Annotations Credo #37


 Le caractère fantasmagorique: " Romaine ".



Toujours aussi soucieuse de dominer les âmes et de se flatter, la cour papale parle souvent d'une sorte de cinquième attribut censé caractériser la véritable Église : la romanité. Car, disent-ils, les quatre caractères de l’unité, de la sainteté, de la catholicité et de l’apostolicité ne se rencontrent que dans l’Eglise qui reconnaît pour chef l’Evêque de Rome, successeur de saint Pierre (Catéchisme de Pie X, chapitre 10; 9e article, § 2).
C'est sans doute pour cela que le pape Boniface VIII a affirmé qu'il est absolument nécessaire au salut que toute créature humaine soit soumise au Pontife Romain (Bulle Unam Sanctam).
Évidemment, à moins de vouloir prendre ouvertement le risque de soumettre l’Église aux forces de l'erreur et de la perdition, une telle prétention suppose que le siège de Rome ne puisse jamais errer. C'est là l'assertion que fit en dernier lieu le concile de Vatican I, en 1870, dans la constitution Pastor Aeternus, à savoir que lorsqu'il se prononce EX CATHEDRA, le pape de Rome est infaillible.
Mais on verra que tout cet ensemble de croyances est en réalité une superstition ridicule et dangereuse, en plus d'être blasphématoire.



1) Une superstition ridicule

Supposons que Pierre ait été investi par le Christ des pouvoirs particuliers que prétend le Vatican; resterait à prouver que ces pouvoirs sont transmissibles et qu'ils devaient être transmis à l'évêque de Rome. Mais qui donc aura organisé cette succession? Jésus parle du martyr de Pierre (Jean 21. 18-19); Pierre l'évoque également (2 Pierre 1: 14-15). Aucun des deux n'en profite pour expliciter que le lieu du martyr (ou plutôt, l'évêque du lieu) héritera de l'hypothétique autorité spécifique de cet apôtre. Ce faisant, on comprend qu'un Calvin n'ait eu aucun mal à débouter les prétentions romaines (Institution chrétienne, IV, vi. 11, 12).
Dans le même ordre d'idées: s'il était si important que l’Église soit romaine, ne serait-on pas en droit d'accuser les rédacteurs du Credo d'avoir été négligents? eux qui, réputés avoir formulé le Symbole avec la plus grande précision, auraient passé sous silence l'article qui en dit l'essentiel!
Après le Christ et l'apôtre Pierre, c'est donc le concile œcuménique qui aurait ignoré un si haut article... A moins, bien sûr, qu'il n'y avait rien à en dire!

Mais encore: pauvres anciens, tels Athanase d'Alexandrie ou Hilaire de Poitiers! Eux qui, pour s'opposer aux progrès de l'hérésie, auront composé quantité de livres, noirci des centaines de pages avec des méditations, des argumentations et des démonstrations tirées des Écritures saintes, alors qu'il leur aurait suffit, pour démontrer la fausseté des thèses adverses, de demander un simple rescrit papal!
Se prononçant EX CATHEDRA, celui-ci aurait définitivement clos les débats et l'arrêt aurait pu tenir en quelques mots seulement, puisque son altesse n'aurait pas eu besoin de motiver sa position: demande-t-on à quelqu'un d'infaillible de justifier sa croyance?...
Seulement voilà: les pères n'ont jamais sollicité un tel rescrit, et c'est la preuve, ou bien qu'ils étaient totalement idiots, ou bien que personne en leur temps ne croyait aux super-pouvoirs que la papauté prétend détenir aujourd'hui.


2) Une superstition dangereuse


Une chose serait d'être juridiquement soumis au siège de Rome (en vertu d'une hiérarchie disciplinaire humaine), et/ou de se référer historiquement à Rome sous condition de sa fidélité à la foi qu'elle a reçu des apôtres; autre chose est d'être tenu de croire systématiquement le siège de Rome en vertu d'une prétendue infaillibilité de sa part.
En effet, la soumission juridictionnelle sous condition de fidélité romaine a été envisagée favorablement même par Philippe Melanchthon, dans sa souscription aux Articles de Smalkalde (concession qui est depuis définitivement inenvisageable, pour des raisons évidentes).
Quant à la référence historique, toujours sous condition de fidélité de Rome, elle a été employée dans l'édit de Thessalonique, par Théodose, lorsqu'il fit du christianisme la religion officielle de son empire.
En revanche, être tenu de croire tout ce que dira Rome (au moins lorsque Rome parle EX CATHEDRA), c'est une démission contraire aux assertions apostoliques (Galates 1. 8-9), démission qui ouvre un boulevard aux forces de l'enfer.
Il est en effet notoire (on le voit par exemple avec la crise sédévacantiste) que Rome ne se contente pas de conserver la foi que - selon une tradition - Pierre y a témoigné par son sang; mais qu'elle crée de nouveaux dogmes (ex : l'immaculée conception) qui abrogent, souvent, de facto, les anciens (ex : concile Vatican II).
Les sédévacantistes constatent avec raison que la religion de François n'est plus celle de Pie X. Et nous avons constaté, à plus forte raison, que celle de Pie X n'était plus celle de Pierre ou de Lin.
Or une foi qui varie d'une génération à l'autre n'est plus catholique; loin s'en faut qu'elle soit apostolique. Nous devons donc laisser pareille forme d'innovation, voire de révélation continue, aux sectes telles que celle des Mormons et du Vatican, si nous ne voulons pas croire en vain (cf. 1Corinthiens 15. 1-2).


3) Une superstition blasphématoire

Le plus grave est qu'en réclamant soumission et foi, et en faisant de cela une condition de salut (Bulle Unam sanctam) la papauté de Rome se dresse comme une idole niant Jésus-Christ et le fait que quiconque croira en lui sera sauvé (Jean 3. 16).
C'est ce qu'a dénoncé et condamné Luther, dans ses Articles de Smalkalde (II. 4) où il écrit que:

Ces faits montrent, de toute évidence, que le pape est le véritable Antéchrist ou Anti-Christ, qui s'est placé au-dessus du Christ et s'est élevé contre lui, puisqu'il ne veut pas laisser les chrétiens parvenir au salut s'ils ne reconnaissent pas sa puissance et qui, pourtant, est néant, n'étant ni ordonnée ni commandée par Dieu. C'est bien là " se placer au-dessus de Dieu et contre Dieu " comme le dit saint Paul (2 Thessaloniciens 2. 4).
(...) Or le pape ne veut pas laisser croire, mais dit qu'on doit lui obéir pour être sauvé. Cela, nous le ne ferons pas! Plutôt mourir! A la grâce de Dieu!
Que le Seigneur, dans sa miséricorde, nous garde de la romanolâtrie papale, et nous donne de continuer à protester la foi chrétienne, dans le giron de l’Église une, sainte, catholique et apostolique, dont Jésus-Christ est le seul chef.

Amen!


Bucerian




Commentaires

Anonyme a dit…
Article rédigé par Roberto de Mattei
Le 08 février 2019

Le logo du voyage du Pape François aux Emirats Arabes Unis représente une colombe avec une branche d'olivier. C'est une image, explique le Pape, « qui rappelle l'histoire du déluge primordial, présent dans différentes traditions religieuses. Selon le récit biblique, afin de préserver l'humanité de la destruction, Dieu ». Et aussi « demande à Noé d'entrer dans l'arche avec sa famille aujourd'hui, au nom de Dieu, pour sauvegarder la paix, nous devons entrer ensemble, comme une seule famille, dans une arche qui peut ».naviguer sur les mers agitées du monde : l'Arche de la Fraternité

Selon cette lecture, l'Arche de Noé est une arche de fraternité dans laquelle vivent ensemble des hommes de religions différentes, car Dieu lui-même voulait le pluralisme religieux. De fait, le Pape a ajouté : « Le pluralisme et les différences de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté » divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains.


Cette lecture semble renverser la doctrine de l'Évangile. En effet, l'Arche, que Noé, par ordre divin, a construite avant le Déluge, comme refuge pour lui-même, sa famille et toutes les espèces animales (Gn. 6, 13-22), est présentée par l’épître aux Hébreux comme un refuge de salut pour les croyants et un signe de perdition pour le monde (He 11, 7).

C'est pourquoi la Tradition catholique a toujours vu dans l'Arche de Noé le symbole de l'Église, en dehors de laquelle il n'y a pas de salut (cf. S. Ambroise, 6.9, dans Migne, , vol. 14, De Noe et Arca, Patrologia Latina coll. 368-374, et Hugo von Hurter, , in De arca Noe Ecclesiae typo Patrum sententiae Sanctorum Patrum , III, Innsbruck 1868, pp. 217-233). C'est pourquoi l'Église a pour mission de préserver et deopuscula selecta répandre la foi catholique.

Notre Seigneur a dit aux Apôtres : « Allez dans le monde entier, prêchez l'Évangile à toute créature. Celui » (Mc 16,16). Et l'Apôtre desqui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui ne croira pas sera condamné païens répète : « ». (Ep 4, 5). Il n'y a qu'un seul Dieu, une seule foi, un seul baptême. (...)
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