Mai-juillet 381: le concile oecuménique de Constantinople
“Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu,
et que l'Esprit de Dieu habite en vous ?”
(1 Corinthiens 3: 16)
Le deuxième concile oecuménique, convoqué par l'empereur
Théodose Ier et présidé successivement par Mélèce Ier
d'Antioche, Grégoire de Nazianze, puis par Nectaire, s'est tenu du
mois de mai au mois de juillet de l'an 381, dans la capitale
impériale: Constantinople (aujourd'hui Istanbul, Turquie).
En plus d'établir un nouvel évêque pour Constantinople, l'objet
principal du concile était de juger une hérésie dérivée de
l'arianisme, celle des pneumatomaques. Ceux-ci enseignaient, à
l'instar de Macédonius (évêque de Constantinople jusqu'en 360),
que l'Esprit saint n'était qu'une créature tirée du néant et
inférieure aussi bien au Père qu'au Fils. Contre ces thèses, les
150 Pères du concile (tous orientaux) affirmèrent la divinité du
Saint-Esprit et complétèrent le Credo de Nicée -- quoique cette
version augmentée ne devint réellement normative qu'à partir du
concile de Chalcédoine, 70 ans plus tard.
L'importance de la doctrine de la divinité du Saint-Esprit nous
est expliquée par Athanase, champion de la foi :
“C'est aussi par l'Esprit que nous sommes dits tous participants
de Dieu. En effet, Paul dit: “Ne savez-vous pas que vous êtes le
temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu'un
détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira ; car le temple de Dieu
est saint, et c'est ce que vous êtes.” (1Corinthiens 3: 16-17).
Or, si l'Esprit saint était une créature, nous n'aurions par lui
aucune participation de Dieu, mais nous serions joints à la créature
et étrangers à la nature divine, en tant que ne participant en rien
à elle. (...) Mais si, par la participation de l'Esprit, nous
devenons participants de la nature divine, bien insensé serait
quiconque qui dirait que l'Esprit appartient à la nature créée et
non à celle de Dieu.” (Lettre à Sérapion 1. 24).
On notera que, tout orthodoxe qu'il fut, ce concile fut
tumultueux au point que son président, Grégoire de Nazianze,
n'hésita pas à en parler avec beaucoup de sévérité, allant
jusqu'à écrire qu'il n'avait jamais vu d'issue heureuse à un
concile (Lettres, 130, à Procope). De sorte qu'il faut veiller à ne
jamais se laisser éblouir par le prestige des hommes (ni se laisser
scandaliser par leurs faiblesses), mais se souvenir que “le
Saint-Esprit a gouverné les bons conciles et chrétiens de telle
manière qu'il a néanmoins permis qu'il y eut quelque faiblesse
humaine qui y fut mêlée, afin de nous apprendre qu'il ne nous faut
point trop fier aux hommes” (Calvin, Institution Chrétienne, IV,
ix, 11).
Rapport à la papauté de Rome
L'évêque de Rome n'a ni convoqué, ni présidé ce concile, aucun
de ses représentants n'y étant d'ailleurs présents.
Parmi les quatre canons adoptés par ce concile, le troisième
disposait que: L'évêque
de Constantinople doit avoir la préséance
d'honneur après
l'évêque
de Rome, car cette ville est la nouvelle Rome.
On notera, d'une part, que le canon parle d'une préséance
honorifique, et non d'un pouvoir juridique plénier et
suprême. D'autre part, la raison pour laquelle Constantinople
est ainsi placée après Rome, réside dans le statut de capitale
impériale de l'une et l'autre cité. Ce qui faisait dire à Calvin
que l'une des principales causes de la primauté historique de Rome
résidait dans le fait que: C'était la ville capitale d'empire,
et que pour cette raison il était vraisemblable qu'il y avait là
des personnages plus excellents tant en doctrine qu'en prudence, et
mieux expérimentés qu'en nul autre lieu ; on avait égard, et à
bon droit, de ne point mépriser tant la noblesse de la ville, que
les autres dons de Dieu qui étaient présents là (Institution
de la Religion Chrétienne, IV, vi, 16).
Bucerian
(Extraits de : Les textes symboliques de l'Eglise chrétienne - présentation).
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