Droit canonique et catholicité
Droit
canonique et catholicité
Quiconque annonce un autre évangile,
qu’il soit anathème! (Gal.1/8-9)
Depuis des lustres, la Foi catholique confessante (pro-testarii) a été qualifiée de christianisme périphérique. Car,
on contestait sa (prétendue) rupture flagrante avec la Tradition, au nom d’un
critère scripturaire, à la limite du gnosticisme. Or, cette fameuse Tradition,
dont on arguait, contre la Foi catholique confessante, sur quoi, en dernière
analyse, reposait-elle? Ainsi, à défaut d’une assise incontestable, on a récemment
adopté le point de vue d’un Temps des
Réformes, professant l’éclatement de l’Église latine médiévale, en deux
confessions, tridentine et protestante.
Certes, c’était, là, faire œuvre utile, d’autant que l’Augustana invariata précédait, d’une
génération, les conclusions du synode de Trente. Or, affirmer l’éclatement de
l’Église médiévale, c’est affirmer sa continuité: au nom de quel principe?
En effet, une analyse un peu fine de la situation canonique de l’Église
nous a fait découvrir qu’aucune liste officielle, canonique, des conciles
œcuméniques ne pouvait étayer cette prétention (Dupuy, p.287). Or, nulle
oecuménicité-nulle tradition- ne peut être affirmée sans réception officielle.
De sorte que, notre stupéfaction fut immense, lorsque nous constatâmes que
seule la fraction byzantine de l’Église possédait une telle liste, dans la
nomenclature détaillée du Concile in
Trullo ou Quini-sexte, de 692. De plus, cette liste
unique, même pour la dénomination orthodoxe, ne consacrait que les six premiers
conciles œcuméniques, comme autorité normative pour la foi de l’Église
chrétienne. C’en était, donc, fini, de la contestation de la catholicité de
l’Église confessante. Car, tout dans la Foi de cette Église recevait cette
liste.
Évidemment, le débat avec Rome pouvait rebondir au sujet de la
succession apostolique, manifestée par
la communauté épiscopale, comme garantie ultime de la Foi chrétienne. Or, la
fragilité d’un tel argument ne saurait résister à une appréciation
objective des données de la question.
Car, l’adjonction officielle du filioque
au Symbole de Nicée-Constantinople, en 1014, à la messe du pape de Rome, a
provoqué, latae sententiae, la
déchéance cléricale de tous les évêques
latins, ainsi que les canons des
conciles d’Éphèse (431), de Chalcédoine (451) et du troisième concile de
Constantinople (681) le précisent, sans doute possible. De sorte que, la notion de Tradition, comme critère
discriminant, ne semble plus, à toutes
fins utiles, détenir quelque fonction opératoire, dans les mains des affidés du
Saint-Siège.
Néanmoins, l’épiscopat othodoxe ne pouvait-il pas, de son côté,
contester la catholicité de la Foi confessante, au nom de la même Tradition? Ce
serait oublier que seuls les six premiers conciles œcuméniques font
officiellement autorité, ainsi que l’avait illustré la publication, au XVIIième
siècle, de la confession calvinisante de Cyrille Loukaris, Patriarche de Constantinople, de bienheureuse
mémoire. Or, rien dans l’Augustana
invariata ne heurte leur témoignage.
C’est pourquoi, il ressort de
notre propos, en dernière analyse, que seule une option, soit pour l’Écritures
seule (confessants), l’Épiscopat seul (byzantins), ou bien le pape de Rome seul (romains), puisse permettre de trancher le débat de la
catholicité, au sujet d’une Église. Or, notre prétention, c’est que l’Évangile
est l’instance suprême qui autorise une telle conclusion, puisque,
canoniquement, le concept de Tradition a
cessé de fonctionner, en tant que critère herméneutique, comme nous venons de
le démontrer. Aussi, force est
d’admettre la pleine catholicité de l’Église confessante, dont nous avons
défini, ailleurs, les contours dogmatiques…
***
Dupuy, Bernard. Art.Conciles. in. Dictionnaire de l’Histoire du Christianisme. Albin Michel.
Paris.2000. 1174p.
Athanasius
Athanasius
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