Sur la relation entre le discours du Christ en Jean 6 et l'eucharistie
L'article ci-dessous n'est pas destiné à créer des polémiques stériles ou à offenser certaines personnes, mais à présenter une réflexion sur un point qui nous parait capital lorsque l'on veut appréhender les diverses compréhensions de la Cène.
Il s'agit de la relation entre le discours sur le pain de vie (Jean 6. 22-66) et les paroles d'institution du sacrement (Matthieu 26. 26-28).
I. Deux thèses radicalement opposées:
Catholicisme romain et Luthéranisme.
Il n'est pas inintéressant de noter que chez les partisans de la papauté, l'intérêt de la "présence réelle" se trouve dans le discours du Christ en Jean 6 (A).
C'est tout le contraire chez les luthériens, qui défendent la "présence réelle" mais qui ne recourent pas au discours du Seigneur pour en expliquer l'intérêt ou la raison (B).
A) Thèse romaine
Certains soutiennent que le Christ, dans son discours sur le pain de vie, aurait parlé du Sacrement qu'il allait instituer et, par conséquent, de la nécessité d'y participer (1) ou d'en avoir, au moins, le désir explicite (2).
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(1): Alors, la manducation sacramentelle est la participation réelle au corps du Christ et est nécessaire au salut. Voir: Catéchisme de l'Eglise Catholique, § 1384.
(2): En faisant du Sacrement le "centre de gravité" de notre participation au corps du Christ, "l'Eglise" romaine en arrive à dire que: "la communion spirituelle ( = celle qui se fait en dehors du sacrement) exige essentiellement le désir explicite de s'unir à Jésus-Christ sacramentellement. Ce désir suppose donc la foi à l'eucharistie et comme il a été dit il doit être accompagné de la charité". (H. MOUREAU, "Communion spirituelle" in Dictionnaire de Théologie Catholique, col. 572-574.)
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B) Thèse Luthérienne
Au contraire, d'autres affirment que dans le discours de Jean 6 "pas une seule syllabe ne concerne le Sacrement" (1).
Ils soutiennent que, dans ce passage, Jésus ne traite que de la "manducation spirituelle", laquelle ne consiste pas (comme dans la thèse précédente) à vouloir participer au sacrement eucharistique ou à "croire à lui" mais simplement à croire en Jésus-Christ et recevoir les bienfaits qu'il nous a acquis en sa chair et son sang (2).
Outre cette manducation spirituelle qui se fait par la foi et qui est nécessaire au salut il y aurait selon eux une autre manière de manger la chair du Christ, consistant en une "manducation orale ou sacramentelle" et qui ferait de nous des participants non du seul Esprit du Christ, mais vraiment aussi de son Corps; mais cette manducation sacramentelle ne serait pas nécessaire au salut (3).
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(1): Martin LUTHER, De la captivité Babylonienne de l'Eglise, 1521.
(2): Livre de Concorde, § 1049.
(3): Livre de Concorde, §§ 1050 & 195; voir aussi: M. LUTHER, De la captivité Babylonienne de l'Eglise.
II. Notre réponse aux deux thèses précédentes:
Nous sommes d'accord avec "l'Eglise" romaine pour dire qu'il existe un lien entre le discours du Christ et le sacrement, mais nous croyons qu'elle a tort d'y voir un lien direct et exclusif (A).
Nous approuvons en cela, jusqu'à un certain point, le discours [luthérien] selon lequel la manducation salutaire du corps du Christ n'est pas réduite ou enclore au sacrement puisqu'elle se fait par la foi en l'Evangile (B).
A) Au sujet de la première thèse
Notre position:
Lorsque, dans son discours, Jésus nous ordonne de croire en Lui qui est le pain de vie (6. 35) c'est en raison du fait que, par cette foi, il advient que nous sommes nourris de Lui (6. 50).
Démonstration:
Car si manger était ici une action ne résultant pas nécessairement de celle de croire, si "manger" était à prendre ici exclusivement au sens littéral et renvoyait [donc nécessairement] au sacrement, il nous faudrait désavouer le Christ:
Ou bien lorsqu'il nous dit que croire en Lui est nécessaire et suffisant pour le salut (6. 47-48),
Ou bien lorsqu'il dit que le manger est nécessaire et suffisant pour ce même salut (6. 53).
Mais puisque nous ne pouvons pas désavouer le Christ, nous devons admettre qu'en croyant nous mangeons sa chair, que cette manducation est celle de la foi, par la foi, et qu'il n'en existe aucune autre de salutaire.
Conséquence:
Il est donc indubitable que, même si ce discours nous explique ce qui se fait dans la Cène, ce discours ne nous parle cependant pas spécialement du sacrement, ou de la nécessité d'y prendre part, mais qu'il nous parle du Christ et de la nécessité de croire en Lui (1).
Le regard et la foi du fidèle ne doivent donc pas être déplacés ou transportés du Christ au sacrement. Et si les tenants de la première thèse veulent arguer que ce déplacement se justifie par le fait que la Cène est le lieu où le Christ est présent afin que nous ayons avec lui une véritable communication, il suffit de répondre que si le Christ est bien présent dans la Cène il n'en est pas moins présenté dans l'Evangile de sorte que c'est toujours Lui que la foi saisit et reçoit, dans le sacrement comme en dehors, de sorte qu'on ne saurait substituer le sacrement au Seigneur sans constituer une idole.
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(1): Ce n'est pas sans cause que les verbes manger et croire sont ici liés: la foi est la bouche par laquelle notre âme reçoit la chair et le sang du Christ, comme un aliment et un breuvage. La foi est ce par quoi Christ habite en nous (Éphésiens 3. 17) et nous communique ses biens. Par ailleurs, nous trouvons en Jean 6 deux verbes pour désigner l'action de "manger":
phagè (φάγῃ) [au verset 51] et trogon (τρώγων) [V. 54, 56, 58] qui est plus concret (il désigne le fait de mâcher qqch, comme en Jean 13. 18 ou Matthieu 24. 38).
Alors, l'équivalence entre ce que nous avons par la foi tant dans le sacrement que par l’Évangile nous semble difficile à récuser.
B) Au sujet de la deuxième thèse
Notre position:
Lorsque nous considérons la Cène, nous ne devons pas isoler les passages qui parlent explicitement de cette célébration [Matthieu 26. 26-29; Marc 14. 22-25; Luc 22. 19-20; 1Corinthiens 10. 16, ss; 1Corinthiens 11. 17-34] ou en faire une manducation du corps du Christ autre que la manducation qui nous est indiquée en Jean 6. Au contraire, considérer Jean 6.22-66 est utile pour comprendre ce qui est fait dans la Cène et la comprendre à sa juste valeur.
Démonstration:
Par la volonté de Dieu, ni les Apôtres ni nous-mêmes n'avons jamais assisté à la célébration de l'eucharistie avec un esprit vide de toute prédication sur la manducation qu'il nous faut faire de la chair et du sang du Seigneur.
Se borner à faire semblant de n'avoir rien entendu (du discours de Jean 6) pour s'efforcer d'isoler les propos de tel ou tel autre passage (comme s'il n'y avait rien à en comprendre) cela revient à se couper de l'enseignement que le Seigneur a jugé indispensable de nous donner avant l'institution de ce sacrement (1). Or, comme nous ne pouvons pas nier que Jésus a voulu nous instruire, non pas sur "une" mais sur LA manducation de son corps et de son sang;
que nous ne pouvons pas nier non plus que cette instruction est explicitement donnée en ce discours (Jn 6) -- ainsi que les Pères de l’Église s'accordent à le dire;
il nous faut par conséquent considérer ce discours comme se rapportant exactement au même mystère que celui célébré dans la Cène.
Et il serait artificiel, pour se dégager, de dire que: autre est la participation à la chair du Christ dans le sacrement, autre est celle que nous avons à elle en dehors du sacrement, la première: réelle mais superficielle au salut et seulement potentiellement salutaire;
la seconde: indispensable au salut et toujours bénéfique mais imaginaire et/ou en seule pensée et n'unissant, en définitive, qu'à l'Esprit du Seigneur, etc.
Car de telles dissections de l’Écriture séparent et compliquent sans raison des passages traitant pourtant, clairement et simplement, d'un même sujet, à savoir: la manducation salutaire et incompréhensible qui est faite, par la foi, de la chair vivifiante du Christ.
Conséquence:
Le Sauveur affirme que, lorsque nous croyons en lui, nous sommes nourris et abreuvés de sa chair et de son sang et que cette manducation, qui est un grand mystère, est salvatrice (Jn 6. 53-54).
Par cela, il advient en effet que d'une manière incompréhensible et surnaturelle, le Christ habite en nous et que nos corps mêmes sont ensemencés de sa Vie, ainsi que l'écrivait st Cyrille:
Une étincelle, cachée dans un tas de paille, conserve la semence du feu; ainsi Notre-Seigneur, par sa chair cache la vie en nous et l'y conserve comme un germe d'immortalité. (2)
Or, la foi saisit le Christ en sa chair et en son sang, pour que notre être tout entier s'en repaisse et abreuve, étant entendu que ce Christ et ses bienfaits ne sont pas seulement présents pour la foi dans le seul sacrement, mais aussi, qu'il est présenté à la foi dans la Parole de Dieu, nourriture de l'âme (Matthieu 4. 4).
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(1): La Formule de Concorde, dans sa Préface, déclare quant à elle que: "(...) les chrétiens ne doivent se référer dans la discussion sur la Cène du Seigneur à rien d'autre qu'au seul fondement, à savoir les Paroles d'institution du Testament du Christ (...)"
(2): P.G. 73, 581 B, C et Pusey, In Joan., t.I, p.553, 5; cf. P.G. 74, 344 B.
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CONCLUSION:
Il nous apparaît correct de dire avec Calvin que:
"la cène n'est autre chose que la confirmation de ce qui nous est récité au sixième chapitre de st Jean, à savoir que Jésus Christ est le pain de vie qui est descendu du ciel" (1)
Il existe donc bien un lien entre les deux, si bien que Jean 6 est un ferme appui pour méditer sur le sacrement.
Néanmoins ce lien ne consiste pas en ce que Christ, par ses paroles, nous conduirait au sacrement, mais plutôt en ce que Christ, tant par ses paroles que par le Sacrement, veut tourner à Lui seul nos regards et nous assurer du salut qu'il nous a acquis.
Dire cela, ce n'est pas nier la véritable communication au corps et sang du Christ que nous avons dans la Cène (2), comme en son lieu solennel et privilégié; ce n'est pas non plus nier que le corps et le sang sont présents avec le pain et le vin (3):
mais que par la foi en l’Évangile, nous avons ce bien salutaire même en dehors de la célébration de la Cène (chose qui ne pourrait être niée qu'en rejetant le Sola Fide).
Buceian
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(1): Institution de la Religion Chrétienne: IV, 17. 14.
(2): Contrairement à ce que semblent concevoir les luthériens, dans le Livre de Concorde (§ 1032).
(3): Nous nous référons ici à la Confession d'Augsbourg Inaltérée de juin 1530, dans sa version Latine (la seule à avoir vocation œcuménique). Cet article déclare que:
"Au sujet de la Cène du Seigneur, elles enseignent que le corps et le sang du Christ sont réellement présents dans le repas du Seigneur, et qu’ils sont réellement distribués à ceux qui s’en nourrissent ; et elles réprouvent ceux qui enseignent autrement."
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B) Thèse Luthérienne
Au contraire, d'autres affirment que dans le discours de Jean 6 "pas une seule syllabe ne concerne le Sacrement" (1).
Ils soutiennent que, dans ce passage, Jésus ne traite que de la "manducation spirituelle", laquelle ne consiste pas (comme dans la thèse précédente) à vouloir participer au sacrement eucharistique ou à "croire à lui" mais simplement à croire en Jésus-Christ et recevoir les bienfaits qu'il nous a acquis en sa chair et son sang (2).
Outre cette manducation spirituelle qui se fait par la foi et qui est nécessaire au salut il y aurait selon eux une autre manière de manger la chair du Christ, consistant en une "manducation orale ou sacramentelle" et qui ferait de nous des participants non du seul Esprit du Christ, mais vraiment aussi de son Corps; mais cette manducation sacramentelle ne serait pas nécessaire au salut (3).
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(1): Martin LUTHER, De la captivité Babylonienne de l'Eglise, 1521.
(2): Livre de Concorde, § 1049.
(3): Livre de Concorde, §§ 1050 & 195; voir aussi: M. LUTHER, De la captivité Babylonienne de l'Eglise.
II. Notre réponse aux deux thèses précédentes:
Nous sommes d'accord avec "l'Eglise" romaine pour dire qu'il existe un lien entre le discours du Christ et le sacrement, mais nous croyons qu'elle a tort d'y voir un lien direct et exclusif (A).
Nous approuvons en cela, jusqu'à un certain point, le discours [luthérien] selon lequel la manducation salutaire du corps du Christ n'est pas réduite ou enclore au sacrement puisqu'elle se fait par la foi en l'Evangile (B).
A) Au sujet de la première thèse
Notre position:
Lorsque, dans son discours, Jésus nous ordonne de croire en Lui qui est le pain de vie (6. 35) c'est en raison du fait que, par cette foi, il advient que nous sommes nourris de Lui (6. 50).
Démonstration:
Car si manger était ici une action ne résultant pas nécessairement de celle de croire, si "manger" était à prendre ici exclusivement au sens littéral et renvoyait [donc nécessairement] au sacrement, il nous faudrait désavouer le Christ:
Ou bien lorsqu'il nous dit que croire en Lui est nécessaire et suffisant pour le salut (6. 47-48),
Ou bien lorsqu'il dit que le manger est nécessaire et suffisant pour ce même salut (6. 53).
Mais puisque nous ne pouvons pas désavouer le Christ, nous devons admettre qu'en croyant nous mangeons sa chair, que cette manducation est celle de la foi, par la foi, et qu'il n'en existe aucune autre de salutaire.
Conséquence:
Il est donc indubitable que, même si ce discours nous explique ce qui se fait dans la Cène, ce discours ne nous parle cependant pas spécialement du sacrement, ou de la nécessité d'y prendre part, mais qu'il nous parle du Christ et de la nécessité de croire en Lui (1).
Le regard et la foi du fidèle ne doivent donc pas être déplacés ou transportés du Christ au sacrement. Et si les tenants de la première thèse veulent arguer que ce déplacement se justifie par le fait que la Cène est le lieu où le Christ est présent afin que nous ayons avec lui une véritable communication, il suffit de répondre que si le Christ est bien présent dans la Cène il n'en est pas moins présenté dans l'Evangile de sorte que c'est toujours Lui que la foi saisit et reçoit, dans le sacrement comme en dehors, de sorte qu'on ne saurait substituer le sacrement au Seigneur sans constituer une idole.
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(1): Ce n'est pas sans cause que les verbes manger et croire sont ici liés: la foi est la bouche par laquelle notre âme reçoit la chair et le sang du Christ, comme un aliment et un breuvage. La foi est ce par quoi Christ habite en nous (Éphésiens 3. 17) et nous communique ses biens. Par ailleurs, nous trouvons en Jean 6 deux verbes pour désigner l'action de "manger":
phagè (φάγῃ) [au verset 51] et trogon (τρώγων) [V. 54, 56, 58] qui est plus concret (il désigne le fait de mâcher qqch, comme en Jean 13. 18 ou Matthieu 24. 38).
Alors, l'équivalence entre ce que nous avons par la foi tant dans le sacrement que par l’Évangile nous semble difficile à récuser.
B) Au sujet de la deuxième thèse
Notre position:
Lorsque nous considérons la Cène, nous ne devons pas isoler les passages qui parlent explicitement de cette célébration [Matthieu 26. 26-29; Marc 14. 22-25; Luc 22. 19-20; 1Corinthiens 10. 16, ss; 1Corinthiens 11. 17-34] ou en faire une manducation du corps du Christ autre que la manducation qui nous est indiquée en Jean 6. Au contraire, considérer Jean 6.22-66 est utile pour comprendre ce qui est fait dans la Cène et la comprendre à sa juste valeur.
Démonstration:
Par la volonté de Dieu, ni les Apôtres ni nous-mêmes n'avons jamais assisté à la célébration de l'eucharistie avec un esprit vide de toute prédication sur la manducation qu'il nous faut faire de la chair et du sang du Seigneur.
Se borner à faire semblant de n'avoir rien entendu (du discours de Jean 6) pour s'efforcer d'isoler les propos de tel ou tel autre passage (comme s'il n'y avait rien à en comprendre) cela revient à se couper de l'enseignement que le Seigneur a jugé indispensable de nous donner avant l'institution de ce sacrement (1). Or, comme nous ne pouvons pas nier que Jésus a voulu nous instruire, non pas sur "une" mais sur LA manducation de son corps et de son sang;
que nous ne pouvons pas nier non plus que cette instruction est explicitement donnée en ce discours (Jn 6) -- ainsi que les Pères de l’Église s'accordent à le dire;
il nous faut par conséquent considérer ce discours comme se rapportant exactement au même mystère que celui célébré dans la Cène.
Et il serait artificiel, pour se dégager, de dire que: autre est la participation à la chair du Christ dans le sacrement, autre est celle que nous avons à elle en dehors du sacrement, la première: réelle mais superficielle au salut et seulement potentiellement salutaire;
la seconde: indispensable au salut et toujours bénéfique mais imaginaire et/ou en seule pensée et n'unissant, en définitive, qu'à l'Esprit du Seigneur, etc.
Car de telles dissections de l’Écriture séparent et compliquent sans raison des passages traitant pourtant, clairement et simplement, d'un même sujet, à savoir: la manducation salutaire et incompréhensible qui est faite, par la foi, de la chair vivifiante du Christ.
Conséquence:
Le Sauveur affirme que, lorsque nous croyons en lui, nous sommes nourris et abreuvés de sa chair et de son sang et que cette manducation, qui est un grand mystère, est salvatrice (Jn 6. 53-54).
Par cela, il advient en effet que d'une manière incompréhensible et surnaturelle, le Christ habite en nous et que nos corps mêmes sont ensemencés de sa Vie, ainsi que l'écrivait st Cyrille:
Une étincelle, cachée dans un tas de paille, conserve la semence du feu; ainsi Notre-Seigneur, par sa chair cache la vie en nous et l'y conserve comme un germe d'immortalité. (2)
Or, la foi saisit le Christ en sa chair et en son sang, pour que notre être tout entier s'en repaisse et abreuve, étant entendu que ce Christ et ses bienfaits ne sont pas seulement présents pour la foi dans le seul sacrement, mais aussi, qu'il est présenté à la foi dans la Parole de Dieu, nourriture de l'âme (Matthieu 4. 4).
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(1): La Formule de Concorde, dans sa Préface, déclare quant à elle que: "(...) les chrétiens ne doivent se référer dans la discussion sur la Cène du Seigneur à rien d'autre qu'au seul fondement, à savoir les Paroles d'institution du Testament du Christ (...)"
(2): P.G. 73, 581 B, C et Pusey, In Joan., t.I, p.553, 5; cf. P.G. 74, 344 B.
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CONCLUSION:
Il nous apparaît correct de dire avec Calvin que:
"la cène n'est autre chose que la confirmation de ce qui nous est récité au sixième chapitre de st Jean, à savoir que Jésus Christ est le pain de vie qui est descendu du ciel" (1)
Il existe donc bien un lien entre les deux, si bien que Jean 6 est un ferme appui pour méditer sur le sacrement.
Néanmoins ce lien ne consiste pas en ce que Christ, par ses paroles, nous conduirait au sacrement, mais plutôt en ce que Christ, tant par ses paroles que par le Sacrement, veut tourner à Lui seul nos regards et nous assurer du salut qu'il nous a acquis.
Dire cela, ce n'est pas nier la véritable communication au corps et sang du Christ que nous avons dans la Cène (2), comme en son lieu solennel et privilégié; ce n'est pas non plus nier que le corps et le sang sont présents avec le pain et le vin (3):
mais que par la foi en l’Évangile, nous avons ce bien salutaire même en dehors de la célébration de la Cène (chose qui ne pourrait être niée qu'en rejetant le Sola Fide).
Buceian
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(1): Institution de la Religion Chrétienne: IV, 17. 14.
(2): Contrairement à ce que semblent concevoir les luthériens, dans le Livre de Concorde (§ 1032).
(3): Nous nous référons ici à la Confession d'Augsbourg Inaltérée de juin 1530, dans sa version Latine (la seule à avoir vocation œcuménique). Cet article déclare que:
"Au sujet de la Cène du Seigneur, elles enseignent que le corps et le sang du Christ sont réellement présents dans le repas du Seigneur, et qu’ils sont réellement distribués à ceux qui s’en nourrissent ; et elles réprouvent ceux qui enseignent autrement."
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