Danger de "l'évangile" de la prospérité

 


Le pseudo-évangile de la prospérité séduit beaucoup de gens peu affermis et surtout peu désireux de porter leur croix (Matthieu 16: 24).
J'avais écrit une petite série à l'attention de ses adeptes, mais je dois confesser que cette série était bien trop naïve et restait encore à la surface des choses; car je voulais alors supposer des interlocuteurs ayant un fond orthodoxe, égarés "seulement" sur la nature et l'ordre d'application des bénéfices de la Croix.
Mais au-delà de l'égarement moral que constitue l'idée d'une foi-distributeur de dollars, force est de constater que le discours prospéritiste porte, en amont, une attaque frontale contre le tout premier dogme de la foi chrétienne : Nous croyons en un seul Dieu, le Père tout-puissant.

Dans notre foi, il n'y a en effet qu'un seul Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. Satan ne peut lui-même rien faire sans la permission de ce seul vrai Dieu - ainsi que nous le voyons dans le début de l'histoire de Job, par exemple. En écoutant les prospéritistes, on devine qu'ils ne croient pas cela. Les prospéritistes estiment au contraire qu'il n'y a ici-bas, depuis la Chute,  qu'un dieu : Satan. Satan serait le "dieu de ce monde" (cf. 2 Co 4: 4) non pas au sens où il exercerait un empire moral sans partage sur le cœur des hommes déchus (et ruinerait ainsi leur précieux libre-arbitre), mais au sens où il ferait extérieurement la pluie et le beau temps dans l'univers : il serait en quelque sorte au contrôle de la providence, décrétant, hors de tout contrôle, qui va être malade, qui va être pauvre - et pourquoi pas: qui va mourir, quand et comment.
Inutile de souligner combien ce renversement est contraire à la foi bi-millénaire et aux Écritures sur lesquelles repose cette foi.

Mais ça ne s'arrête pas là! En écoutant les faux-prophètes prospéritistes, on découvre une autre divinité nommée "lois spirituelles". On aurait tort de croire que cela désigne le Décalogue, car il s'agit en réalité du système ésotérique de la "pensée positive" et de la "loi de l'attraction" (rien à voir avec Isaac Newton) saupoudré d'un vocable chrétien. Il y aurait ainsi des "lois spirituelles" (pouvoir créateur de nos paroles, de nos certitudes, etc.), avec leur lot de conséquences (liens ancestraux, retour sur investissement de la dîme, etc.) fonctionnant ex opere operato, auxquelles Dieu lui-même serait subordonné et dont il se contenterait en définitive (tel un Prométhée) de nous dévoiler le fonctionnement.
Une fois devenus des maîtres dans la manipulation de ces "lois spirituelles" (dans Star Wars, on appelle ça "la Force") vous pourriez devenir calife à la place du calife (ou, si vous préférez: dieu à la place de Satan). Le profit de toute cette gnose serait en tout cas de pouvoir "débloquer votre destinée" (sic), obtenir des promotions, se "libérer financièrement", ne plus jamais être malade, etc. avec en prime: aller au Paradis.

Un tel système est évidemment intolérable. Non seulement parce qu'il retire aux fidèles la paix et la patience dans l'épreuve (celle-ci, se réduisant à un complot satanique, ne saurait rien renfermer ni produire de bénéfique); non seulement aussi parce qu'il transforme la foi et sa confession en magie, en superstition et en pseudo-science, mais aussi et surtout parce qu'il nie la gloire et la souveraineté du seul vrai Dieu - retournant ainsi à la folie dont l’Écriture entend nous retirer:

Après le temps marqué, moi, Nebucadnetsar, je levai les yeux vers le ciel, et la raison me revint. J'ai béni le Très Haut, j'ai loué et glorifié celui qui vit éternellement, celui dont la domination est une domination éternelle, et dont le règne subsiste de génération en génération. Tous les habitants de la terre ne sont à ses yeux que néant: il agit comme il lui plaît avec l'armée des cieux et avec les habitants de la terre, et il n'y a personne qui résiste à sa main et qui lui dise: Que fais-tu? (Daniel 4: 34-35).

Bucerian

 

Commentaires

Anonyme a dit…
La fatalité veut que quiconque ignore le témoignage universel du sacerdoce des baptisés soit contraint de répéter les mêmes erreurs que l'Église a combattues: en l'occurrence, le manichéisme, mâtiné de gnose. Pourtant, saint Irénée a tiré son plus grand titre de gloire à réfuter ces inepties, dès le second siècle de notre ère... De sorte qu'il serait grand temps de revenir au "juxta scriptura", en lieu et place d'un "sola scriptura" sans repères ni frontières...

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