Le baptisme, débouté





La pratique du baptême des nourrissons fait l'objet de grandes controverses, depuis plusieurs siècles. Lorsqu'on considère le degré de complexité que ces débats peuvent atteindre, certains risquent de conclure que seuls des érudits peuvent parvenir à une opinion certaine. Et, lorsqu'on considère combien chaque camp regroupe de savants, on peut même être tenté de conclure qu'en réalité, personne ne connaît le fin mot de cette affaire... ce qui serait bien dommage!
Aussi, je sais qu'en définitive, beaucoup de personnes se laissent persuader par la méthode hypercritique du baptisme, rejetant le baptême des enfants au prétexte que le Nouveau Testament ne contient pas une phrase telle que: "baptisez aussi les bébés".

Une fois de plus, je tiens à mettre en garde contre la méthode hallucinante et biaisée du baptisme, en rappelant que la condamnation du baptême des enfants (soit l'idée que le baptême des enfants serait diabolique, anti-biblique, une invention des hommes, sans valeur, etc. comme l'enseigne la "Confession de Schleitheim", en son premier article), cette condamnation, dis-je, remonte (à quelques exceptions près) au XVIe siècle. Le fardeau de la preuve incombe donc, non pas à la chrétienté qui a baptisé les enfants "depuis toujours" mais à ceux qui accusent cette pratique et prétendent y avoir découvert un vice.

Autrement dit, nous n'avons pas à prouver que Jésus a commandé de baptiser spécialement les nourrissons (pourquoi l'aurait-il fait?), ni à prouver que les apôtres en ont baptisé (pourquoi le préciser?).
C'est au contraire aux baptistes qu'il incombe de prouver, hors de tout doute raisonnable, que:

1) L'institution du baptême (Matthieu 28: 19) exclut les nourrissons.

2) Que les apôtres (dans les Actes) ont refusé de baptiser des bébés et/ou ont réprouvé l'hypothèse de leur baptême.

3) Voire, que l'on peut dater et localiser l'apparition du baptême des enfants bien loin des apôtres (à travers notamment les ardentes polémiques qu'une telle "trahison" n'aurait pas manqué de susciter à l'époque, à moins bien sûr que les chrétiens endurant les persécutions de Rome n'étaient pas aussi zélés pour la vérité que les baptistes actuels...).

Or, de telles preuves irréfutables, les baptistes les chercheront longtemps. 

1) Ils font généralement valoir qu'un texte aussi crucial que Matthieu 28: 19 exclut le baptême des enfants:
Allez donc et instruisez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit... (Matthieu 28:19).

Il est notoire que les baptistes prétendent cela, parce qu'ils lisent généralement ce texte (cf. Confession de Schleitheim, article 1) comme s'il disait:
Allez donc et instruisez toutes les nations, puis, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit...
Pourtant, il est incontestable que le grec ne porte aucun "puis" ni aucun "ensuite", car le texte porte simplement un participe présent (les baptisant), même si certaines traductions (comme la Bible à la Colombe) l'édulcorent un peu en rendant par: faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les, etc. (ce qui pourrait suggérer un ordre chronologique).
Faire des disciples, les baptisant et instruisant: en quoi un tel texte prouverait-il, hors de tout doute raisonnable, qu'on a fauté en baptisant des enfants pour aussi les instruire et faire ainsi d'eux des disciples?...
De même pour Marc 16: 16, qui dit simplement: Celui qui aura cru et qui aura été baptisé sera sauvé, et non pas, avec une insistance qu'il aurait pourtant été facile de porter: Celui qui aura été baptisé après avoir cru, etc.
Les baptistes échouent donc dans leur première preuve.



2) Les baptistes font valoir que les apôtres n'ont jamais baptisé de bébés.
Il est facile de voir la faiblesse d'un tel argument, car: ou bien ils n'en ont pas baptisé parce qu'ils n'en ont simplement jamais croisé (dans ce cas, cela ne prouve rien contre ce baptême); ou bien ils n'en ont pas baptisé parce qu'ils en ont croisé, mais qu'ils ont spécialement refusé de les baptiser.
Mais où se trouve une telle scène, dans le Nouveau Testament? Nulle part.
Les baptistes échouent donc dans leur deuxième preuve.

3) Les baptistes diffèrent souvent dans leur datation des origines du baptême des enfants.
C'est pourtant important, parce qu'on aimerait savoir où et quand une telle innovation est apparue. Où étaient alors ces fidèles baptistes, pour en dénoncer l'apparition et y résister, ne serais-ce qu'un temps?...
Beaucoup imaginent que saint Augustin, au Ve siècle, a théorisé, sinon inventé cette pratique (!)
C'est ignorer que la pratique du baptême des enfants était si incontestée dans l'Eglise du Ve siècle, si universellement considérée comme apostolique, que saint Augustin l'a simplement utilisée pour prouver une autre doctrine (celle du péché originel). Loin s'en faut qu'il ait  dépensé son énergie à instaurer le baptême des enfants, qui, de père en père (Cypriens, Irénée, etc.) remonte sereinement à une époque "immémoriale", pour ne pas dire simplement... biblique.
Les baptistes échouent donc aussi dans leur troisième preuve.

Les accusations sans preuve étant irrecevables, le baptisme, qui constitue une telle manœuvre, mérite d'être rejeté.


Bucerian







Commentaires

Anonyme a dit…
"De plus, nous ajoutons que le plus important à nos yeux, ce n'est pas que celui que nous baptisons possède ou non la foi; car le Baptême ne dépend pas de notre foi, mais de la Parole et du commandement de Dieu. Cette opinion scandalisera peut-être quelques-uns, mais elle résulte naturellement de ce que nous venons de voir, le Baptême n'étant pas autre chose que de l'eau unie à la Parole de Dieu. Si donc la Parole est jointe à l'eau, le Baptême est réel, quand même la foi n'y est pas; car la foi ne fait pas le Baptême, mais elle le reçoit. Ainsi, le Baptême ne peut être mauvais, parce que nous ne le recevons pas dans des dispositions convenables, ou que nous n'en faisons pas un bon usage, n'étant pas (comme nous l'avons dit) lié à notre foi, mais à la Parole de Dieu." (Luther. Grand Catéchisme/Baptême)
***

En un mot comme en cent, la foi ne fait pas le baptême, elle le reçoit. De sorte que, sans condamner le baptisme, attachons-nous à lever les scrupules d'une école du Christianisme, plus attachée à l'aspect subjectif qu'objectif du salut. Il est bon de toujours rééquilibrer la doctrine catholique, entre le chosisme papiste et le sentimentalisme piétiste...

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