Annotations sur le Credo (18)


Crucifié, sous Ponce Pilate...


Avec la Vierge Marie, Ponce Pilate est la seule personne non-divine à être nommée dans le Credo. Sans doute Pilate était-il loin d'imaginer, le jour du procès du Seigneur, qu'il allait devenir aussi célèbre! Pourtant, il est évident que si l’Église chrétienne a ainsi formulé sa confession sur la crucifixion sous Ponce Pilate, ce n'est pas pour servir à la notoriété de cet homme, mais pour (au moins) deux autres raisons:

1) Le premier but est de souligner l'historicité de l’œuvre du Christ: la Passion du Seigneur n'est pas un évènement mythologique ou symbolique (comme la guerre des Titans ou la vie de Mithra); c'est, au contraire, un évènement qui s'inscrit dans l'histoire humaine, dans de vrais lieux, au milieu de vraies personnes.

2) Le second but est de souligner le caractère légal de la mort du Christ et la portée de son sacrifice, au regard de la Loi divine.
D'une part, Jésus n'a pas été assassiné par des brigands au coin d'une rue; il n'est pas décédé des suites d'un accident, en tombant dans les escaliers, mais il a été condamné - Lui, innocent - par un juge (humain) afin que nous, les hommes qui croyons en Lui, ne soyons pas condamnés par le juge (céleste) pour notre culpabilité.
D'autre part, contrairement à ce que présentait une œuvre "engagée", Jésus n'a pas été exécuté d'une manière quelconque, mais il a été crucifié, ou pendu au bois, étant ainsi maudit à cause de nous (Galates 3. 13/ Deutéronome 21.13).

 Catéchisme de Heidelberg, Réponse à la question 39: (...) par là je suis assuré qu’il s’est chargé de la malédiction qui pesait sur moi, puisque la mort sur la croix était maudite de Dieu.



Jésus-Christ, bien que parfaitement Juste, a donc été condamné par un juge et a porté la malédiction méritée par Adam (pour lui-même et toute sa postérité), afin d'en délivrer ses brebis. Autrement dit, Notre Seigneur s'est substitué à nous afin de payer à notre place pour toutes nos fautes, selon qu'il est écrit:

 Cependant, ce sont nos souffrances qu'il a portées, C'est de nos douleurs qu'il s'est chargé; Et nous l'avons considéré comme puni, Frappé de Dieu, et humilié.
 Mais il était blessé pour nos péchés, Brisé pour nos iniquités; Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, Et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris.
Nous étions tous errants comme des brebis, Chacun suivait sa propre voie; Et l'Éternel a fait retomber sur lui l'iniquité de nous tous.
Il a été maltraité et opprimé, Et il n'a point ouvert la bouche, Semblable à un agneau qu'on mène à la boucherie, A une brebis muette devant ceux qui la tondent; Il n'a point ouvert la bouche.
Il a été enlevé par l'angoisse et le châtiment; Et parmi ceux de sa génération, qui a cru Qu'il était retranché de la terre des vivants Et frappé pour les péchés de mon peuple?
 On a mis son sépulcre parmi les méchants, Son tombeau avec le riche, Quoiqu'il n'eût point commis de violence Et qu'il n'y eût point de fraude dans sa bouche. (Esaïe 53. 4-9)

 Ce faisant, puisque le Christ s'est substitué aux pécheurs que nous sommes, et qu'il n'est pas imaginable que les mêmes péchés soient punis deux fois (le salaire retombant sur Christ et sur nous) ajouté au fait que le Christ n'est pas mort pour donner une possibilité aux hommes de se sauver mais pour les sauver parfaitement, il appert que la Passion n'a pas eu lieu simplement afin de sauver potentiellement tout le monde ou personne mais, bien, infailliblement, pour le Salut du monde, en particulier des élus, qu'il est venu guérir et justifier (Esaïe 53. 5-11).

En résumé, le Fils de Dieu a été crucifié comme un vulgaire criminel, au milieu, d'ailleurs, de deux d'entre eux. Et nous ne devons pas en rougir, ni le nier, car il subissait cela, non pas en raison de ses fautes (il n'en avait aucune) mais en raison de nos fautes, lui qui a été destiné à être "par son sang une victime expiatoire pour ceux qui croiraient" (Romains 3. 25)

Bucerian

Commentaires

Anonyme a dit…
La faille de la notion d'expiation définie repose sur sa mécompréhension de la transaction vicaire du Christ. En effet, en tant que personne, nul ne peut mériter que pour soi-même, jamais pour autrui. Or, le cas du Christ est exceptionnel. Car, en tant qu'Homme-Dieu, il peut mériter pour l'humanité toute entière, puisqu'il en est le Chef par grâce, en vertu de son Incarnation. C'est pour cela qu'il a pu même sauver notre ancêtre commun, Adam. De sorte que, loin d'un juridisme mesquin, il nous convient de célébrer notre Rédemption, comme l'illustration glorieuse de la divinité de Jésus-Christ, notre chef de droit, dont le Saint-Esprit, en vertu de l'Élection, fait notre chef de fait, au moyen de la Foi seule en Lui. C'est, ainsi, que nous recevons le salut qu'il a si durement acquis pour nous, en tant que chef de l'humanité.

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