29 mai 1536: Concorde de Wittenberg




Incapables de s'entendre sur la doctrine de la Cène (colloque de Marbourg, 1529), les protestants avaient été divisés à Augsbourg. Les Suisses et les théologiens de la Haute Allemagne, pour qui le Ressuscité n'était présent dans la Cène que “par la contemplation de la foi” (Zwingli, De Fidei Ratio, 23), c'est-à-dire: en pensées, ne pouvaient pas souscrire à la Confession qui enseigne au contraire une présence réelle ou objective (article 10) que la foi, au lieu de constituer (ou, pour le cas de Zwingli: de simuler), se contente de recevoir à salut.


En 1536, les Réformateurs de Haute Allemagne et quelques Suisses (comme l’Église de Bâle) finirent par se réconcilier avec Luther et ses confrères sur ce sujet. Avec cette Concorde, qui reçut ensuite le soutien de Jean Calvin (voir: Herminjard, correspondance, tome VI, page 132: Exemplar excusasionis quae praefationi inseretur), l'ensemble du protestantisme était uni derrière la Confession d'Augbsourg (80 pour cent, selon Pierre Chaunu, dans “Le temps des Réformes”).


S'il est maintenu, ce document est d'une double utilité : d'une part, il permet d'immuniser les Églises protestantes contre le zwinglianisme - dans lequel sont retombés nombre de théologiens Réformés par la suite (Dabney, Hodge, Cunningham...)

D'autre part, la Concorde permet au protestantisme d'opposer un front uni à Rome et aux autres sectes. C'est ce que notait Luther dans une lettre au Duc Albert de Prusse (le 6 mai 1538):

Bâle, Strasbourg, Augsbourg, Berne et plusieurs autres villes se sont rangées de notre côté. Nous les recevons comme frères, et nous espérons que Dieu finira le scandale, non pas à cause de nous, car nous ne l'avons pas mérité, mais pour glorifier son nom et faire dépit à cet abominable pape. La nouvelle (de la Concorde, NDLR) a beaucoup effrayé ceux de Rome. Ils sont dans la terreur et n'osent assembler un concile.” (Mémoires de Martin Luther écrits par lui-même, traduits et mis en ordre par Jules Michelet ; Mercure de France [édition de 1990], page 356).


Pour cette même raison, plusieurs décennies plus tard (1565), Guy de Brès, l'auteur de la Confession Réformée des Pays-Bas, plaidait encore pour la réaffirmation de cette Concorde, devant le synode d'Anvers (Émile G. Léonard, Histoire Générale du protestantisme, PUF. Tome 2, page 76). 

Texte de la Concorde sur la Cène: ici.
Texte sur le Baptême et l'Absolution: ici.



Bucerian

(Extrait de: Les textes symboliques de l’Église chrétienne). 

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