La pape de Rome est-il l'Antichrist?
Introduction
Comme je l'ai rappelé dans "De l’Église Catholique et des Sectes", les Réformateurs Protestants (et avant eux, des docteurs, comme Jean Hus), ont massivement, et (à ma connaissance) unanimement identifié la papauté de Rome avec le règne de l'Antichrist annoncé dans les Écritures.
Même la Confession de La Rochelle a un temps été amendée pour affirmer cette identité (synode de Gap, en 1603).
Néanmoins, certaines personnes mettent en doute la légitimité de cette assimilation. Et si ces personnes sont généralement motivées par une sympathie plus ou moins déclarée pour Rome, il n'en est pas toujours ainsi.
Trois grands arguments sont avancés contre cette interprétation Pape = Antichrist:
Objections
1) Selon les termes de Paul (2Thessaloniciens 2) l'Antichrist annoncé devrait être un individu, et non pas une charge ou une institution. La papauté ne peut donc pas être l'antichrist.
2) Cet homme semble devoir être un leader politique (Apocalypse 13). Or le pape est un leader religieux.
3) L'impiété de l'Antichrist semble devoir être de type athée (selon le sens que l'on donne communément aujourd'hui à ce mot), ou laïciste. Une impiété grossière, semblable à celle de Caligula (cf. 2Thess 2: 4 // Daniel 11: 36). Or, les papes maintiennent une doctrine non-matérialiste, et vaguement chrétienne.
Réponses
Il n'est pas difficile de répondre à ces objections:
1) On dit parfois, improprement, que "la papauté est l'Antichrist". Cela veut dire surtout que la papauté est le nid, le cadre institutionnel, le règne de l'Antichrist. Mais en réalité, c'est le pape qui est l'Antichrist.
Car ce n'est pas "la papauté", entendue comme une simple charge impersonnelle, qui est présentée comme le fondement de l’Église; ce n'est pas "la papauté" qui promulgue de nouveaux dogmes; ce n'est pas à "la papauté" qui exige notre obéissance.
C'est le pape.
Le pontife de Rome.
Ainsi, selon le catéchisme de Rome (§882): "Le Pape, évêque de Rome et successeur de S. Pierre, " est principe perpétuel et visible et fondement de l’unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la multitude des fidèles " (LG 23). " En effet, le Pontife romain a sur l’Église, en vertu de sa charge de Vicaire du Christ et de Pasteur de toute l’Église, un pouvoir plénier, suprême et universel qu’il peut toujours librement exercer " (LG 22 ; cf. CD 2 ; 9)"
L'idée papale est bien de dire que la personne de Pierre a été chef de l’Église, et que la personne qui lui succède est, ici et maintenant, pleinement Pierre et que cette personne-là est, donc, chef de l’Église.
Est-il donc illégitime de considérer "le Pape" comme l'homme de péché? Je ne crois pas.
2) Le pape EST un chef d’État (le Vatican), et exerce de facto des fonctions politiques, voire sur la scène internationale. S'il est vrai que, depuis le conciliabule Vatican II, ses prétentions politiques ont été revues à la baisse (mais les intégristes n'y voient qu'une parenthèse à refermer au plus vite), le pape a bel et bien revendiqué les pleins pouvoirs sur la terre. Ainsi, au Moyen äge, la bulle Unam Sactam de Boniface VIII (voir aussi, plus récemment: Vehementer Nos, de Pie X, et d'autres textes semblables).
Si l'on veut connaître l'esprit de la papauté, il convient de consulter le texte (officieux) qui résume ses prétentions, qu'elles soient ouvertement affirmées ou secrètement couvées. Il s'agit du Dictatus Papae:
C'est cela, l'âme du projet papal! C'est toujours de cela dont il a été question!
3) Quelle impiété reproche-t-on au pape de Rome? Selon les époques, on a pu reprocher à la personne du pape d'être tombée, purement et simplement, dans le bestialisme.
Mais ces péchés restent "accidentels" ou en tout cas, ne sont pas le cœur du sujet. L'impiété et le blasphème du pape résident dans ce qui fait le cœur, l'essence de son pouvoir: sa prétention dogmatique à être la pierre sur laquelle est fondée l’Église (Matthieu 16: 18).
Quelle est cette pierre, en effet?
L'interprétation orthodoxe, que l'on trouve massivement chez les pères, veut que cette pierre soit, non pas la personne de l'Apôtre Pierre, mais la confession de foi de cet Apôtre. La confession relative à la divinité de Jésus-Christ. In fine, la pierre sur laquelle est fondée l’Église est donc Jésus-Christ, ainsi que nous oblige à le conclure l'ensemble de l’Écriture (cf 1Corinthiens 3: 11).
Jésus-Christ, notre Seigneur et Dieu!
Mais l'interprétation papale est que cette pierre est... l'Apôtre Pierre. Ou plutôt: était; car, concrètement, depuis bien longtemps, il n'y a plus d'Apôtre Pierre: il n'y a que son prétendu successeur, le pape de Rome!
Comme par hasard, Pierre n'a jamais revendiqué ce passage (Matthieu 16: 18) pour asseoir son autorité (cf 1Pierre 5). Seul son prétendu successeur, le pape, le fait (concile Vatican I: Pastor Aeternus).
La pierre sur laquelle est fondée l’Église, selon les Apôtres, est le Seigneur Jésus, Dieu fait homme.
La pierre sur laquelle est fondée l’Église, selon le pape, c'est en définitive lui-même (et lui seul).
Qui ne voit pas ici un homme siéger en lieu et place de Dieu?
Surtout, le pape profite de son siège pour anathématiser le saint Évangile du Salut, la Parole de Dieu!
Qui ne voit pas, ici, un homme s'élever au-dessus même de Dieu?
Il est vrai que l'identification du pape de Rome comme l'Antichrist n'est pas un dogme. Néanmoins, est-il prudent d'en rejeter ou d'en relativiser l'affirmation?
Faut-il attendre plutôt un grotesque dictateur matérialiste et athée?
Une chose mérite d'être notée ici: Paul dit que l'Antichrist (qu'il nomme: le fils de perdition) doit siéger dans le temple de Dieu. Le temple de Dieu, nous dit l’Écriture, n'est autre que l’Église Chrétienne.
Sans doute ce réprouvé ne peut-il pas être de l’Église au sens de la communion invisible des élus. Mais il y a un sens dans lequel il peut être considéré dans l’Église: c'est que, comme Judas Iscariot (que Jésus nomme "le fils de perdition"), il fasse partie de la communauté visible des baptisés et trahisse le Seigneur pour lui préférer l'empire de ce monde.
Que, quel que soit, par ailleurs, son comportement personnel, il se présente et se revendique comme un Chrétien, et même comme un Apôtre. Voire, comme le chef des Apôtres et la pierre sur laquelle est fondée l'Eglise.
Bucerian
Le pontife de Rome.
Ainsi, selon le catéchisme de Rome (§882): "Le Pape, évêque de Rome et successeur de S. Pierre, " est principe perpétuel et visible et fondement de l’unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la multitude des fidèles " (LG 23). " En effet, le Pontife romain a sur l’Église, en vertu de sa charge de Vicaire du Christ et de Pasteur de toute l’Église, un pouvoir plénier, suprême et universel qu’il peut toujours librement exercer " (LG 22 ; cf. CD 2 ; 9)"
L'idée papale est bien de dire que la personne de Pierre a été chef de l’Église, et que la personne qui lui succède est, ici et maintenant, pleinement Pierre et que cette personne-là est, donc, chef de l’Église.
Est-il donc illégitime de considérer "le Pape" comme l'homme de péché? Je ne crois pas.
2) Le pape EST un chef d’État (le Vatican), et exerce de facto des fonctions politiques, voire sur la scène internationale. S'il est vrai que, depuis le conciliabule Vatican II, ses prétentions politiques ont été revues à la baisse (mais les intégristes n'y voient qu'une parenthèse à refermer au plus vite), le pape a bel et bien revendiqué les pleins pouvoirs sur la terre. Ainsi, au Moyen äge, la bulle Unam Sactam de Boniface VIII (voir aussi, plus récemment: Vehementer Nos, de Pie X, et d'autres textes semblables).
Si l'on veut connaître l'esprit de la papauté, il convient de consulter le texte (officieux) qui résume ses prétentions, qu'elles soient ouvertement affirmées ou secrètement couvées. Il s'agit du Dictatus Papae:
Seul, il peut user des insignes impériaux
Que tous les princes baisent les pieds du seul pape.
(...)
Son nom est unique dans le monde.
Il lui est permis de déposer les empereurs.
C'est cela, l'âme du projet papal! C'est toujours de cela dont il a été question!
3) Quelle impiété reproche-t-on au pape de Rome? Selon les époques, on a pu reprocher à la personne du pape d'être tombée, purement et simplement, dans le bestialisme.
Mais ces péchés restent "accidentels" ou en tout cas, ne sont pas le cœur du sujet. L'impiété et le blasphème du pape résident dans ce qui fait le cœur, l'essence de son pouvoir: sa prétention dogmatique à être la pierre sur laquelle est fondée l’Église (Matthieu 16: 18).
Quelle est cette pierre, en effet?
L'interprétation orthodoxe, que l'on trouve massivement chez les pères, veut que cette pierre soit, non pas la personne de l'Apôtre Pierre, mais la confession de foi de cet Apôtre. La confession relative à la divinité de Jésus-Christ. In fine, la pierre sur laquelle est fondée l’Église est donc Jésus-Christ, ainsi que nous oblige à le conclure l'ensemble de l’Écriture (cf 1Corinthiens 3: 11).
Jésus-Christ, notre Seigneur et Dieu!
Mais l'interprétation papale est que cette pierre est... l'Apôtre Pierre. Ou plutôt: était; car, concrètement, depuis bien longtemps, il n'y a plus d'Apôtre Pierre: il n'y a que son prétendu successeur, le pape de Rome!
Comme par hasard, Pierre n'a jamais revendiqué ce passage (Matthieu 16: 18) pour asseoir son autorité (cf 1Pierre 5). Seul son prétendu successeur, le pape, le fait (concile Vatican I: Pastor Aeternus).
La pierre sur laquelle est fondée l’Église, selon les Apôtres, est le Seigneur Jésus, Dieu fait homme.
La pierre sur laquelle est fondée l’Église, selon le pape, c'est en définitive lui-même (et lui seul).
Qui ne voit pas ici un homme siéger en lieu et place de Dieu?
Surtout, le pape profite de son siège pour anathématiser le saint Évangile du Salut, la Parole de Dieu!
Qui ne voit pas, ici, un homme s'élever au-dessus même de Dieu?
Conclusion
Il est vrai que l'identification du pape de Rome comme l'Antichrist n'est pas un dogme. Néanmoins, est-il prudent d'en rejeter ou d'en relativiser l'affirmation?
Faut-il attendre plutôt un grotesque dictateur matérialiste et athée?
Une chose mérite d'être notée ici: Paul dit que l'Antichrist (qu'il nomme: le fils de perdition) doit siéger dans le temple de Dieu. Le temple de Dieu, nous dit l’Écriture, n'est autre que l’Église Chrétienne.
Sans doute ce réprouvé ne peut-il pas être de l’Église au sens de la communion invisible des élus. Mais il y a un sens dans lequel il peut être considéré dans l’Église: c'est que, comme Judas Iscariot (que Jésus nomme "le fils de perdition"), il fasse partie de la communauté visible des baptisés et trahisse le Seigneur pour lui préférer l'empire de ce monde.
Que, quel que soit, par ailleurs, son comportement personnel, il se présente et se revendique comme un Chrétien, et même comme un Apôtre. Voire, comme le chef des Apôtres et la pierre sur laquelle est fondée l'Eglise.
Bucerian
Commentaires
Comme tout un chacun aime polémiquer, se quereller, haïr, voire mentir! Car, au final, les protestants et les catholiques ont eu tort et raison, tout à la fois. En effet, les protestants ont eu tort de présenter la confession d'Augsbourg et d'autres confessions comme de nouveaux symboles, alors que le texte de la confession d'Augsbourg n'est qu'une précision de l'article baptismal du Credo. De l'autre côté, les romains ont eu raison de réaffirmer l'unicité de la Foi, dans le texte du Credo, à la troisième session du synode de Trente, mais ont eu tort de ne pas admettre la confession d'Augsbourg comme interprétation correcte de l'article baptismal du Symbole.
De sorte qu'il est facile de sortir de l'impasse: que les romains et les protestants reconnaissent que la confession d'Augsbourg N'EST QU'UNE précision de l'article baptismal du Credo, texte irréfragable de la foi chrétienne, sans condamner qui que ce soit. Alors, la communion eucharistique pourra se rétablir, en paix!