Réflexions sur la Fête de la Réforme
On célèbre partout les 498 ans de l'affichage des "95 thèses" du docteur Martin Luther, sur la puissance des Indulgences. Une telle célébration pourrait mener à trois écueils qu'il nous faut écarter.
1) Le seiziémisme: ou le fait de nous attacher au XVIe siècle comme à l'alpha et l'oméga de notre religion.
L’Église dans sa dispensation définitive, avec ses hauts et ses bas, a 2000 ans.
La "Réforme" est un épisode (certes important, mais un épisode quand même) dans une histoire plus ancienne et plus profonde sans laquelle on ne comprend rien. Cela doit nous amener à considérer avec un soin particulier le rôle et la place des confessions de foi propres aux différentes dénominations qui se sont affirmées avec le temps. Notre blog, est-il nécessaire de le rappeler?, est confessionnel... étant entendu que LA confession de foi normative pour toute la chrétienté, c'est le Credo inaltéré de Nicée-Constantinople - et que les autres textes produits depuis, depuis Éphèse en 430 à Augsbourg en 1530, ne sont que les précisions dont il était impossible de faire l'économie, pour le salut des âmes.
2) Le luthérisme: Luther, auteur des 95 thèses; Luther, champion de la foi... champion de la foi, certes, mais pas fondateur de la foi. Il en va donc de Martin Luther comme d'Athanase d'Alexandrie ou de Maxime le Confesseur: chacun a inscrit sa voix dans le chœur que compose l’Église; chacun a mené la lutte, mais aucun comme chef de l’Église. Aucun non plus pour détricoter la foi de l’Église.
Il ne faut donc voir en Luther ni un précédent nous autorisant à mettre en doute la foi de l’Église (il est facile de voir combien il a réaffirmé de son côté la foi de toujours: articles de Smalkalde, art 1.) ni un gourou dont il serait sacrilège de questionner certaines opinions ou ne pas le suivre en chaque article.
3) Le scepticisme et son corollaire: le relativisme: Certes, Luther, tout comme Maxime le Confesseur (face à la pentarchie devenue hérétique), a contesté l'autorité particulière de tel épiscope et de tels synodes. La vérité n'est pas nécessairement liée à telle ou telle juridiction ecclésiastique et la conscience ne peut bien évidemment pas être liée par les hommes qui se trompent.
Mais, dire cela, ce n'est pas nier la possibilité et la nécessité de toute certitude, tant individuelle que collective. Bien au contraire: l’Église, en chacun de ses membres, a ce que l'Apôtre Paul appelle une plérophorie (πληροφορίᾳ), une certitude absolue (1Thess 1, 5). Il ne s'agit donc pas de partir d'un doute systématique; il ne s'agit surtout pas de demeurer dans un tel agnosticisme et d'en faire, paradoxalement, le seul dogme respectable.
Ainsi, s'il a toujours été reconnu que certains articles sont secondaires et peuvent être discutés, rien de tel pour les articles fondamentaux, intimement liés les uns aux autres dans un Credo indivisible.
Aussi, notre effort, à nous, chrétiens du XXIe siècle, ne doit pas consister à regarder au XVIe siècle pour s'attacher à un homme ou nous croire émancipés de tout dogme. Il nous faut au contraire (la situation terrible, à la veille du cinquième centenaire de la Réforme, l'exige!) nous penser dans une histoire et dans un peuple dont la foi ne saurait être bradée, parce que c'est une foi qui est fondée sur la Parole de Dieu.
Prenant acte de cela, il nous faut aussi clairement mettre au ban de l’Église celles et ceux qui, sous prétexte d'une prétendue érudition, apostasient la foi chrétienne et le clament dans leurs revues d'aliénation mondaine.
Bucerian
Commentaires
Gorgés qu'ils se veulent de la gloire des réformateurs et autres huguenots, est-ce encore, comme ils le chantent, le même "esprit" qui les animent dans l'imposture et l'apostasie de leurs enseignements et bénédictions à la remorque de la politique des princes d'aujourd'hui ?
C'est en tremblant pour eux qu'on arrive à cette conclusion qui nous remplit d'une tristesse infinie.