31 octobre 1517 - 31 octrobre 2016




On parle beaucoup, ces jours, de la "fête de la Réforme", du jour où Luther afficha ses 95 thèses et des effets de cette controverse.
On parle, ici ou là, de ce qu'est le protestantisme et l'on met alors souvent l'accent sur le principe de la sola scriptura (l’Écriture seule) que chaque croyant aurait la liberté d'interpréter à sa guise, pour se fabriquer son corpus dogmatique, selon sa libre inspiration.
C'est l'occasion pour nous de corriger de tels malentendus, par ces lignes (extraites du livre: De l’Église Catholique et des Sectes):

La tâche de l’Église ne se réduit pas à faire connaître l'existence (et la composition) du Canon (les livres qui composent la Bible, ndlr) (...) Ainsi, par l’Écriture, l'Esprit de Dieu a suscité une foi qui se confesse (Ésaïe 55: 11// Romains 10: 10), non seulement à l'échelle individuelle, mais ecclésiale (Jude 3) si bien que le peuple de Dieu a toujours indiqué et transmis la Parole du Dieu Trinité ( = les Écritures) et le message central qui fait l'unité de ces 66 Livres, savoir Jésus-Christ (Jean 5: 39).
Par "confession de foi", je parle donc de l'expression d'une certitude vivante et divine qui est telle que le Chrétien ne peut pas dire, sous couvert d'une fausse modestie (qui serait plutôt de la défiance): "ma foi se limite à dire que ces 66 livres viennent de Dieu, mais pour le reste (ce qu'il y a à en comprendre), je n'ai qu'une certitude relative; il me semble bien que la Trinité soit biblique, mais peut-être que je me trompe et le débat reste ouvert, etc".
Non! Plutôt, comme l'a écrit Luther: "L'Esprit saint n'est pas un sceptique; ce ne sont pas des choses douteuses ou de simples opinions qu'il a écrites en nos cœurs, mais des assertions plus certaines et plus fermes que la vie même et que toute expérience".

C'est que la Bible seule (...) n'a pas vocation à laisser nos esprits béats et stériles, ni à rester un juge suprême ne jugeant de rien du tout; au contraire, l’Écriture suscite la foi, dont elle est la mesure et la règle.
A ce titre, de même que, lorsqu'on dit que l'homme est justifié par la foi seule (sola fide) cela ne veut pas dire que l'homme justifié soit dépourvu de charité et de bonnes œuvres (il en produit au contraire nécessairement), de même aussi, lorsqu'on dit que l’Église a pour autorité l’Écriture, et l’Écriture seule (sola scriptura) cela ne veut pas dire que L’Église soit dépourvue de toute production et de toute parole doctrinale (elle en produit au contraire nécessairement). Cela veut simplement dire que la confession de L’Église (qui accompagne nécessairement l'audition de la Parole de Dieu) ne repose pas sur une autorité que l’Église détiendrait en dehors de l’Écriture, mais qu'elle a au contraire pour seul et unique fondement cette Parole de Dieu (dont elle est et reste distincte), tout comme les bonnes œuvres du pécheur justifié (qui accompagnent la foi) ne sont pas le fondement de la justice du fidèle, mais découlent de la foi qui le justifie.

Et nous trouvons clairement la confirmation de tout cela dans le Symbole "Quicumque", reconnu par tous les Protestants, et où la foi de l’Église (relative à la personne et l’œuvre du Christ et non au seul fait de l'inspiration des Écritures) est présentée comme un point NÉCESSAIRE AU SALUT.

(...) Dans le même sens, Luther n'a pas hésité à affirmer que ni le Décalogue, ou le Pater, ni la Foi (le Credo) n'ont été imaginés par un homme "de sa tête" mais qu'ils ont été révélés et donnés par Dieu lui-même (Luther: Grand Catéchisme).

Au moment, donc, où l'on parle beaucoup de protestants et de protestantisme, rappelons que, malheureusement, beaucoup de ceux qui se donnent pour tels ne sont en réalité que des imposteurs. Veillons dans la foi chrétienne, en toute soumission au Seigneur, l’Époux de L’Église, comme il convient à des saints.


Bucerian

Commentaires

Anonyme a dit…
Commémoration carnavalesque: le terme "réforme" est tiré à hue et à dia. Les papistes insistent pour affirmer la validité de leur continuité, les gnostiques, la validité de leur laïcisme: pour les uns, ils sont la vraie Église, pour les autres, la vraie société. Or, la Protestation du XVIe siècle ne consista qu'en une précision de l'article baptismal du Symbole, originel, de Nicée-Constantinople: "sola fide". La vraie Église, c'est celle du Credo, pas du clergé, la vraie société, celle qui promeut la personne, pas l'atomisation sociale. De sorte que, la célébration de 2017 n'a pas pour objet de clarifier quoi que ce soit mais de contrôler le passé, la mémoire, l'identité, pour maîtriser le présent: la politique, l'action...

Bref, on veut faire l'Europe!


Anonyme a dit…
En cette année "Luther", n'oublions pas de redire la catholicité de la confession d'Augsbourg, en tant que précision scripturaire et adéquate de l'article baptismal du Symbole, originel, de Nicée-Constantinople: "sola fide".

1- La Confession d'Augsbourg. "Autour d'un colloque œcuménique international". Le point théologique. Beauchesne. 1980. Paris.

2- Jean Bosc. La foi chrétienne. P.U.F. 1965. Paris.

3- Jean-Marie Tillard. Confesser la foi commune. Cerf. 1993. Paris


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