Les fils du purgatoire éternel

Jean Tetzel, prédicateur dominicain.

 

La secte des dominicains a récemment publié un tract intitulé "Martin Luther : l'anti-saint". Ce feuillet, dont la qualité rivalise quasiment avec celle des pages de La Tour de Garde, consiste en un salmigondis de citations destinées à persuader le lecteur que la "doctrine inventée par Luther" (= la justification par la foi seule) serait le fruit d'une âme dévoyée, et qu'elle conduirait au... terrorisme (sic).

A l'heure des fatwas, nul doute que nos braves dominicains doivent actuellement s’inquiéter des conséquences que pourrait entraîner leur intrépide dénonciation du terrorisme protestant ; nous tenons donc avant tout, sur ce blog pourtant radical, à les rassurer: nous ne leur en voulons pas.
Pour tout dire, nous tenons même à les remercier pour leur feuillet ; non pas parce qu'il nous fournirait l'occasion - si nous le voulions - de décrire à notre tour les "bonnes œuvres" et la haute "sainteté" par lesquelles Rome s'est toujours illustrée (c'est-à-dire, depuis le recel et la mutilation de cadavre jusqu'aux innombrables viols d'enfants, en passant par des entreprises génocidaires : les œuvres du diable lui-même !), mais parce que leur attaque ad hominem contre Luther est un formidable aveu de leur impuissance à combattre la doctrine des Églises protestantes (I) autant qu'une confirmation du bien-fondé des mises en garde que nous adressons régulièrement à nos coreligionnaires (II).


I. Incapacité papiste à réfuter la doctrine protestante

 "En premier lieu, je vous prie de vouloir laisser de côté mon nom, et de ne pas vous appeler luthériens, mais chrétiens. Qu'est-ce que Luther ? Ma doctrine ne vient pas de moi" (Mémoires de Luther).

Si la doctrine chrétienne repose exclusivement sur les Écritures saintes (*), l’Église n'a pas moins rendu un témoignage solennel à cette doctrine [c'est-à-dire : à la Personne et à l’œuvre de Jésus-Christ], dans son Credo.
Injustement accusées de trahir cette foi immuable, les Églises protestantes ont ensuite produit leur apologie dans la Confession d'Augsbourg.
Martin Luther n'étant donc ni la foi, ni la confession de foi de nos Églises, quiconque prétend condamner le protestantisme doit prouver ses accusations à partir de la Confession et Apologie d'Augsbourg.
Voyons alors si les accusations selon lesquelles la doctrine protestante consisterait en une "capitulation face au péché", correspondent à ce qu'enseigne le protestantisme. S'il est vrai qu'il ressort de la Confession d'Augsbourg que seule la foi en Christ justifie le pécheur (article 4), il n'apparaît pas moins certain que cette foi qui justifie n'est jamais seule. Ainsi,Confession d'Augsbourg, article 6 :
"... nos Églises enseignent que cette foi doit produire de bons fruits, et qu'il faut faire les bonnes œuvres que Dieu a commandées, pour obéir à sa volonté..." De même, à l'article 12 :
"La foi doit être suivie de bonnes œuvres, qui sont les fruits de la repentance."
Est-ce là ce qu'on appelle "capituler face au péché" ? Ceux qui le soutiennent ont manifestement capitulé face au péché de calomnie.


II. Incapacité papiste à se tenir dans la vérité


Ce que les condisciples du dominicain Jean Tetzel abhorrent en Luther, ce n'est ni le pécheur ni, hélas, ses péchés. C'est qu'il a cru ce dogme : "le pardon des péchés", et que cela lui a ouvert les portes du Ciel - des portes qui resteront éternellement fermées à l'orgueil de ceux qui auront prétendu gagner leur salut. En d'autres termes, ce que les sectateurs de Rome haïssent, c'est en définitive l’Évangile : 

... si Abraham a été justifié par les œuvres, il a sujet de se glorifier, mais non pas devant Dieu. Car que dit l'Écriture? Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice. Or, le salaire de celui qui travaille, est regardé, non comme une grâce, mais comme une dette. Mais pour celui qui ne travaille point, mais qui croit en celui qui justifie le pécheur, sa foi lui est imputée à justice. C'est ainsi que David exprime le bonheur de l'homme à qui Dieu impute la justice sans les œuvres: Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées, et les péchés couverts! Heureux l'homme à qui le Seigneur n'imputera point le péché ! (épître de st Paul aux Romains, 4: 2-8).

La question qui se pose à présent est donc de savoir si cette détestation de la vérité est contingente ou structurelle, à Rome.
A l'heure où le monde découvre, stupéfait, le "retour du tragique" dans l'histoire (la constance de certaines logiques, et de leurs funestes conséquences), les croyants - et surtout les pasteurs - qui ont été grisés par la version ecclésiastique du mirage de la fin de l'histoire (l’œcuménisme) feraient bien d'ouvrir les yeux sur la nature de leurs prétendus partenaires de confiance...


Bucerian


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(*) Cet axiome a toujours été affirmé dans l’Église. Cf. : St Irénée de Lyon, Contre les Hérésies 3. 1-1. St Athanase d'Alexandrie, Lettre Festale 39: 6-7. St Cyrille de Jérusalem, Catéchèses baptismales, IV, 17.

Commentaires

Anonyme a dit…
La calomnie dominicaine repose sur l'ignorance de son auditoire. Car, la confession d'Augsbourg se contente d'enseigner le SENS de l'article baptismal du Credo, conformément aux Écritures. Or, puisqu'il n'y a qu'un seul baptême pour la rémission des péchés de toute la vie, alors ce n'est pas le geste ni l'institution baptismale mais la foi SEULE en l'Évangile baptismal, SELON une démarche de repentance, qui sauve, sous peine de nicolaïsme ou de novatianisme.

De sorte que, la rage de cette engeance tient surtout au fait que le salut chrétien soit libéré des chaînes de leur institution humaine, annihilant toute source de revenus pour eux. En effet, la parole et l'Esprit Saint sont libres, d'après II Tim.2/9 et Jn.3/8. C'est pourquoi, la sainteté, dont on accuse les protestants de n'avoir cure, n'a pas l'Éternel mais Mammon pour dieu. Elle n'est pas pureté mais zèle pécuniaire au profit du clergé...
Anonyme a dit…
Regardez le tract sur les Témoins de Jéhovah. Ces pauvres dominicaïns n'y sont même pas capables de défendre la divinité du Christ ; ils se contentent de cette controverse comme d'un prétexte pour attaquer... Luther ; et pour souligner l'importance de la croyance (contemporaine de celle des TJ : 1870 après Jésus-Christ) au pape de Rome.
Domus a dit…
L’indigence de ce tract révèle à l’évidence la très grosse fatigue que ses auteurs ont éprouvée pour le concevoir. D’abord, il leur a fallu réunir une somme considérable de documents, activité harassante qui a eu pour conséquence immédiate de plonger ces pauvres dominicains dans un épuisement cérébral indéniable. Ensuite, il est visible que la très haute inspiration de leurs commentaires n’a pu être obtenue qu’à la suite d’efforts si soutenus que le surmenage intellectuel qui s’en est suivi a fini d’épuiser les dernières forces qu’il leur restait. On imagine alors que des prières de détresse ont dû être formulées pour pouvoir terminer l’ouvrage et que c’est très certainement vers sainte Rita, la spécialiste des situations désespérées, qu’ils se sont tournés...
Le résultat de cette singulière entreprise est ce tract, monument ahurissant de la pensée dominicaine, avec sa mise en garde stupéfiante : Martin Luther est, selon leurs dires, un vrai danger public ! Nous tenons à les rassurer en leur disant que nous allons survivre à cette nouvelle, qu’en effet nous ne leur en voulons pas et même que nous éprouvons à leur égard une compassion certaine car ce n’est pas le labeur digne de l’Inquisition auquel ils se sont astreints qui va réduire en quoi que ce soit leur misère déjà immense.

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