Présentation
Déclaration pour un Synode des
Églises Protestantes
(en France )
AU NOM DU PÈRE, DU FILS, ET DU SAINT ESPRIT
Reconnaissant l’Écriture sainte comme la norme
ultime de notre foi et de toute notre vie,
dans la continuité de l’Église ancienne:
I. Les Symboles œcuméniques ou universels
Nous croyons et confessons la Foi de toujours,
attestée dans l'Écriture, célébrée dans les Sacrements, condensée dans le Symbole et précisée par les
conciles, à savoir ceux de :
Nicée (325), Constantinople I (381), Éphèse
(431),
Chalcédoine (451), Constantinople II (553),
Constantinople III (681).
De la même manière, nous reconnaissons la Confession d’Augsbourg de 1530, comme 7e Œcuménique.
Cette Confession a en effet reçu l’approbation
générale des Églises et des docteurs évangéliques, lors de la Concorde de Wittenberg (1536), dont nous recevons les termes.
Nous reconnaissons du fond du cœur que ces
textes expriment la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes
(Jude 3), foi dans laquelle nous voulons vivre et mourir à la suite de nos
Pères, des Confesseurs et des Martyrs -- eux dont le monde n'était
pas digne! (Hébreux 11. 36 - 38).
Nous disons de même que l'adhésion à cette foi
est la condition sine qua non de la participation à la communion de l’Église, de sorte que quiconque rejettera
ces articles dans ses paroles, ses écrits ou ses actes, sera retranché de notre
Bienheureuse communion.
II. Des Symboles locaux ou particuliers
L’unique Symbole œcuménique (de
Nicée-Constantinople) n'a pas empêché les Églises occidentales de conserver
certains Symboles locaux --comme celui attribué aux « Apôtres ».
Pareillement, les Églises germaniques ont
employé le petit catéchisme de Martin Luther, de bienheureuse mémoire, relatif
aux « cinq points de la doctrine
chrétienne » (savoir : le Décalogue, le Credo, le Pater, le
Baptême et la Cène).
Et ces divers ouvrages Symboliques ont
toujours été considérés comme pieux et chrétiens.
D’une manière semblable, l'usage de la Confession
d'Augsbourg n'a pas empêché l’Église de Strasbourg, après la signature de
la Concorde de 1536, de faire aussi usage de sa Confession Tétrapolitaine.
Or, pour une même raison, nos Églises gallicanes ont tout à fait le droit de faire
un usage public des articles de la Confession gallicane de 1559, dite « de La Rochelle » ,
dans la mesure où ses termes sont interprétés d'une manière conforme aux
Symboles mentionnés plus haut.
+ + +
Ayant un seul Seigneur, une seule foi, un seul
baptême (Éphésiens 4. 4 - 7) et étant unis dans la même eucharistie où nous
communiquons au vrai corps et au vrai sang du Christ (1Corinthiens 10. 16 -
17), nous nous engageons, au point où nous sommes parvenus, à avancer ensemble,
dans l'unité de chaire et d'autel, selon le témoignage de l’Écriture
(Philippiens 3. 15 - 16).
Amen !
Dimanche de Pâques de l'année du Seigneur 2013.
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APOLOGIE:
Présentation de notre "Accord":
La scène
ecclésiastique, aujourd’hui illisible ou presque, n’est pas dans un état idoine
à l’édification des fidèles. Entre le libéralisme qui mine les
« anciennes » dénominations et l’enthousiasme irréfléchi de
mouvements « évangéliques », il ne semble plus y avoir beaucoup
de place pour une orthodoxie saine et irénique.
C’est donc en des
temps bien troubles que nous avons repris et affiné les termes d’un
« Accord » signé il y a 7 ans, déjà, et qui se trouve à l’origine de
ce blog.
Avant d’en examiner et
commenter le contenu, quelques mots pour ôter tout malentendu à son
sujet :
1)
Ce
document n'est pas une simple suggestion, une requête, pour ne pas dire un vœu
pieux. Il n'est pas la proposition
d'un nouveau livre Symbolique, qui aurait encore besoin de l'approbation d'une
"autorité ecclésiastique" quelconque avant de devenir applicable.
2)
A
proprement parler, il ne s'agit pas non plus d'un acte décisoire, signé de nos jours par des chrétiens s'arrogeant le
droit de constituer une liste "canonique" de façon discrétionnaire et
unilatérale (fondant ainsi quelque nouveau schisme).
Ce document est simplement un acte déclaratif, c'est-à-dire qu'il ne fait
que constater le fait qu'il existe des livres Symboliques qui, dès le XVIe
siècle, ont été reçus et ont été jugés suffisants, par
l'ensemble des Eglises protestantes (ou évangéliques) pour permettre une pleine
communion de chaire et d'autel (I).
Puis, invoquant des précédents tout à fait connus et incontestés de Symboles locaux
employés à côté de ces textes universels, notre texte en déduit la légitimité, pour les Protestants Français (comme pour
ceux de toute autre Nation) de faire également usage de leur confession
traditionnelle et historique (celle à laquelle étaient attachés leurs pères et
martyrs), savoir la confession de La Rochelle (II).
Ce faisant, ici encore, notre formule ne pose
pas un nouveau principe mais constate
un principe déjà existant et accepté, et ne fait que l'appliquer, en l'espèce, pour
la confession des Français.
Maintenant que nous avons éclairci ces
quelques points, nous pouvons voir plus en détails en quoi consiste le contenu de l'accord, et à quoi il se
réfère.
Introduction:
a) Les saintes Ecritures sont reconnues comme norme
suprême de notre foi et de toute notre
vie: ainsi, aucun aspect de notre vie personnelle ou ecclésiale ne saurait
contrevenir à la volonté de Dieu exprimée dans ses Ecritures saintes.
Cette notion de norme suprême implique la suffisance (et
la suffisante clarté) des Ecritures, sans quoi elles ne pourraient être seules
en ce degré suprême (sola scriptura).
Outre que l’existence d’un Canon (Liste & Norme) prouve par lui seul ce point et outre le fait (pourtant
décisif) que l'Ecriture témoigne d’elle-même de sa suffisance ou autorité
ultime (2Tim 3. 16, ss), les Pères de l'Eglise ont affirmé ce même article:
« Cette Ecriture, étant inspirée de Dieu, est
utile. Qui peut en douter? « Elle est utile pour instruire, pour reprendre,
pour corriger, afin que, l'homme de Dieu soit parfait et parfaitement disposé
à toutes sortes de bonnes œuvres ». — «
Utile pour instruire ». L'Écriture nous
apprendra ce que nous devons savoir, et nous laissera ignorer ce que nous
devons ignorer. Si nous avons des erreurs à réfuter, des désordres à redresser,
l'Ecriture nous fournira les principes nécessaires. Elle sera bonne aussi
pour consoler et pour encourager. « Pour corriger », c'est-à-dire que nous y
trouvons de quoi suppléer à ce qui nous manque. — « Afin que l'homme de Dieu
soit parfait ». Ainsi les Ecritures sont un encouragement au bien, destiné à
conduire l'homme à la perfection. Sans elles, on n'est point parfait. Au lieu de moi, dit saint Paul, vous aurez
la sainte Ecriture qui vous apprendra ce que vous voudrez savoir. S'il
écrivait ces choses à Timothée qui était cependant rempli du Saint-Esprit,
combien plus les écrivait-il pour nous! — « Parfaitement disposé à toutes
sortes de bonnes œuvres »: Il ne doit pas se contenter d'y prendre part, il
doit s'y exercer à la perfection. »
(St Jean Chrysostome, sur 2Timothée, Homélie IX. 1)
Au Moyen Âge encore, Thomas d’Aquin écrivait :
« Au contraire,
c’est un usage propre qu’elle fait des autorités de l’Ecriture canonique. Quant
aux autorités des autres docteurs de l’Eglise, elle en use aussi comme
arguments propres, mais d’une manière seulement probable. Cela tient au fait
que notre foi repose sur la révélation faite aux Apôtres et aux Prophètes, non
sur d’autres révélations, s’il en existe, faites à d’autres docteurs. C’est
pourquoi, écrivant à st. Jérôme, st. Augustin déclare : « Les livres des Ecritures canoniques sont
les seuls auxquels j’accorde l’honneur de croire très fermement leurs auteurs incapables
d’errer en ce qu’ils écrivent. Les autres, si je les lis, ce n’est point
parce qu’ils ont pensé une chose ou l’ont écrite que je l’estime vraie, quelque
éminents qu’ils puissent être en sainteté et en doctrine ».
(Somme théologique, I Q. 1 a8)
(Somme théologique, I Q. 1 a8)
Nous en trouvons la formulation la plus exacte et la
plus prudente, sans doute, dans les XXXIX Articles de l'Eglise d'Angleterre:
(article 6, sur la
suffisance des Ecritures) :
Cette notion de norme ultime, ou suprême, implique
aussi que cette norme, si elle est seule au sommet de la pyramide des
normes, n'exclue cependant pas des normes subordonnées ou secondaires, selon
les principes reconnus de norma normans et norma normata.
b) Nous indiquons ensuite notre continuité avec l'Eglise ancienne.
Cette continuité est triple:
1) Scripturaire: comme l'Eglise
ancienne, nous regardons à l'Ecriture comme à la norme suprême de la foi.
2) Confessionnelle: De cette norme nous
tirons le même enseignement et nous avons avec elle les mêmes dogmes.
3) Sacramentelle: Existe entre nous et
l'Eglise ancienne une continuité baptismale (par opposition aux anabaptistes
qui ont rompu ce lien fondamental (Ephésiens 4) qui nous place, non pas dans la
situation de "voleurs" ou "plagiaires" du travail précédemment
cité, mais en légitimes continuateurs.
Et puisque les dogmes de l'ancienne Eglise sont
(jugés) orthodoxes, ou conformes à l’Ecriture, nous les conservons dans les
termes où les conciles les ont formulés (Proverbes 22. 28) étant bien conscients
que toute nouvelle formulation ou tout nouveau Symbole visant à remplacer ou supprimer les anciens, outre son caractère
inutile et redondant, n'engendrerait que des querelles, des mauvais soupçons et
des schismes.
I. Les Symboles universels ou généraux:
Notre adhésion s'étend aux décisions et conclusions
dogmatiques des anciens conciles.
Les canons, ou décisions disciplinaires, sont en effet
parfois caducs et si nous ne les méprisons pas (ils peuvent être utiles), il
apparaît qu'il n'est pas délictueux ou impie de les ignorer.
En effet, l'Eglise de Rome n'a jadis pas été rejetée
de la communion de l'Eglise par le fait qu'elle n'a pas homologuée le 28e canon
du concile de Chalcédoine (quoique dans ce cas, le rejet ait abouti plus tard
à une ambition criminelle et impie (la papauté), mais cela, les pères
conciliaires suivant Chalcédoine, c'est-à-dire de Constantinople II et III, ne
le savaient pas).
C'est pourquoi nous disons croire et confesser la Foi
(fides quae creditur) des
conciles anciens, en mentionnant d'abord les six premiers.
Il ne semble pas nécessaire de passer beaucoup de
temps à prouver que la doctrine de ces six conciles, voire ces six conciles
nommément, ont été reçus par les Chrétiens Protestants.
A notre époque, le professeur et pasteur réformé
confessant Pierre Courthial, a témoigné sans difficulté du fait que:
« Il faut,
d’abord, insister sur le fait que la Reformation (Reformateurs et Confession de
Foi) a pleinement reconnu les deux dogmes trinitaire et christique affirmés par
les Six Conciles catholiques de l’Eglise ancienne selon le Texte sacré. »
(De Bible en Bible,
l’Âge d’Homme/Kerygma, 2002, Lausanne).
Ensuite, la Confession d'Augsbourg de 1530 (Invariata)
est reconnue 7e oecuménique, considérant la Concorde de 1536 qui permet d'y
rallier tous les protestants (luthériens & réformés).
N.B.: si la Confession
d'Augsbourg doit être gardée dans sa forme originale, ou Invariata (alors que
pourtant, aucun de ses signataires n'a eu de mal à approuver la Variata, même
pour des discussions officielles!), sans doute y a-t-il plus de raisons de
conserver le Symbole de 381 dans sa forme Invariata (i.e.: sans le filioque)
plutôt que d'être en scandale à certains, en violant la formule consacrée par
le concile oecuménique de Constantinople et scellée depuis.
Que la C.A. soit approuvée des ''Réformés'' est hors
de doute:
Non seulement Bucer, Capito, Myconnius, ou Calvin y
ont apporté leur soutien et accord, mais, encore après la résurgence de
querelles, les Réformés ont continué de faire mention de cette
Confession :
Ainsi, Salvard, ministre de Castres, dans son Harmonie
des confessions de foi de 1581, qui fut salué par le Synode;
Ainsi, aussi, Gaspar Laurentius, en 1612, dans son Corpus
et Syntagma Confessionum fidei , etc.
De même, pour notre époque, Pierre Courthial
reconnaissait encore que la C. A. est le document sur lequel s’est entendue toute la Réforme.
Tout ce témoignage de la foi des Pères doit donc
continuer à être approuvé universellement, principalement parce que ces
articles de foi sont orthodoxes, et, accessoirement, parce qu'il serait
illusoire et irréaliste de penser refaire ou remplacer ce qui a été formulé
durant l’Histoire chrétienne.
II. Des Symboles locaux, ou particuliers:
En nous appuyant sur au moins deux témoins dont
l'orthodoxie est indiscutée (le Symbole des Apôtres pour l'Eglise d'Occident,
le petit catéchisme d'avril 1529 pour l'Eglise germanique), nous démontrons que
les Symboles universels priment sur tout autre Symbole, mais ne les suppriment
pas nécessairement.
Et ce principe se vérifie même pour le cas de Symboles
d'abord concurrents, puisque la Confession Tétrapolitaine a continué d'être en
usage à Strasbourg, après la signature de la C.A. et de la Concorde (en 1536).
Nous en avons tiré les conclusions les plus logiques
et irréfutables, pour le cas de la France, dont la confession historique est
celle de La Rochelle (on pourrait le faire pour la Suisse avec la première
confession helvétique, en Angleterre avec les 39 articles, ou pour les autres Nations ou Régions, pourvu que la
Confession de foi ne comporte pas de développements trop longs ou rigides,
comme c'est le cas de certains textes connus qui ressemblent davantage à des
petites dogmatiques qu'à des Symboles de foi…).
Enfin, souvent, les confessions réformées ne sont pas
pareillement normatives en chacune de leur partie:
A la Faculté Jean Calvin, en France, par exemple, les
enseignants sont obligés de signer la confession de La Rochelle, mais une
réserve est faite pour ses deux derniers articles.
Dans l'Eglise réformée du Québec, qui utilise la
Confession de Westminster, on accorde une liberté de conscience aux membres sur
bon nombre d'articles, etc.
Par conséquent, nous avons agi sans trahir ni heurter
personne en affirmant un droit d'user publiquement des articles de ladite
confession sans contraindre tous les fidèles à la recevoir aussi strictement
dans son absolue totalité.
Et l'usage de ces articles doit être conforme à ceux
des textes universels, de sorte à n’être pas une entrave à ce que dit l’Eglise
universelle.
Légitimité des modalités de l’Accord:
Ce double usage se conforme donc à la tradition, qui
exige (comme y tiennent les "luthériens") un texte universellement
reconnu et qui permet (comme y sont enclins les "réformés") des
Symboles locaux.
Cela s'accorde d'autant mieux à chacun que les
réformés, d'une part, n'ont jamais prétendu écrire de texte à prétention
universelle (voir l'article consacré à ce sujet dans la Première Confession
Helvétique). On respectera donc pleinement leur œuvre en leur
reconnaissant, seulement, une dimension locale.
Or, il y a toujours eu des difficultés pour ces
Eglises de dire leur foi à toutes, car cela passait par des compilations
énormes et il existait parfois de fortes nuances entre les différentes
confessions. La référence unique et principale à la C. A. résout cette
difficulté.
D'autre part, les luthériens, malgré l'uniformité de
leurs Symboles, n'ont jamais condamné les textes locaux (et comment le
pourraient-ils, après que leur "petit catéchisme" expose la
foi sur la base du Symbole des Apôtres, soit un Symbole local?).
Cela ressort, non seulement du précédent de la
Tétrapolitaine, admise à côté de la C. A., mais aussi du fait que Luther a
approuvé la Confession Bohémienne de 1535, etc.
Enfin, aussi, une Église n'est pas tenue d'adhérer publiquement au Livre de Concorde de 1580 pour que ses membres puissent se dire "luthériens", comme en témoignent l’Église luthérienne du Danemark et celle de Norvège (qui se limitent à la Confession d'Augsbourg et au petit catéchisme --dont notre accord reconnaît le caractère pieux et chrétien).
Bref, comme il a été dit en introduction, cet
« Accord » ne pose aucun nouveau principe ni aucune nouvelle
reconnaissance de tel ou tel Symbole de foi, mais, prenant acte des principes
et des Symboles constamment reconnus, il réaffirme
ce contenu, et se trouve être, de ce fait, d’application directe.
Bucer
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