malgré tout, sans l'autorité d'un pape de Rome, aucune œuvre d'aucune assemblée ne peut recevoir de suffrages suffisamment larges pour être considérée comme universelle. Peut-être feront-ils valoir les divisions qui existent dans le protestantisme, et l'incapacité dans laquelle se trouvent les orientaux de réunir un concile vraiment pan-orthodoxe, là où Rome a pu tenir de nombreux synodes généraux.  Ce serait oublier leur propre inconstance dans la tenue de leur liste conciliaire : l'assemblée réunie à Constantinople autour de Photius, en l'an 879, fut d'abord reconnue et approuvée par Rome  avant d'être radiée au profit de l'assemblée anti-photienne qui s'était tenue en l'an 869 (cf. François Dvornik Le Schisme de Photius : Histoire et légende, Paris, ). Voilà dans quelle folie (pour ne rien dire des schismes que cette attitude annonçait) furent plongés ces hommes qui s'étaient auparavant ligués pour dénaturer la piété chrétienne (*).

Toujours est-il que, de son côté, l'ensemble du protestantisme historique (celui de la Diète de Spire, en 1529) s'est entendu pour recevoir la Confession d'Augsbourg: outre l'école strictement "luthérienne", celle des "réformés" y a généralement souscrit, ainsi qu'en témoignent la Concorde de Wittenberg (1536) et (accessoirement) d'autres documents ultérieurs (cf. Harmonie des Confessions de foi de Jean François Salnar, 1581; ou encore le Corpus et Syntagma Confessionum Fidei de Gaspar Laurentius, en 1612). De même, les Hussites ont également adopté ce Symbole pour être la confession de leur foi (ainsi qu'en témoignent les premières lignes de le la monumentale Idea Fidei Fratrum de l'évêque A. G. Spangenberg, 1782).

 Conclusion 

Il ressort de ces éléments que, toute illustre qu'elle fut (et malgré l'ambition croissante de ses évêques), Rome n'eut jamais plus, dans l’Église indivise, qu'une primauté d'honneur liée à sa situation d'ancienne capitale impériale. Loin d'être infaillible, l'évêque de Rome a déjà erré en matière de foi - ainsi que le rappellent, dans la ligne du 6e concile universel, les XXXIX Articles Anglicans (article 19). Aussi serions-nous les plus insensés des hommes de fonder notre foi sur les décisions des pontifes romains plutôt que sur les clairs témoignages des Écritures théopneustes.
Du reste, puisqu'il est évident qu'
en plus de collaborer activement avec les ennemis de nos États, Rome cautionne aujourd'hui les plus exécrables blasphèmes (notamment ceux forgés par la secte jésuite), nous ne pouvons que nous tenir éloignés de sa compagnie et lui dire - comme le recommandait le Docteur Martin Luther, de bienheureuse mémoire : 

 

Que le Seigneur te châtie, Satan!

 

Bucerian 

 

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(*) En 787, réunie à Nicée sous la direction de l'empereur (basileus) Irène l'Athénienne, la pentarchie consacra le culte des images.

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