Lettre de Sophie à Obama...
Il est à douter qu'une fillette ait pu écrire cette lettre à Obama. De toute façon, ce n'est pas d'hier que de telles impostures existent: à preuve, cet extrait de Bloy...
"BELLUAIRES ET PORCHERS
(Léon Bloy)
LES CONFIDENCES DU RIEN
Déjà, dans la préface de La Faustin, il en avait
annoncé le projet, faisant cette chose peu ordi-
naire de quêter publiquement ce qu'il appelait
des documents humains. Il s'adressait à « ses lec-
trices de tous les pays, réclamant d'elles, en ces
heures vides de désœuvrement où le passé re-
monte en elles, dans de la tristesse ou du bon-
heur, de mettre sur du papier un peu de leur pen-
sée en train de se ressouvenir, et, cela fait, de le
jeter anonymement à l'adresse de son éditeur. »
Ce qu'il demandait à ces dames, en somme,
c'était de lui dévoiler tout bonnement « ce que
les maris et même les amants passent leur vie
à ignorer Rien que cela. C'est ainsi que M.
Edmond entend la confection du roman mo-.
derne, et ce n'est pas autrement, sans doute,
que les produits de la maison Goncourt frères et
Compagnie ont toujours été manufacturés.
En suivant la'doctrine de cette école, on peut
se mettre à vingt, cent ou même à dix mille
pour un même roman. C'est la collaboration in-
finie. Le romancier n'a plus à faire que les éti-quettes,
l'étalage et le bienheureux débit de la
marchandise. Cela s'appelle la mise en œuvre
du document laumain, expression d'un ridicule
ineffable dont M. de Goncourt réclame la pater-
nité. Que Zola s'arrange là-dessus avec lui comme
bon lui semblera. Ces gens me semblent'admi.
rablement faits pour se lacérer les intestins.
L'auteur de Chérie a donc reçu des montagnes
de lettres, entre autres, des « lettres de mères
le renseignant sur quelques cas curieux de pu.
berté précoce observés sur le corps charmant
de leurs chastes demoiselles. On devine les dé.
tails où se complaisent tantlesbas-bleus ignobles!
capables de les fournir par voie postale.
On pourrait s'amuser, si on avait beaucoup do
temps, à découper dans le roman que signe
effrontément M. de Goncourt les endroits innorn.
brables où cette occulte collaboration féminine
est évidente et saute aux yeux. Il y aurait aussi
le petit stock de fumisteries littéraires telle que
les' confidences d'une femme mariée sur la pre-
miere « visitation du désir », sur « la douceur du
premier baiser d'amour donné sur la bouche »
ou sur les premières sensations de la couche nup-
tiale, confidences écrites,
vraisemblablement,
sur une table de brasserie par
quelque crasseux
«bohème en joviale humeur."
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