Annotations sur la Concorde de Wittenberg (4/9)
Le premier chapitre de la Concorde se termine en résumant la vocation de la Cène, ou l'usage pour lequel elle a été instituée:
En effet, ce sacrement a été institué dans le but de témoigner que les bénéfices du Christ sont appliqués à ceux qui se repentent et recherchent leur réconfort par la foi en Christ, lesquels deviennent les membres du Christ et sont lavés par son sang.
A contrario, il convient de dire ce que la Cène n'est pas (les canons du concile de Trente nous y obligent particulièrement).
L’Église catholique romaine enseigne en effet qu'en plus d'être le mémorial de la Passion du Christ (1) et un sacrement qui nourrit notre foi, la "messe" est aussi un sacrifice dans lequel Jésus-Christ est vraiment et perpétuellement immolé (quoique de façon non-sanglante) dans l’Église.
Selon Rome il ne s'agit pas là seulement d'un sacrifice latreutique (d'adoration) et eucharistique (d'action de grâce) mais aussi d'un sacrifice propitiatoire et impétratoire.
Propitiatoire: cela veut dire que la messe est un sacrifice par l'accomplissement duquel le prêtre délivre les hommes (morts ou vivants) de la colère de Dieu.
Impétratoire: cela veut dire qu'il s'agit d'un acte par l'accomplissement duquel on peut aussi espérer obtenir de Dieu quelques bienfaits supplémentaires à la rémission des péchés (comme une guérison, etc.).
Le papisme fait donc croire à ses adeptes que la messe est une œuvre par laquelle ils peuvent apaiser Dieu (2); qu'ils peuvent même faire célébrer des messes (qui coûteront bien sûr quelques euros /2Pierre 2. 3 (3)) pour tel ou tel proche vivant ou décédé, de sorte que par les "vrais sacrifices" ainsi offerts à Dieu, l'âme pour laquelle on fait dire les messes sera automatiquement soulagée (si elle est au purgatoire, par exemple). Car Rome n'arrive pas seulement à réitérer un sacrifice non
réitérable (cf. Hébreux 10. 10-12), mais
elle prétend aussi, au mépris le plus flagrant de la Parole de Dieu (Hébreux 9.22), qu'un
sacrifice non sanglant peut être propitiatoire, et que le sien bénéficie en outre à des personnes pourtant déjà décédées (comparez avec Hébreux 9. 27)!
Malgré toutes les circonlocutions par lesquelles Rome a opiniâtrement défendu cet article, celui-ci reste si effrontément opposé aux Écritures saintes (4) que l'intégralité du protestantisme a été amené à le rejeter comme "La pire et la plus horrible abomination du papisme" (5). Ce dogme est en effet directement contraire à l'article capital de la religion chrétienne selon lequel l'homme est justifié et sauvé par pure grâce, au moyen de la seule foi en Christ, l'Agneau de Dieu, qui a été crucifié une fois pour nos péchés et qui est ressuscité pour notre justification. La messe (il faut le dire et le répéter) a engendré telle quantité d'abus et de superstitions que, loin d'apaiser Dieu, elle n'a sans doute fait qu'augmenter son indignation et son courroux.
Le protestant est un homme qui croit et qui sait que Christ, notre Pâque, a été immolé pour nous (1Corinthiens 5. 7); qu'il n'est plus question de répéter et offrir de quelque manière cette immolation, mais seulement de recevoir, prendre et manger avec foi, pour notre salut. Que cela est rendu possible par la proclamation de l'Évangile (Luc 24. 46-47), que l'eucharistie récapitule et célèbre partout. Ce faisant, l'Église n'est pas sans sacrifice; c'est, toutefois, un sacrifice de louanges et d'actions de grâce (Hébreux 13. 15) pour le don entièrement immérité, gratuit et parfait que Dieu nous fait en Christ.
Enfin, le protestant est un homme qui doit aussi savoir (malgré les mensonges de la propagande oecuméniste) que cette doctrine l'oppose radicalement et définitivement à Rome - ainsi que l'a clairement formulé Luther, dans ses Articles de Smalkalde (II.2):
A suivre...
Bucerian
___________________
1. Raison pour laquelle on a pu appeler ce repas un sacrifice. Par souci de brièveté, je n'aborderai pas ici les autres raisons pour lesquelles les anciens ont pu appeler l'eucharistie un "sacrifice".
Le protestant est un homme qui croit et qui sait que Christ, notre Pâque, a été immolé pour nous (1Corinthiens 5. 7); qu'il n'est plus question de répéter et offrir de quelque manière cette immolation, mais seulement de recevoir, prendre et manger avec foi, pour notre salut. Que cela est rendu possible par la proclamation de l'Évangile (Luc 24. 46-47), que l'eucharistie récapitule et célèbre partout. Ce faisant, l'Église n'est pas sans sacrifice; c'est, toutefois, un sacrifice de louanges et d'actions de grâce (Hébreux 13. 15) pour le don entièrement immérité, gratuit et parfait que Dieu nous fait en Christ.
Enfin, le protestant est un homme qui doit aussi savoir (malgré les mensonges de la propagande oecuméniste) que cette doctrine l'oppose radicalement et définitivement à Rome - ainsi que l'a clairement formulé Luther, dans ses Articles de Smalkalde (II.2):
"Cet article de la messe sera, au concile (6), le point décisif. En effet, alors même qu'ils nous concéderaient tous les autres articles, ici, ils ne peuvent faire de concession. C'est ce qu'a dit Campegius (7), à Augsbourg: il préférerait se laisser mettre en pièces plutôt que d'abandonner la messe. De même, moi aussi, avec l'aide de Dieu, je préférerais me laisser réduire en cendres, plutôt que de faire d'un diseur de messes et de son œuvre, fût-elle bonne ou mauvaise, un être égal ou supérieur à mon Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Nous sommes donc divisés, opposés les uns aux autres et nous le resterons éternellement."
A suivre...
Bucerian
___________________
1. Raison pour laquelle on a pu appeler ce repas un sacrifice. Par souci de brièveté, je n'aborderai pas ici les autres raisons pour lesquelles les anciens ont pu appeler l'eucharistie un "sacrifice".
2. Extrait du catéchisme du concile de Trente (chapitre 20 § 7):
(Les ministres) enseigneront avant tout que Notre-Seigneur Jésus-Christ a institué l'Eucharistie pour deux raisons : la première, afin qu'elle servît à notre âme de nourriture spirituelle pour soutenir et conserver en elle la vie de la grâce ; la seconde, afin que l'Église possédât un Sacrifice perpétuel, capable d'expier nos péchés, et au moyen duquel notre Père céleste, trop souvent offensé d'une manière grave pour nos iniquités, pût être ramené de la colère à la miséricorde et des justes rigueurs du châtiment à la clémence.
3. Ce qui relativise d'ailleurs beaucoup l'abolition de la vente des indulgences...
4. Notamment à l'épître aux Hébreux, et particulièrement à ses chapitres 9 et 10, dont j'ai cité quelques versets...
5. Luther, Les articles de Smalkalde, II. 2.
6. Celui qui était alors annoncé par le pape, qui devait se tenir à Mantoue, et qui fut finalement le concile de Trente.
7. Lorenzo Campiego, légat pontifical à la diète d'Augsbourg de juin 1530.
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