La papauté romaine et les conciles de l'Eglise (3/7)

Si les paroles du Christ (Tu es Pierre : Matthieu 16. 18) sont le fondement des dogmes papalistes, comment expliquer que les apôtres, qui ont entendu ces paroles, ne les ont pas comprises ainsi ? Nous voyons en effet qu'ils ont continué à se disputer avec grand sérieux sur la question de la hiérarchie qu'ils devaient observer entre eux. Pis encore : à chaque fois, Christ leur a adressé des réponses telles qu'au lieu de les renvoyer à ses paroles sur Pierre, elles neutralisaient et dissipaient simplement toute idée de primauté parmi les apôtres (Matthieu 18. 1, ss / 20. 20, ss).
Que les guelfes nous expliquent donc à quoi la doctrine papaliste aura servi aux apôtres ; et non seulement à eux, mais encore au reste de l’Église - qui a d'ailleurs formulé et défendu son Credo sans se fonder sur l'infaillibilité d'un quelconque évêque ! En effet, au huitième siècle encore, les carolingiens (au synode de Francfort, en 794) n'ont pas hésité à condamner le dogme d'un concile soi-disant œcuménique (le second de Nicée, en 787) qui avait reçu l'approbation du pape de Rome. N'y avait-il donc personne à Francfort pour se souvenir que l'arrêt du concile exprimant la foi du pape de Rome, devait nécessairement être conforme à la vérité ?...

On objectera peut-être que, pourtant, d'autres semblent avoir été éclairés par la vérité romaine, puisqu'ils furent des papolâtres obstinés. Tel fut apparemment le cas du patriarche Macaire d'Antioche (dont on reparlera dans le sixième article de cette série), au VIIe siècle. Hélas, Macaire aura suivi l'opinion du pape Honorius Ier jusque dans l'abîme de l'hérésie et la perdition éternelle. La question rebondit alors: à quoi aurait-il servi au Christ d'établir la papauté aux alentours de l'an 30, si les chrétiens ne pouvaient rien savoir (et ne savaient effectivement rien) de sa véritable nature avant l'an 1870 (concile Vatican I) ?... Il ressort simplement de tout cela que le Christ n'a pas établi la papauté romaine.
Les hommes l'ont forgée pour sanctuariser les thèses anti-protestantes du conciliabule de Trente. Quant aux mauvais esprits qui les inspiraient, sans doute avaient-ils en vue de permettre, par cet argument d'autorité, l'avènement d'un projet encore plus radicalement anti-chrétien...  

Voici à présent les observations qui méritent d'être faites sur ce sujet à partir des actes du troisième concile de l’Église :

 
Le concile d’Éphèse, en 431

 
A) Bien que le pape de Rome Célestin eut soin de s'associer à l'autorité de Cyrille - qui présida le troisième concile - ce pape ne fut réellement représenté que par ses légats. La question déjà soulevée pour Nicée et Constantinople (concernant la présidence des conciles) se pose donc encore ici.
 
B) De plus, le pape Célestin avait déjà condamné Nestorius. Pourtant, le concile d’Éphèse ignora entièrement cette sentence et traita Nestorius avec toute la diligence due à son rang, jusqu'à ce qu'il le reconnaisse lui-même comme hérétique et le condamne. Le fait que le concile ait ainsi jugé Nestorius et sa doctrine en dernière instance indique évidemment que le pape de Rome n'était pas (et n'est toujours pas) l'autorité ultime dans l’Église. Le cardinal de La Luzerne résumait ainsi : Quelle était cette nécessité de mettre en mouvement toute la catholicité, si la condamnation prononcée par le pape était jugée suprême, définitive et irréformable ? (...) Demander, après la sentence rendue par un tribunal, une autre sentence, un autre tribunal, c'est déclarer que la première sentence peut être réformée ; que le second tribunal est supérieur à l'autre. (Sur la Déclaration de l'assemblée du clergé de France, en 1682 - Paris, 1821). 

C) Enfin, dans sa troisième lettre à Nestorius, saint Cyrille, réfutant l'idée qu'en Christ l'homme était connecté avec Dieu par une simple unité de dignité ou d'autorité affirma, pour illustrer son propos, que : Pierre et Jean (sans être une personne) avaient l'un et l'autre un égal honneur, étant tous deux disciples et apôtres.
L'exemple aurait été particulièrement malheureux, si Pierre avait eu une autorité papale le plaçant au-dessus de Jean.
 

A suivre...

Bucerian

 

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