Avent 2012: Notes de lecture sur l'évangile selon st Matthieu (6)
Il ressort de nos
précédents messages que Jésus-Christ, en qui nous croyons, implique l'existence
d'un premier homme, Adam, et de son péché.
On nous dira que l'homme
descend du singe, qu'Adam n'a jamais existé et n'est qu'une légende naïve.
Nous répondons que, comme
l'a brillamment schématisé notre frère Athanasius, cet homme parfait
n'est pas plus accessible aux investigations "scientifiques" que la
dimension paradisiaque dans laquelle il
évoluait et dont il fut chassé. Inutile, donc, de chercher à prouver ou
invalider quoi que ce soit. Quant aux hypothèses darwinistes, il n'est pas dans
notre propos d'en faire l'étude ou la critique ici.
Toujours est-il que ce
premier homme, dont nous soutenons qu'il a réellement existé, malgré
l'excellence de la Grâce amissible dont il jouissait, s'est librement
révolté, à l'instigation de Satan, contre son Créateur. C'est ce que les
Eglises réformées confessent, dans les termes suivants:
1. L'homme a été créé au commencement à
l'image de Dieu. Il était orné dans son entendement de la vraie et salutaire
connaissance de son Créateur et des choses spirituelles; de justice dans sa
volonté et son cœur; de pureté dans toutes ses affections. Il a donc été
entièrement saint. Mais, s'étant détourné de Dieu sous l'inspiration du diable,
et cela de sa libre volonté, il s'est privé lui-même de ces dons excellents. A
leur place et à l'opposé, il a attiré sur lui l'aveuglement, d'horribles
ténèbres, la vanité et la perversité de son entendement, la méchanceté, la
rébellion et la dureté dans sa volonté et dans son cœur, de même que l'impureté
dans toutes ses affections.
2. Or tel qu'a été l'homme après la
Chute, tels enfants il a procréé, à savoir: lui, corrompu, des enfants
corrompus, la corruption étant dérivée, par le juste jugement de Dieu, d'Adam
sur toute sa postérité, excepté Jésus-Christ seul; et ceci non point par l'imitation
(comme les pélagiens l'ont prisé autrefois), mais par la propagation de la
nature corrompue.
3. C'est pourquoi tous les hommes sont
conçus dans le péché et naissent enfants de colère, incapables de tout bien
salutaire, enclins au mal, morts dans le péché et esclaves du péché. Et sans la
grâce de l'Esprit qui régénère, ils ne veulent ni ne peuvent retourner à Dieu,
ni corriger leur nature dépravée, ni se disposer à l'amendement de celle-ci.
(Canons de Dordrecht, III-IV, 1-3).
Ainsi, toute l'humanité a sombré, en Adam, dans les ténèbres et sous
la colère de Dieu, nul ne pouvant plaire à Dieu ou le vouloir (voir Genèse 6.
22).
De cette catastrophe, l'humanité avait besoin d'être tirée, en un
nouveau Chef, un nouvel Adam, par qui vient le Salut, comme le dit st Paul aux
corinthiens: "Comme tous meurent en
Adam, tous vivent en Christ" (1Co 15. 22).
Il est donc vrai que notre société ne veut pas entendre parler de
péché et d’autres notions pareillement contraires à la jouissance sans limite
que les hommes, dans leurs pulsions désordonnées, veulent assouvir. Mais l’Ecriture
nous parle de ces vérités et nul ne saurait trouver salut par la foi en Christ,
s’il ne se reconnaît pécheur et ne se repent, faisant siennes les paroles du
psalmiste :
« Voilà, j'ai été formé dans l'iniquité, et ma mère m'a conçu
dans le péché. » (Ps 51. 7)
Bucer
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