Le pêcheur, le ver et le poisson
Dieu fait comme un pêcheur qui veut prendre du poisson: il attache un cordonnet à une gaule et, en bas, au cordonnet, un hameçon acéré.
A l'hameçon, il accroche un vermisseau et jette tout cela dans l'eau.
Le poisson vient alors, voit le pauvre vermisseau, mais ne voit pas l'hameçon acéré caché dans le ver. Il mord dedans, en pensant qu'il aura une bonne et appétissante petite bouchée; mais l'hameçon lui reste accroché dans la bouche ou la gorge; il est capturé et pris.
C'est ainsi que Dieu le Père procède, lui aussi; il prend son Fils unique bien-aimé; il l'accroche au cordonnet ou à la ligne des patriarches et des prophètes et le fait venir du haut du ciel dans le monde.
Le diable voit alors comme le Christ est un pauvre, un misérable ver. Satan cependant ignore que dans ce Christ est caché ceci: qu'il est Dieu éternel, tout-puissant, égal au Père, mais une autre personne. Aussi se dit-il: même si le Christ fait des miracles, je vais bien l'engloutir lui aussi, et, en pensant qu'il aura dans cet homme une appétissante petite bouchée, il commence, il dévore le Christ et l'engloutit; mais cela lui fait le même effet que l'herbe au chien. Car le Christ reste fiché dans sa gorge, et force lui est de le rendre, comme la baleine le prophète Jonas, et par cette même pâture le diable s'étrangle et se met à tort lui-même et devient captif du Christ.
M. Luther, (WA 20, 334, 8 ssq). En français:
Luther, Œuvres, t. 13, Labor et Fides, Genève, 1987.
NB: on trouve cette analogie chez st. Ambroise de Milan, st. Grégoire le Grand, Jean Damascène, etc.
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